
À la suite de manifestations qui se sont tenues à l’initiative du collectif d’autodéfense face au contrôle de l’administration (CAFCA) lors des réunions de Commissions de Solidarité Territoriales (CST) à Saint-Girons et à Pamiers, le président du Conseil général a décidé de passer à l’offensive. En ligne de mire, trop de bénéficiaires qui ne rempliraient pas leur « devoir »
par Philippe Serpault sur www.frituremag.info
Le bilan du RSA, trois ans après sa mise en place, est sans surprise compte tenu du contexte économique et social où l’on voit croître les inégalités et la pauvreté. Le rôle dévolu au Conseil général est de panser des plaies béantes avec des moyens de plus en plus limités : « Nous sommes un peu débordés par le coût du RSA dont l’objectif n’est pas de durer éternellement », reconnaît Augustin Bonrepaux qui s’en prend non pas aux responsables d’une politique qui a conduit à cette situation, mais à ceux qu’il a nommés des « individus de mauvaise foi », en parlant du CAFCA. Si le président du Conseil général admet des droits pour les plus démunis, il a cependant rappelé : « Ils ont surtout des devoirs ». En 2011, l’Ariège comptait 6083 personnes percevant le RSA, une dixième place au niveau national. Les bénéficiaires perçoivent en moyenne une somme de 425,78 euros par mois ; pas vraiment de quoi mener la grande vie. Il est entendu que le RSA reste un accompagnement en vue de l’insertion des personnes concernées, mais leurs projets de vie ne cadre pas toujours avec la vision de l’économie que peuvent avoir ceux qui décident de l’attribution de la prestation.
Devenir autonome
Il se trouve que dans le département, l’avenir professionnel semble bien balisé et l’on doit entrer dans la norme : « Quelqu’un qui veut s’installer en Ariège comme auto-entrepreneur pour construire des yourtes, c’est ubuesque », s’emporte Augustin Bonrepaux qui, visiblement, ne goûte guère à cet habitat, à moins que ce ne soit au statut d’auto-entrepreneur. Le vice-président du Conseil général en charge de ce secteur délicat aura eu la lourde tâche d’arrondir les angles aux côtés d’un président très remonté : « Notre rôle n’est pas de maintenir la personne dans un état de dépendance, celle-ci doit devenir autonome », tempère André Montané, qui souhaite par ailleurs, « dédramatiser les situations. » Ceux que le Conseil général persiste à nommer des « bénéficiaires du RSA » vont avoir quelques difficultés à rester sereins face à un tel discours. « Nous avons parfois un public très éloigné de l’emploi, la précarité peut aussi être intellectuelle ou sociale, des repères ont pu être perdus et l’accompagnement peut être long », poursuit André Montané.
Ainsi pour 2012, la gestion de cette prestation d’aide sociale s’élève à 25,9 millions d’euros soit 1,8 millions d’euros de plus que prévu en début d’année.
Au total, en matière d’insertion, le Conseil général mobilise près de 30 millions d’euros, soit près de 200 euros par habitant et par an.
« Les budgets sont de plus en plus serrés, nous devons vérifier que ce que nous versons soit bien utilisé. Il n’est pas question de gaspiller les crédits de plus en plus réduits » a précisé pour sa part Augustin Bonrepaux.
Ainsi, l’homme a décidé de renforcer les contrôles pour débusquer les bénéficiaires qui ne joueraient pas le jeu. Dans le cas où le bénéficiaire ne remplit pas ses obligations, la loi prévoit des sanctions graduées, allant de la diminution du montant du RSA à sa suspension pure et simple. Pour cette "population", le changement, ce n’est pas pour maintenant. La misère n’est sans doute pas esthétique dans les vallées.