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Billet de blog 3 juin 2021

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Nos ancêtres les gaulois (réfractaires)

Plus de 280 jours de fermeture des bars, restaurants, lieux de cultures etc. ; près de 140 jours de confinement ; 126 jours de couvre-feu... La réduction drastique des libertés individuelles, de réunions et de déplacements, dans un pays jugé "réfractaire" et retord aux lois a de quoi surprendre. Surtout que ces privations n'ont suscité (quasiment) aucune révolte !

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Illustration 1
- Une rue déserte à Angoulême pendant le premier confinement, en avril 2020 - © F.S.

Le 19 mai dernier a vu le début de la fin du troisième confinement, après plus de 280 jours de fermeture des bars, restaurants, lieux culturels tels que musées, théâtres, cinémas etc. À cela il faut ajouter, pour ceux d’Île-de-France, un « couvre-feu » depuis mi-octobre dernier, mi-décembre pour toutes les autres régions de France. En additionnant, en Charente, les habitants auront passé 139 jours en « confinement » (plus ou moins strict), 126 jours sous couvre-feu, 148 jours avec des fermetures de magasins ou rayons « non essentiels ». Les discothèques ont droit à un traitement de faveur : elles sont fermées depuis 431 jours…

Près de quatre mois et demi sous confinement et/ou couvre-feu donc… Qui aurait pu croire cela il y a quinze mois ? En guise de vœux début 2020, personne n’y aurait cru, voire pire : on aurait entendu rugir le vent de la révolte des « Gaulois réfractaires » sur l’air du « moi vivant, jamais ! ». Il y eût bien quelques marginaux pour resquiller – dont les plus malchanceux se sont faits attraper par les patrouilles de police ou gendarmerie – mais cela reste finalement très à la marge. La plupart des Français se sont accommodés de l'impensable et de l’inacceptable, en se disant souvent « pas vu, pas pris ».

Semaines après semaines, mois après mois, annonces de restrictions après annonces de restrictions, il ne se passa rien, ou à peu près. Aucune révolte ni dans les villes, ni dans les campagnes. C’est à peine croyable, et il faut se pincer très fort pour se souvenir que fin 2018-début 2019, les « gilets jaunes » prenaient la France en état de siège sur les ronds-points, révolutionnaires de palettes brûlées aux effluves de bières et chipolatas grillées. Les radars fixes en ont été les premières victimes, on voyait des poings rageurs levés à la figure des journalistes, des commerçants impactés par la crise, des honnêtes gens qui ne voulaient pas installer ostensiblement le fameux gilet derrière leurs pare-brise. Des poings rageurs aussi face aux forces de l’ordre, parfois (qui leur ont bien rendu) et… d’Emmanuel Macron qualifié de noms d’oiseaux – pour rester polis - et promis au pire. Une autre époque, assurément !

Il aura donc suffi d’une pandémie aussi grave soit-elle - et surtout des menaces d’amendes à 135 € en cas de sortie de son domicile sans la précieuse « attestation » (même pour aller faire pisser Médor), fruit d’une bureaucratie hors sol et hors contrôle en période de crise, pour faire rentrer tous ces Gaulois « réfractaires » dans l’ordre établi. Finalement c’était simple : combien de récentes révoltes et autres jacqueries néo-urbaines ou rurales (infirmières, agriculteurs, lycéens, étudiants, futurs retraités, cheminots, etc.) auraient pu être réglées à coups PV à 135 €… !

On les disait retords aux lois, aux obligations, prenant le gauche quand on leur supprime le droit : finalement les Français sont rentrés dans le rang, prouvant que s’ils ne sont pas si « réfractaires » qu’on voulait bien le laisser croire. Ils demeurent tout de même des Gaulois : grandes gueules, ils ont toujours la trouille que le ciel ne leur tombe sur la tête !

F.S.

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