Le Tigre et le Président

Sur le papier l’idée était séduisante : partir de l’éphémère septennat d’un Président de la République oublié (Paul Deschanel) qui ne le fut en réalité que sept mois. Resté - au mieux - célèbre pour être mystérieusement tombé d’un train en pleine nuit à hauteur de Montargis, en se rendant à l’inauguration d’un monument aux morts de la Grande Guerre à Montbrison ; tombé dans l’oubli en même temps que du train, peu de Français se souviennent des idées pourtant novatrices de cet homme, pour l’époque : Paul Deschanel milita en effet contre la peine de mort, la colonisation, et voulait accorder le droite de vote… aux femmes.

En voulant révéler une page méconnue de l’histoire, Jean-Marc Peyrefitte s’autorise quelques libertés artistiques et romanesques, entre réalisme et fantaisie surréaliste. Le duel entre Deschanel, quasiment vainqueur de l’élection malgré lui (joué par un Jacques Gamblin poète et plutôt détaché de la politique), et Clémenceau, campé par André Dussolier en vieillard goguenard et politicard, vire souvent à l’auto-caricature, même si les deux comédiens semblent y prendre du plaisir. Le spectateur, beaucoup moins ! À peine divertit par des seconds rôles finalement plus intéressants que les premiers (Christian Hecq en Millerand et Anna Mouglalis en tenancière de claque), Le Tigre et le Président se révèle un moment de cinéma laborieux, où l’on souffre finalement autant que Paul Deschanel lui-même, ne pouvant s’empêcher de réprimer quelques bâillements dès la première demi-heure passée.

C’est justement à partir de ce moment-là qu’au Festival du Film francophone d’Angoulême, où le film était projeté en avant-première jeudi 25 août, les premiers spectateurs ont quitté la salle, entraînant une certaine hémorragie derrière eux… 

F.S.

Le Tigre et le Président, de Jean- Marc Peyrefitte. 1H38. En salle le 7 septembre.