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Billet de blog 17 octobre 2012

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Parc Garonne, le paysage au détriment du milieu

Porté par le Grand Toulouse, le projet prévoit le réaménagement de 32 Km de berges et de plus de 3000 hectares à l’horizon 2030. Les premiers chantiers doivent démarrer d’ici 2013. Certaines associations mettent en cause la démarche environnementale et le manque de concertation. L’aménagement du parc naturel rime t-il vraiment avec une préoccupation écologiste ?

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Porté par le Grand Toulouse, le projet prévoit le réaménagement de 32 Km de berges et de plus de 3000 hectares à l’horizon 2030. Les premiers chantiers doivent démarrer d’ici 2013. Certaines associations mettent en cause la démarche environnementale et le manque de concertation. L’aménagement du parc naturel rime t-il vraiment avec une préoccupation écologiste ?

par Armelle Parion sur www.frituremag.info

Toulouse aura bientôt son Central Park, et même mieux. Le Grand Parc Garonne sera dix fois plus grand que l’original, reliant sept communes et 32 Km de berges, de Gagnac au sud de Toulouse, sur une superficie total de 3165 hectares. L’île du Ramier, rebaptisée « Parc toulousain », devrait y jouer le rôle de poumon vert, une fois le déménagement du Parc des expositions à Beauzelle effectué, en 2015. C’est en ces termes que la communauté urbaine de Toulouse présente ce projet foisonnant, qui ambitionne d’« établir des continuités pédestres et cyclables  », de «  valoriser le patrimoine fluvial naturel et bâti, en renforçant le corridor écologique et la découverte des lieux emblématiques de Toulouse », et de «  renforcer les usages en lien avec l’eau  ». «  Il s’agit d’un projet pharaonique, mais il comporte des freins administratifs et techniques », admet Daniel Benyahia, vice- président de Toulouse métropole. « Notre but est de lancer les premiers chantiers avant la fin du mandat  », reconnaît l’élu.

Valoriser l’axe Garonne

Le Grand Parc Garonne est imbriqué dans un autre chantier phare, lancé quelques mois auparavant : celui du réaménagement du centre-ville de Toulouse par l’architecte catalan Joan Busquets. Les deux projets participent d’une même volonté de renouer les liens entre ville et fleuve, avec la construction, par exemple, d’un «  Arc culturel » reliant par une continuité piétonne les ports Saint-Pierre, de la Daurade et Viguerie, l’hôtel Dieu et le quai de Tounis. L’agence TER d’Henri Bava, responsable de l’étude urbanistique et paysagère du Grand Parc Garonne, a choisi, parmi ses 40 opérations pilotes, qui seront réalisées avant 2015 pour 30 millions d’euros, la création d’une passerelle sur le Touch, à Blagnac. Les urbanistes prévoient aussi, dans le cadre de l’aménagement du parc fluvial naturel au nord, l’installation d’un bac entre Blagnac et Fenouillet, et la transformation du Moulin du Naudin en observatoire naturel. Une vingtaine de portes de Garonne créeront par la suite des interfaces entre la ville et le fleuve.
Le projet se veut à la fois tourné vers la culture, les loisirs, le sport et la nature. Une dizaine de parcours sportifs et naturalistes tisseront un réseau de transports doux. Une halte fluviale pour les sports nautiques doit voir le jour sur les berges d’Empalot, et une «  Via Garona », cheminement réservé aux piétons et aux cycles, constituera en 2020 le réseau principal du Grand Parc Garonne. « Nous approuvons l’idée de réaménager les berges, mais nous ne sommes pas favorables aux pistes cyclables, qui cohabitent mal avec les piétons en général », commente Olivier, membre actif de l’association Vélorution. Plusieurs associations reprochent également au projet du Grand Parc Garonne son manque de concertation.

La dimension écologique en question


Fotocommunity

Les associations de protection de l’environnement partagent la volonté de valoriser le fleuve, tombé à l’abandon, et de rétablir un corridor écologique pour préserver les espèces animales et végétales. Mais elles contestent la méthode choisie. «  L’idée de créer des passerelles pour que les habitants se réapproprient la Garonne est intéressante, mais il faudrait donner la possibilité au fleuve de s’épanouir. Exploiter la Garonne en tant que zone verte ne permet pas de la restaurer », analyse Michèle Dessaivre, chargée de mission zones humides à Nature Midi-Pyrénées. L’association craint que l’écosystème ne soit pas assez pris en compte dans ce projet. « La Garonne est en très mauvais état. Au lieu de créer des zones de loisirs, on ferait mieux de réinonder les forêts, qui jouent un rôle majeur pour le maintien du corridor écologique  », ajoute Michèle Dessaivre. Un projet de réserve naturelle régionale au nord du confluent Ariège-Garonne et la création de zones humides entre Fenouillet et Seilh font cependant partie des opérations pilote. Mais le fleuve va certainement encore y perdre ses derniers côtés sauvages.

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