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Billet de blog 6 mai 2011

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Gaz de schiste : le rapport qui dit vraiment "non"

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Alors que la loi devant régle­men­ter les fora­ges de gaz de schiste en France doit être débat­tue et votée le 10 mai, l’inquié­tude est encore grande au sein des dif­fé­rents col­lec­tifs qui crai­gnent un recul du texte, notam­ment sur les pro­duits uti­li­sés par la tech­ni­que dite de "frac­tu­ra­tion hydrau­li­que". Dans un rap­port indé­pen­dant que nous publions, l’Association Toxicologie Chimie, dresse un état des lieux très inquié­tant des effets sur l’envi­ron­ne­ment, et sur­tout épidémiologiques sur l’homme. Le rap­port com­mandé par le Gouvernement ne sera rendu, pour sa part, que le 9 juin.

Dans son rapport, André PICOT, Toxico-chimiste, Directeur de recherches honoraires CNRS, Expert français honoraire auprès de l’Union européenne pour les produits chimiques en milieu de travail et Président de l’Association Toxicologie-Chimie

Voici ci-dessous quelques extraits et grandes lignes du rapport

"Comme les réserves de gaz naturel conventionnel (méthane…) décroissent inexorablement et pourraient être épuisées dans une soixantaine d’années, l’extraction des huiles et gaz non conventionnels emprisonnés dans du schiste ou hydrocarbures de roche-mère (roches sédimentaires) ou du charbon apparaît comme une alternative très séduisante pour plusieurs pays (Etats-Unis, Canada, maintenant l’Europe et dans l’avenir la Russie et la Chine)."

" Tout semble se passer comme si la zone de fracturation se comportait comme un réacteur
chimique, dans lequel divers produits chimiques réagissent les uns sur les autres, le tout en présence de catalyseurs minéraux.

Ne pourrions-nous pas, par exemple, attendre la position de l’Agence Américaine de l’Environnement (EPA), dont les résultats d’une étude globale sur les impacts environnementaux et sanitaires, liés à ce type d’exploitation, ne seront clôturés et publiés qu’à la fin de l’année 2012 ?…

La fracturation dite hydraulique se fait par injection d’eau (2000 à 20.000m³ par cycle de fracturation) sous forte pression (plus de76MPa) avec du sable fin et des produits chimiques qui empêchent les fractures de se refermer

Le fluide injecté lors de la fracturation hydraulique est classiquement constitué d’un mélange d’eau (90% en volume) et de sable (8 à 9,5% selon les firmes), avec divers additifs chimiques. La concentration de ces adjuvants ne semble pas excéder 2% et se situe en moyenne autour de 1%.
Selon les structures géologiques rencontrées, les additifs chimiques, dont le rôle essentiel est de renforcer la fracturation hydraulique, et d’éviter la contamination bactérienne, auront des compositions très variables. Ceci explique, qu’en plus des produits répertoriés par l’EPA, de très nombreux autres composés sont signalés par d’autres organismes. Leur variété est très impressionnante …allant d’acides aminés essentiels (lysine, arginine..) jusqu’à des glycosides alkylés… En fait, toute la chimie semble s’être concentrée dans les fluides de fracturation… autant de réactions chimiques en puissance !!

"Dans les eaux usées rejetées lors de la fracturation apparaissent de nombreux sels hydrosolubles, entraînés lors de la lixivation des différentes couches géologiques traversées lors de la remontée des fluides. Beaucoup de ces éléments sont toxiques pour l’Homme, dont certains très toxiques (As, Ba,
Cd, Pb,…)."…

La majorité des composés chimiques repérés dans les fluides de fracturation hydraulique d’exploration et d’exploitation des huiles et gaz de schistes ou hydrocarbures de roche-mère, sont pour l’essentiel des xénobiotiques, dont plusieurs sont très toxiques.

Il est évident que ces éléments naturels qui enrichissent l’eau de sortie des puits de fracturation, sont autant de polluants, qui vont perturber les stations d’épuration, classiquement saturées dans ces zones d’extraction.
Comble de difficultés, ces eaux rejetées, peuvent aussi concentrer des éléments radioactifs comme le radium 222, qu’il est pratiquement impossible d’éliminer.
Tous ces risques toxiques à plus ou moins long terme, ne doivent pas faire oublier les éventuels risques d’explosions et d’incendies, liés à la présence dans l’eau de sortie de gaz en particulier du méthane extrêmement volatil et très inflammable.

Tout l'article et une interview d'André Picot sur www.frituremag.info

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