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Billet de blog 16 août 2017

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Champagne ! (ami, lève ton verre)

La politique "ça ne rigole pas", faire la loi est intense, les collaborateurs sont sérieux, compétents, tout ça tout ça. Mais heureusement on sait aussi s'amuser ! Alors la nuit sert à dormir, finir un travail, mais aussi parfois à décompresser et faire la fête. Pas dans les couloirs de la République mais à nos frais et sur notre rare "temps libre". A nos heures de - bourgeois - bohème !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’activité de parlementaire (et par ricochet celle de collaborateur de député) est intense, parfois enivrante, faite aussi d’espoirs, de joies, de déceptions. Elle n’est jamais de tout repos car les sujets et objets traités sont des affaires sérieuses, suivies et décortiquées de près par quantité d’acteurs. Et puis, il faut en permanence rester en alerte : un attentat (et nous en avons malheureusement connu plusieurs lors de la dernière législature), un accident, une révélation accusatoire, un amendement à défendre d’urgence, une sollicitation presse : à tout moment le ou la députée peut avoir à se mobiliser, réagir, voire au contraire se faire discret le temps de se renseigner, de consulter suite à un événement. 

Évidemment, cet état de fait est stimulant et il se passe presque toujours quelque chose. Il y a aussi parfois dans le quotidien parlementaire des moments de stress ou d’inquiétude (mais pas tant que cela finalement, ou plutôt si on ne sait pas gérer la pression il faut faire autre chose). Dans cet « état d’alerte » de tous les instants, on rit et fait des pauses aussi, bien sur. Dans la journée, ces moments de « détente » sont peu courants mais en soirée et parfois même la nuit, quand le rythme et la frénésie baissent (sauf pour celui qui est en séance), le climat est plus propice à des moments de détente, parfois même de fête.

Illustration 1
Pot de fin de session 2015 à Matignon © F. Guerrien

Aux frais de la princesse

Je me suis souvent fait taquiner sur le fait que dans les « salons de la République », le champagne coule à flots. C’est un peu vrai et pas mal faux. Il arrive qu’il coule dans certaines circonstances, mais jamais à flot ! Par exemple dans le cadre d’une réception officielle des députés à l’Hôtel de Lassay (l’hôtel du Président de l’Assemblée nationale) ou dans un Ministère, il est habituel que l’on serve (entre autres) du Champagne aux convives. Mais cela reste des lieux et des moments au cours desquels le rationnel demeure et les relations sont de nature politique et « professionnelle ». Ces moments sont donc mi-convivaux, mi-politiques et ne durent jamais trop longtemps, les uns et les autres restant dans le cadre institutionnel et ayant d’autres engagements ensuite. On est plus dans le symbole que dans la vie de Château. Pas question d'arriver pompette pour une remise de médaille ou pour défendre un amendement dans l'hémicycle :) Donc une coupe oui, mais des fontaine à Champagne, jamais ! (et désolé si ça casse un mythe). D'ailleurs les moyens déployés pour les cocktails restent très mesurés comparé à ce qu’on peut voir dans un séminaire ou une fête de fin d’année en entreprise !

Il est aussi courant, lorsqu’un texte de loi a demandé un travail long et appliqué, que lorsqu’il est définitivement adopté le ou la Ministre invite le « noyau dur » de celles et ceux qui y ont travaillé à boire une coupe de Champagne à la buvette de l’Assemblée nationale ou dans son ministère. Il m’est arrivé de participer à ce « verre de l’amitié » par exemple à l’occasion de l’adoption de la loi de transition énergétique et de la croissance verte, de la loi d’avenir de l’agriculture, l’alimentation, et la forêt, ou encore de la loi accès au logement et urbanisme rénové. Je dois reconnaître que ce sont de bons souvenirs, joyeux, où tout le monde se congratule sincèrement en oubliant, l’espace d’un moment partagé les postures et hiérarchies politiques. Pour quelques minutes en tous cas car très vite chacun retourne vaquer à ses occupations ! Mais là aussi, pour reprendre la comparaison, cela reste très modeste comparé à un repas pour fêter un contrat ou la fin d’un gros chantier dans une entreprise du secteur privé (qui certes n'a pas de comptes à rendre sur l'argent qu'elle utilise).

Des soirées belles à Sienne

Et puis, il y a les moments « off », les apéros qui tournent en fêtes improvisées et les verres qui s’étendent jusqu’à la fermeture des cafés (et même exceptionnellement jusque plus tard dans la nuit !). La vie quoi ! J’en ai vécu de nombreux pendant ces années, en général avec les collègues collaborateurs mais parfois aussi avec quelques députés nous ayant rejoint (car contrairement à ce que la dissolution soudaine du groupe écologiste peut laisser penser, l’ambiance a été excellente dans ce groupe jusqu’à quelques semaines de sa fin). Mais ça c'était en dehors des murs du Palais Bourbon.

Notre point de ralliement après le travail était un café sans intérêt particulier, sur le boulevard Saint-Germain, près de l’Assemblée nationale : « La Dauphine ». On s’y retrouvait entre collaborateurs écologistes (mais pas que, rejoints souvent par des collaborateurs d'autres origines politiques) autour d’une (première) bière ou d’un (premier) Pouilly pour y rester entre 15 minutes et toute la nuit … selon son programme du soir (professionnel, personnel, ou militant) et son humeur ! On s’y retrouvait pour parler de politique, de petites histoires de couloirs mais aussi et surtout de tout et n’importe quoi, de ses prochaines vacances, de sa vie d’avant ou d’après l’Assemblée nationale, pour mieux se connaître et se changer les idées. L’ambiance était toujours bonne et amicale et on avait vite fait de reprendre un (dernier ?) verre, une cigarette. Parfois, à quelques uns, nous poursuivions dans un restaurant ou un autre bar des quartiers latin, de République, ou de Montmartre. En vérité, pour celles et ceux qui étaient encore là passé minuit (ils et elles se reconnaitront), il régnait une ambiance bohème dans les rangs des collaborateurs et même parfois avec la compagnie de quelques députés ! Toujours dans la bonne humeur et la camaraderie.

Illustration 2
A "La Dauphine", Boulevard Saint Germain © F. Guerrien

Les journées d'été et les journées parlementaires ont également été l'occasion de déplacer la joyeuse bande des écolos. Nous qui vivions toujours des soirées parisiennes, sommes nombreux à nous souvenir aussi des soirées bordelaises, marseillaises, amiénoises, lilloises, angevines, ... Peut-être certains habitants de ces villes-là se souviennent-ils aussi de notre passage, pas toujours discret mais toujours joyeux et respectueux. Les écolos ont beaucoup de défauts mais il n'y a pas à dire, pour la convivialité et pour faire la fête, y'a pas mieux ! C'est même étonnant de voir comment un mouvement parfois si crispé sur ses chapelles, courants, sous-courants, etc. peut se retrouver dans une ambiance fraternelle avec tant de naturel et d'entrain.

J’ai toujours aimé la nuit et sa liberté de geste, de ton, de parole. Pendant cette période j’en profitais doublement et les moments où la vie parlementaire nous permettait d’y participer étaient chaleureux et d’autant plus agréables. J’y ai trouvé des espaces de relâche et d'évasion agréables. J'y ai côtoyé des personnes extraordinaires et développé des complicités très fortes. A ces moments salvateurs dans l’environnement de pression permanente, à vous mes amis, je lève mon verre ! Santé !

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