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Billet de blog 21 mars 2024

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Comme un fils : comme un film avec Lindon…

Le dernier film de Nicolas Boukhrief avec Vincent Lindon n’est pas sans rappeler Welcom, de Philippe Lioret : Lindon y interprète un prof à bout de souffle, mais investi et compétent qui prend sous son aile un jeune migrant battu par son oncle. Et on y croit !

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Illustration 1
- Victor, comme un rom, et Jacques, comme un prof -

C’est l’histoire de Jacques Romand, un professeur de lettres qui a perdu sa vocation. Témoin d’une agression dans une supérette de quartier, il permet l’arrestation d’un des voleurs : Victor, 14 ans, migrant roumain que l’on force à voler pour survivre. Jacques va tout faire pour remettre ce jeune sur le bon chemin, quitte à affronter ceux qui l’exploitent et le battent. Jacques lutte, contre Victor, et aussi contre lui-même. 

Dans n’importe quel film où il se trouve, ce que fait Vincent Lindon, même les choses les plus anodines, on y croit : quand il porte une panière de linge à repasser du rez-de-chaussée de sa grande maison bourgeoise un peu vide depuis qu’il a perdu sa femme et une de ses filles dans un accident de voiture, on y croit. Quand on le voit vider consciencieusement son casier dans le lycée où il enseigne, et où on comprend qu’il le quitte, usé et broyé par l’institution : on y croit. Quand il apprend à lire et à écrire au jeune Victor (Stefan Virgil Stoica), on y croit. 

On y croyait déjà quand il était chômeur puis vigile de supermarché dans La loi du marché, ou DRH en plein divorce dans Un autre monde de Stéphane Brizé. On y croyait toujours quand il apprenait à nager à un jeune migrant kurde qui voulait traverser la Manche à la nage dans Welcome de Philippe Lioret. On y croyait encore quand il sculptait dans Rodin, de Jacques Doillon. Vincent Lindon est l’acteur rare auquel on croit. 

Tout comme on croit à cette histoire de Nicolas Boukhrief, laquelle peut se lire à différentes hauteurs de vue, selon que l’on adopte celui d’un ou l’autre des protagonistes. 

Et s’il n’en reste qu’un...

À défaut de les sauver tous, Vincent Lindon (Jacques Romand) n’en sauvera qu’un : adolescent rom détruit par les siens, Victor va trouver en la personne de ce professeur “en disponibilité” quelqu’un de très disponible qui retrouve momentanément ses fondamentaux éducatifs. 

Filmé avec le réalisme que les frères Dardenne ne renieraient pas, ce tête à tête sur un champ social délabré fait naturellement aussi beaucoup penser au cinéma de Stéphane Brizé, où Vincent Lindon trouve des rôles à la mesure de son appétit d’ogre pour les détresses citoyennes. Seule limite - peut-être - de l’excellent film de Nicolas Boukhrief : le titre, Comme un fils, ne se retrouve finalement pas tant que ça dans l'œuvre. Mais ça n’est pas le défaut auquel on pense spontanément tout au long des 102 minutes. 

F.S.

Comme un fils, de Nicolas Boukhrief, avec Vincent Lindon, Karole Rocher, Stephan Virgil Stoica. 1h42. En salle depuis le 6 mars. 

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