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Billet de blog 20 mai 2014

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Un bon bol d'aérotram

A l’heure où la nouvelle municipalité de Toulouse remet en cause le projet d’aérotram reliant les facultés à la colline de Pech David, pour paraît-il un coût sous-évalué par la précédente mairie, voici un voyage d’anticipation en 2017 : bien sûr ce n’est pas l’Everest, ce n’est que la colline de Pech David. Mais elle était restée infranchissable … ou quasiment !

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A l’heure où la nouvelle municipalité de Toulouse remet en cause le projet d’aérotram reliant les facultés à la colline de Pech David, pour paraît-il un coût sous-évalué par la précédente mairie, voici un voyage d’anticipation en 2017 : bien sûr ce n’est pas l’Everest, ce n’est que la colline de Pech David. Mais elle était restée infranchissable … ou quasiment !

 Par Georges Lemaure sur www.frituremag.info

Cette colline -qui a vu prospérer les Tectosages, assemblés en quelques villages, qui ne se savaient même pas gaulois- était aussi irréductible à la civilisation automobile que le fameux village d’Armorique. Pech David, promontoire de la dernière colline du Lauragais, une langue d’argile qui meurt à la confluence d’Ariège et de Garonne défiait les automobilistes : trop pentue pour y dresser en ligne droite une route de beau gabarit, trop étroite pour y déployer des lacets, cette colline énervait les aménageurs en charge du développement du « tout voiture » des années 50 à 2000, soit la moitié du siècle dernier.

Pour joindre les deux grandes plaines où se développait le monde commercial et technologique, Portet-Basso Cambo, plaine de la Garonne et Rangueil/Labège, plaine de l’Hers, il fallait contourner ce vilain nez de Pech David, ce pied de nez gaulois. Enjamber deux bras de Garonne, longer Empalot, se faufiler dans les marais de Rangueil fraîchement urbanisés pour les étudiants en science et médecine, grimper jusqu’au CHU de Rangueil ou s’évader entre Hers et Canal jusqu’à « Montaudran des satellites » ou « Labège d’innopole » demandait patience et longueur de temps.

A la DDE, on se grattait la tête. Les cartons gardent mémoire de nombreux projets : une autoroute qui doublerait la rocade existante et de Portet à Labège éventrerait Auzeville a bien été envisagée. Mais ce charmant petit village venait de donner au monde le Président du Sicoval. Ballot ! Une variante surfait sur la limite de Ramonville et d’Auzeville traversant ou presque le complexe chimique. Sans avenir. Les plus inventifs des ingénieurs de l’Équipement inventèrent la taupe. On avait bien fait Fourvière, on pouvait faire Pech David : le tunnel était la solution ! Les producteurs de tunneliers y étaient très favorables. Las, un trafic insuffisant ne permettait pas la rentabilité pour le groupe de BTP !

A Toulouse enfin, s’imposa la méthode dite au rugby de « l’évitement ». Si tu ne peux rentrer dans la colline (pick and go), si tu ne peux traverser entre les villages (franchir la ligne d’avantage), cherche l’évitement, (le cadrage-débordement). En d’autres termes évite, saute l’obstacle. Qui eût l’idée géniale ? Nul ne le saura. L’histoire retiendra que ce fut Pierre Cohen, maire de Toulouse et président de Tisséo qui signa au bas du parchemin et engagea les travaux de l’Aérotram. Idée simple et lumineuse, s’appuyant sur l’évolution des techniques. Nulle ville n’avait tenté l’expérience : le transport aérien restait identifié aux sites de montagne. Ce moyen de transport, considérablement amélioré, permet de déplacer 1500 personnes à l’heure dans de bonnes conditions, dans des cabines pouvant accueillir 35 personnes dont plus de la moitié assises et/ou accompagnées de leur vélo.

C’est pourquoi aujourd’hui, samedi 24 juin 2017 je suis envoyé spécial dans l’Aérotram de Toulouse pour La Daube du Midi, qui a pris la succession de Friture. « Sois subjonctif » m’a hurlé le rédac chef, un jeunot, fils de famille, cravaté de noir, qui sort des écoles. « Subjonctif ? Tu ne veux pas dire subjectif ? ». « Mais non crétin des Pyrénées ! T’as jamais entendu parler du journalisme gonzo ! Un buvard, deux champignons, trois fines herbes, et zou, youpie, tu t’envoies en l’air ! Tu vannes, tu daubes ! »

La station Oncopole, d’où je pars ressemble aux deux autres, celle de Pech David ou de Paul-Sabatier. Il s’agit de plate-formes situées à une dizaine de mètres du sol, de la hauteur d’un immeuble de quatre étages auquel on accède par ascenseur ou escalier roulant, stations dessinées par les architectes anglais WilkinsonEyre Architects. Un bus volant, un aérotram part chaque minute trente. Il met dix minutes pour amener les passagers à Paul-Sabatier, soit près de trois kilomètres de vol.

Pour répondre à la demande, je m’approche d’une personne plutôt senior, accompagnée d’un gamin.
« Pour quelle raison, prenez-vous l’aérotram ? » j’ose.
La mamie me regarde abasourdie, le gamin rigole en coin.
« Vous ne savez pas ? le croisement des lignes ?
« Le croisement des lignes ? »
« Ben oui, avec l’appli de mon petit fils, on calcule et on prend la cabine que va croiser le prochain A380 d’Air France. Quand nous sommes dans la cabine, l’A380 passe au dessus de nous et nous pouvons le suivre jusqu’à son atterrissage sur la piste. Nous sommes plein axe, vous comprenez ? Un point de vue imprenable »
« ... »

« Et puis on descend à Pech David et on fait la même chose en sens inverse. C’est ça le croisement des lignes, c’est comme le rayon vert ! »

Le boss a raison, je devrais utiliser des adjuvants avant de partir en reportage.

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L’aérotram... suspendu !
Le projet initié par Pierre Cohen d’un téléphérique, baptisé "Aérotram", entre l’Oncopôle de Langlade et Rangueil via Pech-David n’était pas particulièrement dans le viseur de Jean-Luc Moudenc pendant la campagne. Mais la nouvelle équipe au Capitole dit avoir découvert le coût de ce tram suspendu : estimé à 44 millions lors de sa présentation en avril 2013, le projet aurait d’après Jean-Michel Lattes vu son coût total augmenter à 80 millions d’euros, voire plus. Avec Jean-Luc Moudenc, il estime que c’est trop cher pour transporter environ 7000 personnes par jour. Une Décisison sera rapidement prise par la nouvelle équipe au Capitole.

Source France 3

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