
Viviez et son visage lunaire… Un paysage aveyronnais qui garde la trace de cent trente années de production industrielle de zinc. Umicore, le leader mondial dans ce domaine, a investi 35 millions d’euros pour dépolluer les terrains impactés par les rejets de métaux lourds (cadmium...). Il s’agit du plus important chantier privé en France à ce jour qui va se poursuivre jusqu’en 2015-2016.
Par mathieu Arnal sur www.frituremag.info
Viviez, à peine 1 500 habitants, près de l’ancien bassin minier de Decazeville. Une cité aveyronnaise qui, pendant plusieurs décennies, a vécu au rythme de la production du zinc et de la société Vieille-Montagne. Aujourd’hui, passé sous la bannière du groupe belge Umicore, le leader mondial du pré-patiné de zinc (15 000 salariés à travers le monde pour un chiffre d’affaires évalué à près de 10 milliards d’euros), l’activité du site, qui emploie 211 salariés, pour une production annuelle de 50 000 tonnes, porte uniquement sur la refonte, le laminage, le traitement de surface et la mise en forme du métal. Une reconversion qui a permis de supprimer tout nouveau stockage de résidus sur place. Mais l’empreinte industrielle, elle, a laissé des stigmates. Les études faites conjointement en 2008 par l’antenne régionale de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) et l’Agence régionale de santé (ARS) Midi-Pyrénées (ex-Ddass de l’Aveyron) à Viviez ont confirmé une pollution des végétaux, des puits et des cours d’eau, par les métaux lourds (plomb, cadmium, arsenic) à partir du site historique. En revanche, l’eau potable n’est pas contaminée car le captage est situé en amont des zones polluées.
Plus d’un million de m3 remodelés
Dès 2005, dans le cadre de sa stratégie de développement durable, ou de greenwashing pour certains, Umicore a décidé par la voix de son président Thomas Leysen, d’entamer plusieurs chantiers de dépollution, sur l’ensemble de ses 80 sites dans le monde. « Une démarche proactive, sans aucune obligation réglementaire qui s’inscrit dans une volonté d’excellence environnementale » souligne d’emblée Gaëtan Pastorelli, directeur Sécurité et Environnement d’Umicore BP France, chargé également de faire visiter le chantier aux habitants du Bassins, écoliers, élus set autres industriels. L’opération, lancée sur l’antenne de Viviez, la plus importante en France, est estimée à 35 millions d’euros. L’essentiel est financé par le groupe et 5% par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne. Souhaitant mettre en oeuvre les meilleures pratiques à ce jour, le géant belge a choisi comme maître d’œuvre, Séché Eco Services, filiale du Groupe Séché Environnement, spécialiste de la gestion de travaux de dépollution, prétraitement… Quant aux travaux qui ont commencés en 2007, ils sont encadrés par arrêté préfectoral et placés sous le contrôle de l’antenne régionale de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement).

Ce projet consiste à débarrasser les anciens lieux de stockage de leurs résidus d’exploitation (environ 1 million de m3) chargés principalement en cadmium, puis de les rassembler, les stabiliser et les placer dans une alvéole d’une capacité de stockage de 1,3 millions de m3, d’une profondeur de 53 mètres et de la surface de onze terrains de football, dédiée, sécurisée et spécialement aménagée à cet effet. Afin de prévenir au maximum les émissions de poussières, l’ORAMIP (Observatoire Régional de l’Air en Midi Pyrénées) a installé une station météo et positionné des capteurs de contrôle d’air, au niveau des différentes zones d’excavation, en amont et en aval, par rapport aux vents dominants. Des rampes d’arrosage sont également disposées à ces endroits, ainsi que des stations de brumisation de façon à humidifier les résidus avant leur transport vers la zone de traitement. Quant au réseau de surveillance des eaux de surface, défini par le bureau d’étude Aquabio, agréé par la DREAL et l’Agence de l’Eau Adour Garonne et aménagés en bassins autour des zones d’extraction et celle de stockage, pour collecter toutes les eaux (en cas de défaut de qualité, les eaux seront orientées vers la station de traitement des eaux), ils sont surveillés continuellement.
Les cendres polluées, transportées dans un convoyeur d’1,6 kilomètre (choix technique privilégié par la volonté de limiter au maximum le trafic des poids lourds dans Viviez) depuis le site de l’Igue du Mas, sont rendues inertes vers l’usine de traitement de Dunet, dotée de son propre laboratoire de contrôle, construite spécialement pour ce chantier. Là, l’objectif est de les rendre inerte d’un point de vue chimique et mécanique. Ils subissent une encapsulation (enrobage) à l’aide de chaux, de sulfure de sodium et d’un autre composé dont le nom n’est pas communiqué (l’entreprise Séché détient un brevet dessus). On obtient des résidus de goethite (sur laquelle du cadmium, du nickel et du zinc se sont absorbés) malaxés avec les produits pendant une minute avant d’être de nouveau renvoyé vers l’alvéole de stockage de Montplaisir. Une phase de pleine dépollution qui doit encore durer un peu plus d’un an.
A la fin des opérations, programmée d’ici 2015-2016, la nature reprendra enfin ses droits. Une phase de réhabilitation paysagère recréera alors un cadre naturel favorable à la biodiversité.
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