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Que devient un Président de la République quand il ne l’est plus, et qu’il est encore assez « jeune » pour profiter de son temps libre ? C’est, en filigrane, la question posée par Anne Fontaine dans Présidents, avec Grégory Gadebois dans le rôle de François Hollande, et Jean Dujardin dans celui de Nicolas Sarkozy.
Le pitch : nous sommes fin 2021. Entre deux passages d’aspirateur dans son appartement impeccable (sa passion, dit-il), Nicolas Sarkozy écoute les infos à la radio dans la voiture de son chauffeur et agent de sécurité. Emmanuel Macron est au plus bas, Marine Le Pen semble avoir toutes ses chances d’accéder à l’Élysées. Nicolas Sarkozy décide alors d’aller « se ressourcer » près de Saint-Bonnet, en Corrèze, où un certain François Hollande semble couler des jours heureux auprès d’Isabelle, sa femme, vétérinaire (excellente Pascale Arbillot). Nicolas n’a qu’une idée en tête : revenir sur le devant de la scène, et tenter le coup du comeback. Mais il ne veut pas y aller seul, et pense qu’un « ticket » avec François Hollande est possible pour ravir la présidence promise à Marine Le Pen.
Qu’est-ce qui fait le sel de la vie : l’exercice du pouvoir, ou la conquête de celui-ci ? C’est un peu en substance ce que semblent inconsciemment se demander le duo Sarkozy-Hollande, dans cette fiction divertissante d’Anne Fontaine (Gemma Bovery, Perfect mothers, The Innocents, Coco avant Chanel…). Si Jean Dujardin parvient dès le début à faire croire à l’insoutenable envie de revenir sur le devant de la scène de Nicolas Sarkozy, Grégory Gadebois est davantage dans la retenue d’un François Hollande inattendu joueur de saxophone, et heureux comme un coq en pâte dans sa campagne corrézienne (un hasard, je choix de ce département, vraiment ?). Pourtant, ce dernier, une fois bousculé, se révèle particulièrement pugnace.

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Pour autant, le salut pourrait venir par une femme. La maïeutique n’étant pas une philosophie exacte, c’est par une femme qu’Anne Fontaine ouvre ces Présidents vers autre chose que la simple conquête du pouvoir, et ce sentiment tenace qu’en dehors de ces « hommes » politiques, point de salut. Où l’on apprend qu’on peut être une bonne vétérinaire, les pieds dans la boue, et faire montre d’une sincérité bien plus convaincante que celle de deux vieux renards de la politique, auxquels plus personne n’accorde crédit tant ils ont usé toutes les ficelles du métier…
Divertissant, on vous dit.
Présidents, d’Anne Fontaine. Sortie le 30 juin 2021.