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Billet de blog 18 février 2023

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Un homme heureux : pourquoi les gens qui s’aiment ne sont-ils jamais les mêmes ?

Tristan Séguéla s’empare d’un sujet glissant – le transgenre – dans une campagne électorale d’un maire de droite d’une ville moyenne du nord, dont la femme avoue qu’elle est un homme. Drôle, mais pas que.

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Illustration 1
- Catherine Frot et Fabrice Luchini : "mon homme" - © (c) J. Prébois - Albertine Productions

Jean Leroy (Fabrice Luchini) est maire (de droite) d’une ville du Pas-de-Calais depuis trois mandats. Alors qu’il s’apprête à en briguer un quatrième, Édith (Catherine Frot), sa femme, lui annonce qu’elle va devenir homme, ce qu’elle a toujours sentie être au fond d’elle-même, après 40 ans de mariage et trois enfants. Passé la sidération du début, cette nouvelle bouleverse la stratégie de campagne de l’édile, menacé sur sa gauche par un candidat plus jeune, plus écolo, plus techno, bref : plus moderne.

Fils du publicitaire Jacques Séguéla, Tristan Séguéla s’empare d’un sujet éminemment casse-gueule traité par la comédie : le transgenre. Doublement casse-gueule avec la vision droitière de Jean Leroy, maire confortablement installé et assis dans son fauteuil d’une petite ville moyenne du nord de la France. Il s’en faudrait de peu qu’il soit déboulonné par plus jeune que lui et surtout plus moderne.

Illustration 2
- Philippe Katerine et le maire - © (c) J. Prébois - Albertine Productions

Il faut toute l’énergie d’un Fabrice Luchini (qui fait excellemment bien l’ahurit), et de Catherine Frot – laquelle se métamorphose physiquement dès le début du film – pour essayer de nous faire croire à l’incroyable. Philippe Katerine, en directeur de cabinet et conseiller politique du maire, ami depuis fort longtemps avec Leroy/Luchini, ajoute encore une touche de comique à la situation.

Par petites touches, Tristan Séguéla parvient à nous faire avaler l’impensable, en faisant rire, mais pas tant que ça. Si certaines répliques font mouche (« elle aimait les tripes, quand même, ça aurait pu t’alerter »), d’autres pourraient passer proche de l’homophobie (« tu ne te rends pas compte du ridicule de la situation, tout le monde va se foutre de ma gueule »), voire sexistes (« ou alors c’est la ménopause, tu sais c’est très violent  pour les femmes, y en a beaucoup qui pètent les plombs »). Casse-gueule, on vous dit.

Comme si Tristan Séguéla, après avoir mis la machine comique en route, s’en détachait peu à peu, laissant les comédiens prendre le dessus et imposer un rythme qu’on finit par trouver soit trop lent, soit inadapté au sujet. Le carnaval de Dunkerque, et l’élection gagnée viennent clore l’histoire par un happy end qu’on ne vous dévoilera pas (mais dont on se doute très vite passé la mi-temps de cet Homme heureux), mais qui laisse penser que le même sujet aurait pu être traité sous la forme moins comique et davantage comédie dramatique, avec les mêmes acteurs. Et cela n’aurait pas moins fonctionné, bien au contraire…

F.S.

Un homme heureux, film de Tristan Séguéla, avec Fabrice Luchini, Catherine Frot, Philippe Katerine, Artus. 1h30.

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