Imaginé il y a déjà une dizaine d’années, un projet d’utilisation de l’eau du Canal du Midi pour arroser les espaces verts du littoral héraultais, voire le golf du Cap d’Agde, verra peut-être le jour d’ici deux ans. L’enjeu : soulager la nappe astienne, soumise à une pression démographique galopante.
par Lise Valette sur www.frituremag.info

Photomontage Samson
De l’eau potable pour hydrater le « green » d’un golf ou alimenter les toilettes d’un camping, est-ce bien raisonnable ? C’est pourtant le régime de luxe dont profitent les établissements touristiques situés au sud de Béziers, tout comme les espaces verts des communes du littoral héraultais, de Portiragnes à Agde, en passant par Vias. Plus problématique encore, si les nappes alluviales superficielles de la rivière Orb ou du fleuve Hérault couvrent une partie des besoins en eau de cette zone surpeuplée en période estivale, 20 % sont de tout même assurés par la nappe phréatique astienne, dont « les niveaux mesurés en certains points sont en constante baisse depuis plusieurs années », selon le Syndicat mixte d’études et de travaux de l’Astien (lire aussi en encadré).
Vers 2001, une idée de bon sens avait pourtant bien jailli. Mettant en scène le Canal du Midi et la station de pompage pour l’irrigation installée au niveau de Portiragnes. Et qui aurait enfin permis d’alimenter en « eau brute » des équipements qui n’en demandaient pas plus, et de soulager une nappe à bout de souffle. « Mais on va dire qu’à l’époque, la prise de conscience environnementale était moindre », glisse un fin connaisseur des questions hydrauliques sur le secteur. Une dizaine d’années plus tard, y aurait-il enfin urgence ? La belle idée d’une extension de réseau a été ressortie des cartons. 15 km de conduite qui capterait l’eau du Canal et la ferait s’écouler jusqu’à Vias, ses trente campings, ses espaces verts et au-delà jusqu’au golf du Cap d’Agde, dont on chiffre la consommation d’eau à quelque 300 000 m3 par an.
Je fore, tu fores… ils forent tous « On en ferme… il s’en réouvre ». Claude Calas a depuis longtemps perdu le compte exact du nombre de forages qui captent, depuis 1898, l’eau de la nappe phréatique astienne. 800, 900… Le président du syndicat mixte d’études et de travaux de l’Astien sait juste que l’eau « de qualité exceptionnelle » qui s’étend à quelque 100 m de profondeur sous ses pieds, sous une épaisse couche de terrains argileux, est en danger. Aussi bien à cause de l’existence de forages abandonnés ou défectueux, qui favorisent l’infiltration des eaux superficielles, pollutions potentielles, qu’en raison des prélèvements anarchiques opérés par les particuliers et les collectivités sans mesure de leur impact sur la ressource. Localisée entre Béziers et Sète, cette nappe court sur le territoire de vingt communes, où vivent à l’année 100 000 habitants, et jusqu’à un demi-million pendant l’été.

L’eau du Canal ? Soyons précis, insiste la société BRL, concessionnaire de la région Languedoc-Roussillon et qui assure la gestion de ce projet, « le Canal du Midi est utilisé comme vecteur de transport… Bien sûr tous les prélèvements faits dans le canal sont intégralement compensés par des restitutions… » C’est ainsi la mission du barrage des Monts d’Orb, tout là-bas dans les hauts cantons héraultais, que de lâcher de temps à autre une partie de son stock pour approvisionner, en aval, à Portiragnes, l’ouvrage de Riquet. Comme un prolongement du remarquable travail d’alimentation en eau mis en œuvre au XVIIe siècle, alors de manière totalement inédite, par l’inventeur Riquet.
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