Philippe Gagnebet (avatar)

Philippe Gagnebet

Journal du bord

Abonné·e de Mediapart

303 Billets

1 Éditions

Billet de blog 20 juillet 2011

Philippe Gagnebet (avatar)

Philippe Gagnebet

Journal du bord

Abonné·e de Mediapart

Tournefeuille, la banlieue où la culture s’engouffre

Philippe Gagnebet (avatar)

Philippe Gagnebet

Journal du bord

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

par Ariane Mélazzini-Dejean

Comment une politique culturelle intelligente peut-elle changer la face d’une ville et de ses habitants ? Quelques éléments de réponse sont à chercher du côté de Tournefeuille, devenue en l’espace de dix ans la troisième ville du département de la Haute-Garonne et l’une des plus attractives de la région toulousaine. De nombreux acteurs culturels, en quête de soutien politique, y ont trouvé refuge et assurent depuis le sursaut culturel en étroite collaboration avec les élus.

Aujourd’hui, le discours de Danielle Buys, première adjointe au maire et déléguée à la culture tient presque de la philosophie : « Chez nous, la culture est basée sur l’utopie, elle est le seul moyen de transformation de l’individu et de la société, on y croit profondément ». Et elle a raison d’y croire. Depuis l’arrivée du maire Claude Raynal, elle est aux premières loges pour piloter d’ambitieux projets culturels. En 1997, l’activité municipale se contentait d’une quinzaine de spectacles par an, d’une petite bibliothèque, alors que la ville comptait déjà une population jeune et active en pleine expansion. Une seule solution à ses yeux : booster les pratiques culturelles. Son premier chantier sera la mise en relation des trois services municipaux pour une plus grande efficacité : la Médiathèque, l’École d’enseignements artistiques et le service culturel. Et ce, sur les conseils d’un certain François Lajuzan, devenu depuis le directeur des Affaires culturelles de la ville. Le trio alors formé (Raynal-Buys-Lajuzan) va insuffler en quelques années un vent de folie dans la vie culturelle.

Tout a commencé par un « travail invisible de médiation et d’éveil culturel pendant plus de trois ans, mené auprès des institutions, des artistes (mise en place de résidences artistiques, demande de subventions, etc.), puis surtout avec les habitants, les réseaux sociaux, éducatifs et associatifs. À l’époque nous n’organisions aucun événement, ce n’était pas très gratifiant, on se moquait même de nous quand on faisait venir des artistes dans les écoles », se souvient F. Lajuzan. Puis, le travail invisible devient visible. La construction de la nouvelle Médiathèque en 1999, les premiers rendez-vous du festival Cuba Hoy, l’installation de la Compagnie Emmanuel Grivet, l’installation du cinéma Utopia, de la salle de concerts du Phare, du festival Marionnettissimo et une étroite collaboration avec L’Usine. La ville devient rapidement une terre d’accueil pour les acteurs culturels régionaux en quête de soutien politique.

Culture et politique : l’art de faire bon ménage

L’Usine est l’un des premiers à s’installer sur la commune en 1994, dans une ancienne usine de menuiserie, avec l’accord du maire PS de l’époque, Bernard Audigé. Mais l’arrivée des artistes de rue ne semble pas ravir le voisinage, dont les préjugés finissent par brouiller les relations entre la mairie et les artistes. Status quo et autarcie jusqu’en 1998. Un an après son élection, quand Claude Raynal opte pour une politique inscrivant la ville dans une démarche clairement culturelle, L’Usine change de visage : premières subventions, premières conventions avec l’État, le décollage est imminent. « Le deuxième tournant a lieu en 2008 : l’Usine est financée par la communauté urbaine du Grand Toulouse, l’État, la région, le département et la ville. Il devient pour la première fois un lieu d’intérêt communautaire, conventionné. Si notre commune d’implantation n’avait pas activé tous ses réseaux et fait pression pour que ça existe, nous n’en serions pas là aujourd’hui », rappelle Mathieu Maisonneuve, directeur du lieu depuis 2003.

Soutien à tous les niveaux, des frais de fonctionnement aux commandes artistiques, l’investissement municipal ne se mesure pas qu’en euros. « La recette de cette réussite, c’est un service culturel structuré, à l’écoute, les répartitions et missions sont très claires, la ville mène une importante politique de mutualisation entre tous les acteurs implantés sur son territoire. Nous partageons, par exemple, souvent les frais de compagnies, avec les équipes de Marionnettissimo.

Là où d’autres villes ont des difficultés à fédérer les acteurs, la ville de Tournefeuille....

L'intégralité du reportage sur www.frituremag.info

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.