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Billet de blog 9 octobre 2025

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Nouvelle vague : Richard Linklater transforme À bout de souffle en raz-de-marée

Le Texan Richard Linklater reconstitue le tournage du 1er film de Jean-Luc Godard, À bout de souffle, qui emporta tout sur son passage en 1959. Ça n’était pas une mince affaire de s’attaquer à une œuvre aussi patrimoniale, et les gardiens du temple Godard l’attendaient au tournant. Le résultat est à la hauteur des ambitions et des attentes : vif et joyeux, Nouvelle vague est un pastiche réussi.

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Illustration 1
- Zoé Deutch (Jean Seberg) - Aubry Dullin (Jean-Paul Belmondo) -

Paris, septembre 1959 : une jeune actrice quasiment inconnue, cheveux courts et silhouette filiforme, vend le journal New York Herald Tribune à la criée sur les Champs-Élysées. Elle est bientôt rejointe par un autre acteur filiforme, en chapeau, veston-cravate et pantalons trop courts, clope au bec : c'est Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo, un jeune premier à qui un professeur du conservatoire avait prédit le pire « avec une gueule comme la vôtre. Derrière la caméra – ou plutôt à côté – un jeune réalisateur, critique aux Cahiers du cinéma, entouré de François Truffaut, Claude Chabrol, Jacques Rivette, Éric Rohmer. Derrière ses lunettes noires, surtout. Insondable. Impénétrable. Impossible de débusquer la moindre parcelle d’intériorité. Avec ce phrasé inimitable (et pourtant si bien imité par Guillaume Marbeck) qui construira, entre autres, sa légende. Godard fait du Godard, ne sait pas le matin ce qu’il va tourner dans la journée, quand toutefois il tourne ! Ses acteurs pensent devenir fous, se demandent s’ils ne sont pas en train de tourner le dernier film de leur fulgurante carrière. Mais le raz-de-marée de la nouvelle vague est en marche : À bout de souffle sera un succès, et lancera la carrière d’à peu près tout le monde.

Avec Nouvelle vague, Richard Linklater ne lésine pas sur les moyens visuels pour reconstituer le Paris chatoyant des sixties. Avec « seulement » 8 millions d’euros, il fait effacer numériquement tout ce que Paris compte d’aménagements Hidalgo. Le résultat est plaisant, un beau noir et blanc superbement confectionné. Le choix, audacieux, d’acteurs pas ou peu connus (Guillaume Marbeck/Godard, Zoé Deutch/Seberg, Aubry Dullin/Belmondo) permet d’éviter la manie des spectateurs – dont nous sommes – de nous demander tout le film « dans quoi d’autre on l’a vu.e jouer ? ».

Là où Michel Hazanavicius, avec Le Redoutable en 2017, s’attachait davantage au registre biopic (avec Louis Garrel), Richard Linklater se veut davantage pédagogique tout en restant cool. Comme si s’attaquer à un monument du cinéma français de la nouvelle vague était possible (mais oui !), avec un regard à la fois très admiratif d’outre-atlantique mais sans se prendre véritablement au sérieux. Du coup - comme dit le gimmick actuel - il faudra penser à inscrire aux journées du patrimoine chaque mois de septembre À bout de souffle et Jean-Luc Godard. En visitant Nouvelle vague, donc... 

F.S.

Nouvelle vague, de Richard Linklater. Avec : Guillaume Marbeck, Zoé Deutch, Aubry Dullin. 1h46. Sortie le 8 octobre.

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