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Billet de blog 26 juillet 2022

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La nuit du 12 : extérieur nuit pour la PJ

Film de Dominik Moll, adapté du livre de Pauline Guena, 18.3, une année à la PJ. Avec : Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Mouna Soualem, Pauline Serieys, Anouk Grinberg.

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Illustration 1
- Bastien Bouillon et Bouli Lanners, extérieur nuit - © (c) Haut et Court

Dans la nuit du 12 octobre 2016, à Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie, Clara, 21 ans, est brûlée vive en rentrant d’une soirée chez des copines. Une brigade de la PJ de Grenoble est dépêchée sur les lieux et chargée de l’enquête. Yohan (Bastien Bouillon) et son équipe – dont Marceau (Bouli Lanners) vieux briscard de la PJ – vont tenter de resoudre une enquête où chaque suspect interrogé fait le coupable idéal. Mais l’enquête patine, et bientôt elle va hanter le taciturne et méthodique chef de groupe.

Quand on a un petit vélo qui tourne en boucle dans la tête, on finit par en être l’esclave. À quoi pense donc Yohan, en tournant en rond sur son vélo dans un vélodrome le soir après le boulot ? À l’enquête sur le féminicide de Clara, une fille « pas compliquée », différente d’une fille « facile ». Ne souriez pas, la nuance existe, elle est relevée par Marceau (Bouli Lanners), au début de l'enquête. Elle tombait facilement amoureuse, Clara, notamment de « bad boys », des types bizarres, avec lesquels elle vivait des aventures sans grands lendemains, essentiellement sexuelles. L’aurait-elle bien cherché, comme on entend parfois ? Des interrogatoires menés par les hommes de la PJ, des parents à la meilleure copine, ses ex-petits amis, on progresse, certes, chacun raconte une histoire, mais au final on n’est pas plus avancé. On sait par ailleurs dès le début que l’enquête ne sera pas résolue, il faut donc se concentrer sur autre chose.

Illustration 2
- Pauline Serieys et Bastien Bouillon - © (c) Haut et Court

« Je vais vous dire, moi, pourquoi elle est morte, Clara : parce que c’était une fille, pas parce qu’elle couchait, ou pas ». La meilleure copine, Nanie (Pauline Serieys) résume à elle seule, dans une belle scène en tête-à-tête avec Yohan (avec une très belle lumière, au passage…), une des clés du film. Un peu plus loin, Yohan toujours, face à la juge d’instruction (Anouk Grinberg) qui fait remonter ce dossier du bas de la pile et souhaite reprendre, trois ans après, ce « cold case » à zéro, enfonce le clou en disant que « ce sont les hommes qui ont tué Clara. Il y a quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes ». Des hommes qui tuent, la police – essentiellement masculine - qui enquête, et rédige des rapports. « On lutte contre le mal en rédigeant des rapports », dira même l’excellent Bouli Lanners.

Et c’est quand on croit saisir le coupable que finalement, on réussit à sortir du vélodrome. Yohan, dévoré par l’enquête – on raconte que chaque enquêteur de PJ est un jour hanté par l’une d’entre elle – suit les conseils de Marceau, qui a démissionné de la PJ (il voulait être prof de français). Est-il vraiment sorti de l’affaire ? Son premier col en « extérieur » qu’il gravit se nomme : le col de la Croix-de-Fer… Dominil Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, 2000. Lemming, 2005) signe un film soigné, bien écrit, crédible et bien documenté, aidé dans l’écriture du scénario par l’auteure du livre 18.3, une année à la PJ (Pauline Guena). Servi par un casting pertinent, où chaque acteur, jusque dans les plus petits rôles, joue un morceau de la partition avec justesse, La nuit du 12, si elle ne résout pas l’enquête, réussit à construire un film parfaitement maîtrisé de bout en bout.

F.S.

La nuit du 12, de Dominik Moll. Sortie le 13 juillet.

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