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« A l’origine, elle était en combien de morceaux ? » hasarde l’un des visiteurs, membre de l’association des Amis du Château, mécène pour la restauration de cette vasque en marbre de Carrare. « Un seul ! Aujourd’hui il y en a 60 ! » répond Olivier Rolland, diplômé de la section restauration des œuvres sculptées de l’école des Beaux-arts de Tours. Depuis 1990, ce spécialiste de la restauration des œuvres monumentales, habitant à Montlouis-sur-Loire, travaille pour les musées et monuments historiques. Au château royal de Blois, il s’attaque à un gros morceau : ce qui reste de la fontaine dite du jardin de la reine, une vasque en marbre de Carrare, le plus raffiné et recherché, le plus dur aussi. Les Blésois les plus anciens – mais pas uniquement – se souviendront peut-être qu’elle a eu pour dernier lieu d’exposition la terrasse du Foix, jusqu’en 1992. Une manœuvre à la fin d’un concert l’a renversée, et ce n’était pas la première fois qu’elle se cassait. Plusieurs traces de restaurations antérieures sont constatées au fil des siècles, depuis sa construction sous Louis XII probablement vers 1505 par des artistes italiens. « Les blocs taillés de la sorte, cela signifie qu’ils étaient coupés au fil. Ce qui accrédite la thèse des artistes italiens, qui savaient travailler comme ça » explique le passionné Olivier Rolland. Des traces d’agrafes collées au mastic, puis d’autres accidents, cassures, réparations au plâtre voire au ciment permettent de dater les différentes restaurations. « Je conserve ce que j’enlève », ajoute l’artisan, « car ces réparations font parties intégrantes de la vie de l’objet ».
Un travail rendu périlleux du fait de la dureté du marbre, cette roche métamorphique qui est descendue très profond sous terre, puis remontée. « C’est une craie qui est descendue très bas, et en étant très compactée, elle devient très dur ». Si tout se passe comme il le souhaite, la restauration de la vasque sera terminée fin mars, pour une installation au rez-de-chaussée du château, dans une des salles du musée lapidaire de l’aile François Ier. Sur un piédestal construit spécialement pour elle, cette vasque d’environ 500 à 600 kg selon l’estimation d’Olivier Rolland – qui procédera à sa pesée lors de l’installation – sera présentée avec en arrière plan une vue grand format reprenant les jardins disparus de Blois par Du Cerceau. Le coût de cette restauration est de 83.000 € (dont DRAC 12.600 € ; mécénat des amis du château 32.700 € ; Ville de Blois 9.800 €).
F.S

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