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Billet de blog 6 juin 2025

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La Venue de l’avenir : le passé composé de Cédric Klapisch

Le nouveau film de Cédric Klapisch, présenté hors-compétition au festival de Cannes, offre une composition picturale et cinématographique en croisant deux trajectoires familiales, à plus un siècle d’écart. Du grand art (n’en déplaise).

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Illustration 1
- Suzanne Lindon cherche (son chat ?), et surtout son avenir -

Ça se passe aujourd’hui : une trentaine de personnes apprennent qu’ils sont héritiers d’une maison abandonnée depuis 1944 et qui se trouve en Normandie, sur l’emprise d’un projet immobilier commercial. Seb, Abdel, Céline et Guy sont chargés d’en faire l’état des lieux. Ces lointains cousins vont découvrir des trésors cachés, et notamment la trace d’Adèle, qui avait quitté sa Normandie natale à l’âge de 20 ans, pour Paris en pleine révolution culturelle et industrielle, à la recherche de sa mère, qu’elle n’a pratiquement pas connue. Les quatre cousins, qui apprennent petit à petit à se connaître et s’apprécier, découvrent en même temps cette époque fin XIXe, où naissaient photographie et impressionnisme. Entre 1895 et 2024, leurs idéaux et leur présent sera remis en question, en composant et recomposant leur passé, et en préparant la venue de l’avenir.

Autant le dire tout de suite : le nouveau film de Cédric Klapisch, La Venue de l’avenir, ne plaît pas trop aux critiques germanopratins. Ce n’est pas nouveau. Mais, pour le réalisateur inspiré de l’Auberge espagnole, des Poupées russes, ou plus récemment de Ce qui nous lie  ou des Deux moi, l’important n’est pas de faire, comme l’écrivent ses détracteurs, des films de « jeunes vieux » puis de « vieux jeunes », des feel good moovies teintés de nostalgie d’un passé idéalisé couleur sépia. Avec La Venue de l’avenir, au titre énigmatique et pour être franc peut-être trop, Cédric Klapisch ouvre un pan entier d’une mémoire collective, familiale, artistique, technologique. Certains voient en lui un donneur de leçons, avec ses formules ciselées dialoguées remettant en cause notre fuite en avant éperdue et technologique. Mais Klapisch nous invite à nous demander si réellement ce fameux homme « augmenté » dont on nous vante par ailleurs les bienfaits ne serait pas, au fond, un recul des relations, émotions, liens qui nous attachent aux autres, fussent-ils loin dans le passé. Bref : on croit s’augmenter mais en fait on est diminué…

Illustration 2
- Sarah Giraudeau et Suzanne Lindon, mère et fille -

Pour mettre en œuvre sa partition « chorale » (autre qualificatif que les critiques du Masque et la plume ne goûtent guère), Klapisch fait appel à un casting autant de rêve qu’éclectique : Suzanne Lindon (Adèle), Sarah Giraudeau (Odette), Vincent Macaigne (Guy), Julia Piaton (Céline), Abraham Wapler (Seb), Paul Kircher (Anatole), Vassili Schneider (Lucien), et ses acteurs fétiches Cécile de France (Calixte) et Zinédine Soualem (Abdel). Trop de monde ? Les jaloux et acariâtres de tous poils y voient une illustration du « népo baby », comprendre, dans la novlangue de certains critiques : du népotisme, face à tant de « fils et filles » d’acteurs, actrices. Mais au nom de quoi s’interdirait-il de faire tourner la fille de Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain (Suzanne), celle de Charlotte de Turckheim (Julia Piaton), le fils d’Irène Jacob (Paul Kircher), Sara Giraudeau (fille de son père et d’Anny Duperey), ou encore Raika Hazanavicius et Vassili Schneider (issu, lui, d’une fratrie célèbre) ? Cédric Klapisch s’en défend, avec force, et nous considérons que ce casting est tout à fait adapté au propos.

La présence de ces comédiens n’est pas la seule des qualités de La Venue de l’avenir : costumes, décors, photo, et surtout montage alternant les deux époques rendent ces 2 heures de cinéma fort agréables.

Et tant pis pour les anti-Klapisch qui n’y auront vu qu’un film au scénario qui a du mal à exister au présent : ce passé composé, présenté hors-compétition au dernier Festival de Cannes nourrira la rêverie de ceux qui aiment encore être impressionnés au cinéma.

F.S.

La Venue de l’avenir, de Cédric Klapish, avec Suzanne Lindon, Sarah Giraudeau, Vincent Macaigne, Julia Piaton, Abraham Wapler, Paul Kircher, Vassili Schneider, Cécile de France et Zinédine Soualem. 2h06. En salle depuis le 22 mai.

Illustration 3

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