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Conséquence de la catastrophe nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011, le niveau de protection des centrales nucléaires françaises se trouve relevé. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a fait procéder, dès les premiers jours après la catastrophe, à des audits des installations nucléaires en France en matière de risques inondations, séismes, pertes d’alimentations en eau et électricité, gestion opérationnelle des situations accidentelles. Afin de parer au pire du pire et du plus inimaginable possible, une Force d’action rapide du nucléaire a été créée, opérationnelle à 100 % des effectifs depuis le 1er janvier 2016.
Un exercice grandeur nature s’est déroulé à Saint-Laurent-des-Eaux mercredi 27 avril dernier. Une centaine d’hommes et de femmes de la FARN, sous la conduite opérationnelle du directeur de la centrale Jean-Claude Cervantes et du directeur de la FARN Pierre Eymond, ont fait face à une situation d’extrême urgence : rétablir l’alimentation en eau et air comprimée pour refroidir les réacteurs, qui menacent sinon d’entrer en fusion et d’explosion. C’est ce refroidissement qui avait manqué à Fukushima, à cause d’un tsunami dévastateur qui avait inondé les installations et les abords de la centrale, bloqué les voies d'accès, conduisant à la fusion des cœurs et d’explosions hydrogène. Des moyens assez rudimentaires - mais qui ont manqué - permettent d'éviter cela : de simples tuyaux d'eau du type de ceux utilisés par les pompiers permettent d'arroser le réacteur et le refroidir.
Périmètre d’intervention
D’importants moyens ont été déployés sur site, des barges pour le franchissement de la Loire, des camions tout terrains, des pompes à eau, des moyens de protection individuelle et de communication, etc.
Quatre colonnes d’interventions se sont déployées à Saint-Laurent, venant des centrales du Bugey (Ain), Paluel (Seine-Maritime), Dampierre (Loiret) et Civaux (Vienne). Des équipes mobilisables 7 jours/7, 24h/24 en moins d’une heure. 300 personnes composent au total les 20 colonnes d'intervention de la FARN, et une vingtaine d'exercices d’entraînement sont pratiqués en moyenne par an.
« L’exercice est réussi, les missions se sont réalisées en temps et en heures ; il y a eu bien sûr quelques petits aléas dont certains provoqués par les organisateurs de l’exercice. Mais ce qu’on voit c’est un PC qui fonctionne, des colonnes qui agissent, des équipiers qui sont à leur affaire. Mais il faut rester modeste, on tirera un retour d’expérience, on s’améliorera pour justement maintenir un haut niveau de professionnalisme », a indiqué le directeur de la FARN Pierre Eymond.
Mais deux actualités nationales venaient aussi télescoper cet exercice : les propos du président de l’ASN Pierre-Franck Chevet, lundi dans Les Echos, parlant d’un « contexte particulièrement préoccupant » pour la sûreté nucléaire. Sur ce sujet, Jean-Claude Cervantes, directeur de la centrale, a indiqué que « l’ASN n’était pas présente aujourd’hui, mais les experts régionaux si ». Concernant les déclarations de Ségolène Royale, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, la veille même de l’exercice de la FARN au sujet de l’élargissement du périmètre des plans particuliers d’intervention (PPI) à 20 km autour des sites nucléaires (au lieu de 10 actuellement), le directeur de la centrale n’est pas beaucoup plus prolixe : « je suis directeur des opérations de sûreté ici au sein de la centrale, je n’ai pas à commenter des propos qui engagent l’Etat et les personnes chargées de la sûreté à l’extérieur ».
FS

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