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Billet de blog 15 mars 2014

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Charte révolutionnaire en forme d’abécédaire contre le parc urbain généralisé

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

... et servant de mode d’emploi à la réalisation de nos attentats poétiques, à compléter par ceux qui luttent.*

Par Collectif Urbain, trop urbain sur www.frituremag.info

Dirigé par Claire Dutrait et Matthieu Duperrex, Urbain, trop urbain se propose de saisir les métamorphoses actuelles de la ville par des pratiques artistiques et culturelles multiples et résolument subjectives, qu’elles soient poétiques ou réflexives. Le collectif Urbain, trop urbain, à géométrie variable selon ses projets, nourrit son regard sur la ville en empruntant à l’analyse urbaine mais aussi à la géographie, la sociologie, la sémiologie et l’anthropologie… www.urbain-trop-urbain.fr

*Cet abécédaire est dédié à Serge Pey et à la saucisse de Toulouse. Il est à lire en intégralité dans la revue N°21 en vente

Anagramme initiatique
Après la phénoménologie de l’esprit vient celle des tripes. La poétique, qui jusqu’à présent s’est contentée de singer l’état de la certitude sensible, devra poser sur son étal de la saucisse de Toulouse. Comme l’a presque dit le philosophe, « Le Dasein est dans la saucisse ».

B to B
Le marketing urbain veut cerner la ville par des cibles. Tout élu convaincu de marketing urbain mérite d’être lapidé à coup de Banettes molles, avant d’être pendu à une franchise commerciale H&M designed by Jean Nouvel©.
Commerce (nécessairement « petit »)
On distinguera la crotte de chien sur le trottoir comme le référent absolu de l’aire de chalandise urbaine. On portera une attention moindre à la crotte du caniveau.

Dynamisation
Les « cœurs de ville » alignent leurs coins sur une seule perspective… nécessairement piétonne et sans issue (cf. ‘H’ comme Havre de paix sociale). Le coin de rue ne sera plus au coin, mais au centre. Dépouillé de tout caractère central, le centre-ville ne sera plus qu’un espace de transition entre les coins.

Espaces verts
Comme l’a presque dit le poète, « Dans la ville sous vide, les planctons sonnent le glas du pavé ». Le pépin n’est pas l’avenir de l’arbre. De légitimes initiatives démocratiques d’arrachage volontaire s’opposeront à l’expérimentation, en plein bitume, des cultures venues des serres municipales.

Facile à trier
Les consignes de tri de la ville sous vide s’arrêtent lorsque des mains de poupées sont déposées devant les poubelles. À ce signal, des roulettes de skateboards ajustées sur les bacs jaunes faciliteront le nomadisme des déchets.

Germes
Sont instituées des flash-mobs gastriques, par lesquelles les urbains sympathisants à la cause mènent des actions de sape révolutionnaire dans les fast-foods. Des vomitifs de dernière génération sont discrètement distribués aux membres du commando après l’ingestion de quatre à cinq burgers. La phénoménologie des tripes vaincra !

Havre de paix sociale
Un piéton était un cadavre en suspension, car ses racines plongeaient dans le ciel… jusqu’à ce que fleurissent les galeries marchandes. La piétonisation désigne ainsi l’extension du cimetière urbain. C’est le stade avancé du parc généralisé comme entreprise funéraire (cf. ‘P’ comme Parc). Y apporter une couronne.

Influence (trafic)
Le cycliste est un urbain anémié qui cède aisément aux sirènes du parc généralisé. Une fois dépisté, son zèle est habilement employé aux fonctions de basses manœuvres et de maintient de la dispersion bourgeoise dans le flux, notamment quand il devient cycliste tire-bouchon. L’urbain doit exercer sa vigilance contre les brigades de cyclistes tire-bouchon.

Joie
Comme l’a presque écrit Spinoza, « Un urbain libre ne pense à aucune chose moins qu’au parc, et sa sagesse est une méditation non du parc mais de la ville » (cf. ‘P’ comme Parc).

Kolkhoze
Entre une AMAP et un marché de Noël, l’urbain acquis à notre cause ne verra aucune différence majeure. L’AMAP, c’est Santa Claus chez les Soviets.
Léonine (clause)
Il n’y a pas de droit au paysage, il n’y a que la corruption des souliers. Qualifie, dans les éco-quartiers, un droit de regard sans vis-à-vis.

Modal (report)
Les interventions poétiques dans le métro — pas nécessairement gastriques — invitent les usagers à se rabattre sur le bus. Du bus, au tram, du tram à l’automobile, de l’automobile au vélo, du vélo aux patins à roulettes, etc. En poursuivant sans répit les usagers de notre guérilla poétique, ils disparaissent en tant qu’usagers et deviennent urbains, comme l’enseigne la phénoménologie des tripes, qui décrit en précision tous ces mouvements de subsomption. Ainsi, comme l’a presque brillamment enseigné le philosophe, « Le concept de station subsume celui de déplacement, comme le concept de vélo subsume le concept de piéton et celui de mou celui de corde à nœuds ».

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