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C’est l’histoire de la boum de Jessica. Fille de Jeff (François Damiens) et Katia (Valeria Bruni-Tedeschi), elle se trouve boulotte et moche. Elle en pince pour Rudy (Jules Benchetrit) qui lui n’a pas très envie d’aller à cette soirée, lui préférant une anorexique de son lycée. Deux anges gardiens aussi loufoques que prolos – Jésus (JoyeStarr) et Poussin (Bouli Lanners), dockers-mafieux perdus au milieu de la zone portuaire de Dunkerque, vont lui prêter main forte - dans tous les sens du terme – en écumant son lycée pour essayer de faire venir (ou pas) les invités qui l’apprécient peu à sa « boum », quitte à les molester physiquement.

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Parallèlement, plusieurs êtres isolés sans liens apparents entre eux vont rencontrer l’amour, à travers le théâtre ou la poésie. Jeff, marié à une femme assommée par la téléréalité, tombe éperdument amoureux d’une caissière de grande surface. Inscrit à un atelier d’écriture, il fait envoyer par son ami Neptune (Ramzy Bedia) des poèmes de sa composition à la jeune femme convoitée qui malheureusement pour lui n’y comprend que dalle. Jacky (Gustave Kervern), armé d’une hache va pour récupérer de l’argent pour son patron (Jeff) chez un mauvais payeur ; arrivé à son domicile, il tombe amoureux de sa femme Suzanne (Vanessa Paradis) qui lui explique qu’elle l’a tué sans faire exprès d’une simple gifle. Comédienne bègue, elle l’embarque au théâtre où elle joue dans une comédie musicale sur Sartre et Beauvoir.

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Fidèle à une veine surréaliste assumée, Samuel Benchetrit signe un septième film (depuis Janis en John en 2003 ; J’ai toujours rêvé d’être un gangster en 2007) complètement foutraque et dézingué. Le cinéma d’auteur fait rarement recette (hélas !), mais pourquoi bouder son plaisir après des mois de disette cinématographique, et avant d’aller peut-être s’ennuyer ferme pendant 2h45 chez 007 ? Servi par un casting de ouf (François Damiens, Ramzy Bedia, Vanessa Paradis, Gustave Kervern, Bouli Lanners, JoeyStarr, Valéria Bruni-Tedeschi, excusez du peu), Cette musique ne joue pour personne (titre improbable) mélange sans beaucoup d’explications les fils d'histoires entremêlées, dans une comédie fantaisiste sans fioritures, sous un insolent soleil du Nord. Samuel Benchetrit ne s’embarrasse guère de ce que provoquent les causes et les effets de ses personnages – sorte de pieds-nickelés gros durs aux cœurs tendres, capables de sensibilité – et laisse suffisamment d’espace pour que le spectateur imagine ce qu’il veut, avec une liberté désarmante. Par les temps du moment qui sont quand même assez merdiques, disons-le tout net : c’est ré-joui-ssant !
F.S.
Cette musique ne joue pour personne, de Samuel Benchetrit. 1h45. En salle depuis le 29 septembre.