Suite au débat réalisé par Médiapart entre F.Hollande et T.Piketty sur la fiscalité, l'attitude de F.Hollande me semble être très intéressante à observer en tant que représentant de la classe politique ordinaire. Le cadre du débat permet de faire ressortir certains traits qui sont moins visibles dans les interviews/spectacles aseptisées que nous servent habituellement les médias.
http://www.mediapart.fr/journal/france/270111/hollande-piketty-confrontation-sur-la-revolution-fiscale
Le cadre feutré et la confrontation avec un intellectuel qui n'est pas un concurrent potentiel devrait permettre, à priori, un débat clair sur le projet de

F.Hollande. Je dis à priori car en visionnant le débat force est de constater que si les idées de T.Piketty sont limpides et immédiatement saisissables, il n'en est pas de même du projet de F.Hollande qui reste flou pour ne pas dire inconsistant. Dommage que le candidat à la candidature soit le moins compréhensible des deux...
En effet lorsque T.Piketty tente de comprendre honnêtement le contenu de l'impôt voulu par F.Hollande, ce dernier use d'une ficelle classique chez les politiques en difficulté : l'agressivité. Il prend le ton sec et hautain de celui qui n'aime pas être obligé d'énnoncer une évidence. Ceci dans le but de déstabiliser l'adversaire en tentant de le faire passer pour un imbécile, quelqu'un qui ne comprend pas des choses pourtant d'une simplicité enfantine.
Il faut l'avouer F.Hollande est un homme politique rompu aux débats classiques creux entre politiques, un vieux briscard qui connaît les tours de passe-passe pour garder la face, un cador de la langue de bois en somme. Il est en cela parfaitement représentatif de la classe politique actuelle. S'il avait été face à un de ses "confrères", nul doute que l'un et l'autre auraient défendu sa boutique respective avec pourcentages et chiffres invérifiables à l'appui permettant de donner l'illusion à chacun d'avoir remporter la partie.
Cependant il est face à un intellectuel qui tente de comprendre son programme et non de le piéger, et bizarrement c'est comme cela que F.Hollande est le plus en difficulté.

Au départ les arguments de F.Hollande semblent tenir la route et l'on est en droit de penser que l'on va assister à un vrai débat. Or on déchante rapidement car la pseudo-complexité utilisée dans l'argumentation de F.Hollande sert un seul but : masquer l'absence de propositions concrètes en donnant l'illusion d'une subtilité inaccessible au simple citoyen. Malheureusement pour Hollande il est face à un spécialiste français de la fiscalité, du coup lorsque que ce dernier lui demande de sortir des généralités qui font pourtant belle figure sur un tract (par exemple il faut un impôt juste) et tente honnêtement de saisir le programme fiscal proposé par Hollande et bien Piketty ne comprend rien.
Cela a de quoi rassurer le simple citoyen. Si l'un des plus éminents chercheurs sur la fiscalité ne parvient pas à comprendre le projet fiscal de F.Hollande je ne vois que trois solutions : soit Hollande est un génie de la fiscalité, soit il a de grave problème d'élocution et ne parvient pas à se faire comprendre, soit il masque son absence de projet fiscal par une argumentation confuse donnant l'illusion d'une intelligence supérieure.
F.Hollande étant un prince de la langue de bois je pencherais volontiers pour la 3ème solution.
Les petites astuces de F.Hollande pour masquer son vide programmatique ne passe pas, du coup il ne reste pas grand chose, à part une agressivité feinte pour tenter de clore le débat dès que celui-ci prend un chemin qui ne lui permet pas de pouvoir briller, et un projet fiscal inexistant au delà des formules.
Dommage que ce genre de débat n'ait pas eu lieu avec un des lieutenants de l'UMP, mais ces derniers ne se risquent pas à une confrontation qu'ils savent perdue d'avance. Ils se déplacent uniquement en terrain conquis.
Il est à mettre au crédit de F.Hollande d'avoir accepté ce débat (et à Médiapart de l'avoir organisé, en espérant qu'il y en ait d'autres) bien que je trouve qu'il l'ait totalement desservi. Il aurait pu sauvé les meubles à la fin en admettant que son projet n'était qu'un projet et qu'il travaillait encore aux propositions concrètes. Au lieu de cela il préféra s'enferrer en répondant à T.Piketty, toujours avec l'agressivité de celui qui détient la vérité absolue, que son projet était fini et disponible à qui voulait se donner la peine de le lire, bien qu'incompréhensible pour un économiste de la fiscalité. Cette contradiction ne semble pas déranger F.Hollande.
Encore une fois cela aurait pu prendre avec un journaliste ou un autre concurrent. Mais avec ce spécialiste de la fiscalité, F.Hollande frise le ridicule, et laisse un T.Piketty incrédule devant une telle mauvaise foi.
Voilà tous les ingrédients qui donnent envie aux citoyens de zapper de le moindre "débat" politique. Ce mélange de suffisance et de vide programmatique éduclcoré par une agressivité de circonstance.
Espérons qu'un candidat sorte du lot et se rappelle de cette leçon de F.Hollande pour n'esquiver aucune question même lorque que l'une d'elle n'appelle pas encore de réponse évidente. Rien n'est pire que cette technique de l'anguille, malheureusement adoptée par tous les protagonistes des partis dominants, car elle nous mène droit vers l'abstention, avec en bruit de fond les gargarismes de ceux qui ont failli depuis 30ans.
