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Billet de blog 20 juin 2012

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Peuple? Tu parles! Par Dick Annegarn

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

© Photo Guillaume RIVIERE
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Je suis chanteur de variété, depuis 40 ans. Varier les plaisirs, comme les jongleurs, danseurs, musiciens et poètes des pays méditerranéens, est mon commerce, ma chance. Je visite les villes qui m’invitent. Comme un explorateur. Autant de communes, autant d’actions culturelles, de programmes, d’états d’esprit à observer. Autant d’expériences.

par Dick Annegarn sur www.frituremag.info

Tous les politiques s’octroient une mission culturelle quasi éducative du public. Pourtant peu d’entre eux ont réussi à animer à la hauteur de leur mission. Art populaire, arts de la rue, chanson engagée, culture dissidente, démocratie participative. Qu’est-ce qu’ils n’ont pas inventé pour séduire le peuple ?

Le front populaire a créé les congés payés et les Maisons de la Culture. Mai ’68 a créé la culture dissidente et politique. Mais les taureaux s’ennuient toujours le dimanche. Parce que le lien social ne s’est toujours pas fait entre peuple et culture. La culture c’est pour les bourgeois. Le peuple a ses loisirs. Pops. Manger, le sport, les mots croisés, la télé, facebook… La musique amplifiée, le rap, le slam, la BD, les arts numériques sont relégués à quelques temples contemporains et à quelques festivals prestigieux. Le peuple s’ennuie. Devant l’écran.

Et la littérature orale ? Les contes, épopées, chants et autres pastorales réservés aux peuplologues diplômés ? Et les palabres, proverbes, discours, prêches, tensons, disputationes et tous ces amusements verbaux des mushairas pakistanais, des helkas berbères, des Hide-Park Corners londoniens, des places Jmaa Nfna marocains, des places Beaubourg parisiens ? Et toutes ces manifestations politiques à joutes oratoires prolixes, ces plaidoyers devant des tribunaux pleins à craquer, ces salles de spectacles où des humoristes s’en donnent à cœur joie de mal-parler. Cela ne serait que de la sous-culture ?

Il n’y aurait que les one-man-shows de psychanalysé(e)s qui mériteraient les résidences d’artistes en Avignon ? Et les festivals de lectures sinistres pour enseignants de « gôche », les subventions ? Le rendez-vous de ces dernières années de créations institutionnelles a été raté. La crise n’autorisera plus cette complaisance « classiste » et généreuse, sans susciter la réprobation d’une population frustrée.

Supposons que la littérature exista depuis 24h00. Ça ferait 23 heures qu’on se parle, joute, raconte, chante. Cela ne fait qu’une heure qu’on s’écrit. Au départ littérature se comprenait orale, populaire, mythologique et religieuse par les épopées, les odes et les chants. N’étaient écrit que ce que les églises et les académies voulaient bien transcrire. La littérature s’est définitivement embourgeoisée depuis que Flaubert a mis l’intrigue adultère au centre de ses romans. L’Art est réservé à une élite instruite. Le théâtre, la chorégraphie, les arts plastiques et récemment les « instâllâtions » seraient ainsi l’expression de l’excellence. Mais cet artiste autiste résulte d’une aliénation occidentale individualiste. Dans d’autres sociétés l’artiste représente la collectivité. Mariages, fêtes, cérémonies et célébrations transforment les êtres en artistes occasionnels.

Dans la société poétique et gasconne les amis du verbe ont leur place. Depuis 2002 notre association existe bon an mal an. L’Académie des arts floraux, la poésie des troubadours, la pratique des tensons, l’histoire des radicaux, le mouvement occitan, le forum des langues, la profusion de chanteurs toulousains, tout corrobore pour que cette capitale régionale soit la capitale nationale de la littérature orale. Et de la chanson.

  • La suite du texte sur www.frituremag.info

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