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Billet de blog 24 novembre 2024

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Le Choix : une heure dans la vie d’un homme

De Gilles Bourdos. Avec : Vincent Lindon (Joseph Cross). Avec les voix de : Emmanuelle Devos, Micha Lescot, Pascale Arbillot, Grégory Gadebois, Cédric Khan, Milo Machado-Grarner, Solan Machado-Graner.

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Illustration 1
- Vincent Lindon -

« J’ai commis une erreur, alors je dois réparer ». Joseph Cross, solide comme du béton, a trois problèmes le même soir : il doit avouer à sa femme une paternité imminente et longtemps dissimulée. Il doit annoncer à son plus proche collaborateur, terrorisé, qu’il va finalement devoir gérer seul la coulée de 350 tonnes de béton le lendemain à 5h45. Il roule vers Paris où l’attend une femme en panique qui doit accoucher, d’un enfant de lui. Pendant une heure - sois le temps du trajet - dans le huis clos de sa voiture qui file sur l’autoroute, ses choix radicaux vont chambouler la vie de ses proches. Joseph l'a-t-il vraiment, le choix ? C'est la question qu'on continue de se poser bien après le mot "fin" à l'écran.

Adaptation du thriller britannique Locke de Steven Knight avec Tom Hardy, Le Choix de Gilles Bourdos plonge le spectateur dans la tempête sous le crâne de Joseph (Vincent Lindon, seul en scène), homme aussi solide que le béton qu’il coule sur ses chantiers. En une heure, il va faire s’écrouler bon nombre de certitudes qui étayaient sa vie bien rangée : celles de sa femme, pour commencer (la voix d’Emmanuelle Devos). Marié depuis 17 ans, deux garçons qui l’attendaient pour regarder un match de foot (un rituel qu’ils aimaient visiblement partager avec leur père) : Joseph avoue l’inavouable, trop longtemps repoussé, et sa femme s’écroule.

Les certitudes s’écroulent aussi du côté de la société de BTP pour laquelle Joseph travaille en tant qu’ingénieur : son adjoint le plus proche, Damien (voix de Micha Lescot) et son supérieur Garcia (voix de Grégory Gadebois) ne comprennent pas que Joseph est en train de mettre sa vie professionnelle en grand danger, en fragilisant l’opération visiblement très délicate qu’ils doivent réaliser le lendemain à l’aube, en coulant 350 tonnes de béton qui assureront les fondations d’une tour de 75 étages. "Si tu une erreur, c'est le monde entier qui va s'écrouler sur toi, tu comprends" dit-il à Damien, terrorisé. Ambiance.

Enfin, il y a Béatrice (voix de Pascale Arbillot) cette mystérieuse femme vers laquelle Joseph roule dans le confort feutré de son SUV, femme sensible et en panique qui s’apprête à accoucher seule, d’un enfant de lui, alors qu’ils semblent à peine se connaître. Ils ont couché une fois ensemble neuf mois auparavant, un soir de fête après un chantier, et puis… voilà.

Illustration 2
- Un petit tour en SUV Renault de nuit ? -

Comme dans le film de Steven Knight, Gilles Bourdos prend le parti de ne montrer qu’un seul acteur en scène, Vincent Lindon sur tous les plans ; nous ne verrons pas un autre visage et c’est tout l’art de notre imagination qui doit faire le reste. On le fait sans trop de mal d’ailleurs, grâce à l’intensité des appels téléphoniques émis depuis la voiture, la montée de tension dramatique à mesure que Joseph répète « j’arrive, j’arrive ». Il existe cependant une torsion entre cette tension verbale - bien construite - et la pauvreté de la mise en scène car que reste-t-il d'autre à filmer qu'un SUV Renault filant sur des autoroutes de région parisienne, de nuit ?

En prenant le parti de ne montrer qu’un seul acteur à l’écran, Gilles Bourdos fait le choix d’une audace dont il n’est pas certain qu’elle trouve son public. À moins de se souvenir, quand-même, qu’il s’agit de Vincent Lindon, qu’on voit beaucoup sur les écrans en ce moment, et qu’on a hâte de voir dans Jouer avec le feu de Delphine et Muriel Coulin, le 22 janvier prochain. Lindon, comme à son habitude, parviens à nous faire croire à l’incroyable, et, par-dessus le marché, il fait un très bon chauffeur. L’unité de temps, de lieu et d’action est par ailleurs très bien servie par la durée du film – 1h16 – ce qui accentue les tourments qui agitent le crâne de cet ingénieur bon père de famille, qui décide, contre toute évidence, d’assumer une erreur faite, un jour, en réparant au passage une blessure d’enfance. Mais ça, vous le saurez en allant voir Le Choix, puisque vous l'avez, justement.

F.S.

Le Choix, de Gille Bourdos, avec Vincent Lindon. 1h16. En salle depuis le 20 novembre.

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