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Billet de blog 21 février 2012

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Au café des Sans-culottes

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Brèves rurales de comptoir par Laurent Roustan sur www.frituremag.info
MARÉCHAL NOUS VOILA. « Tu sais, Dédé, moi je veux pas polémiquer, tu le sais, mais notre président bien aimé, là, il ne se le serait pas joué un peu Pétain, la semaine dernière, à Lavaur ?

- De quoi tu parles ?
- Ben tu sais, Sarkozy était venu voir le maire de son parti, le Carayon, et il a été accueilli par les enfants de l’école qui l’appelaient en brandissant des drapeaux bleu blanc rouge. Ça m’a rappelé des images de l’époque de Vichy, pareil, quand les gamins accueillaient Pétain pareil un peu partout, en agitant des drapeaux. Sauf qu’à l’époque, il y avait pas la couleur aux actualités. Il ne manquait plus que les petits uniformes d’écoliers, tu sais, la blouse et tout ça.
- Ouais, je reconnais, ça fait un peu suranné, ce genre de truc. Mais de là à y voir des parfums de peste brune…
- Je suis d’accord avec toi, Dédé. Mais il aurait pu au moins prévenir les parents, non ? Je te dis pas, il y en a qui sont furax, qui crie à la manipulation, à la propagande.
- Ah ça c’est normal : tout le monde ne peut pas être de Vichy.
- T’es con, Dédé. Ce que t’es con…
 »

ÉCOLIERS, POIL AUX PIEDS. Il n’empêche que ça rentre sévère en résistance, dans l’éducation nationale. C’est génétique, c’est dans les chromosomes : toute espèce en voie de disparition se braque, montre les dents, essaie de renverser la tendance. On fait des coupes franches dans l’Education nationale pour éponger un poil la folie des grandeurs du monde de la finance. Les gamins, c’est con, quand tu as un peu d’autorité tu leur fais faire ce que tu veux, comme à Lavaur, mais ça s’adapte. Tu leur fais une classe à 50 dans un abribus, ils s’adaptent, ils arrivent même à apprendre quelque chose. Encore faut-il qu’il y ait assez d’enseignants dans les abribus. Là, ça commence à coincer. Les enseignants évidemment, à qui l’on interdit de prendre les transports en commun, les parents parce qu’au moins, avec un enseignant dans l’abribus, leur gamin avait un peu plus de chances de ne pas rater l’autobus, et vous allez voir qu’un jour, même s’ils sont cons, les élèves de maternelles vont finir par demander à quelqu’un pourquoi deux et deux ça fait quatre, alors que deux mains plus deux mains, ça fait vingt doigts.
Alors ça râle. A Lavaur parce que les parents ne veulent pas que leur marmaille soit prise pour des chères têtes bien blondes, et un peu partout parce qu’on retire les profs des abribus, quand on ne retire pas l’abribus tout court. A Saint-Sernin par exemple, dans l’Aveyron, ce sont les conseillers municipaux qui se sont inscrits au primaire pour que l’école conserve un poste d’enseignants. Ailleurs on occupe les écoles, on manifeste devant les inspections académiques… Mais maintenant, faut faire gaffe, les directeurs d’écoles peuvent porter plainte. Celui de Latronquière dans le Lot, par exemple. Du coup, les parents d’élèves, qui multipliaient les actions contre la fermeture d’une classe du collège, ont été ramassé par les gendarmes et ont été entendus. Comme des délinquants. Ils leur ont dit quoi, d’abord ? Très exactement «  on a perdu trois classes sur sept en trois ans, et il faudrait qu’on soit contents ? ».
Bon d’accord : ils avaient présenté leurs revendications à la manière des groupes terroristes, avec une cagoule sur la tête, ou encore avaient été manifester nus devant l’inspection académique à Cahors… Ouais… Après réflexion, peut-être que ça serait pas mal, une indépendance de l’éducation vis-à-vis de l’État. Pour ce qu’il veut nous apprendre…

MALFRAT POUBELLE. « C’est marrant, cette histoire du président PS des Bouches du Rhône, Jean-Noël Guérini. Guérini, Mariani, mais quand tu t’appelles d’un nom italien comme dans la mafia, tu t’amuses pas à faire de la politique en France, c’est trop voyant. Surtout à Marseille, quand on sait que la mafia, elle est partout : dans les syndicats, dans les vestiaires de l’OM, dans les bistrots, et même que la Bonne mère, elle est plaquée en or véritable, et que malheur à celui qui irait lui gratter la pellicule. On a beau être une crapule, on en n’est pas moins très pieux. Enfin bref, Guérini, il est mis en examen pour association de malfaiteurs, trafic d’influence et prise illégale d’intérêt dans une histoire de marchés public. Rapport que son frère Alexandre, il est patron de décharge et que les ordures, il en fait son beurre. C’est marrant : ça vous rappelle pas cette histoire de poubelles à Naples ? Le trafic des ordures tenu par la Camorra ? Moi je te dis que Marseille, c’est vraiment de chez vraiment une ville en Italie. 

LE CHIEN EST UN MEUBLE. Edith et Jean-Marie sont voisins, ils habitent Marseille. A force de se croiser sur le palier, ils se disent qu’ils sont peut-être faits pour vivre ensemble, ce qui à quelques mètres près est tout à fait vrai, et ils deviennent amants. Edith a une chienne, Lancelotte, qui met bas. Dans l’élan de son amour, elle donne à Jean-Maire un chiot femelle (dit-on une chiotte ?) qu’ils baptisent ensemble Poupette. Mais au bout de 15 mois, les amants se rendent compte qu’ils ne peuvent partager au mieux que le numéro de la rue, ou l’escalier de l’immeuble, et l’idylle prend fin. Seulement, Edith veut récupérer Poupette et Jean-Marie ne veut pas. Alors Edith le traîne en justice par la laisse. Mais la justice a finalement donné raison à Jean-Marie. Au titre qu’en droit, le chien est considéré comme un meuble, et que selon l’article 2.276 du Code civil, possession vaut titre. Et que donner c’est donner, reprendre c’est volé. Jean-Marie peut donc garder Poupette. Pour lui meubler sa solitude.
Chienne de vie…

FRECHUS LYCEUM.
Vous connaissez Georges Frêche. Mais si : le maire de Montpellier qu’est mort y a pas longtemps. Un personnage, un trublion qui disait parfois des conneries plus grosses que lui. Qu’avait le parler du Sud quoi, et que j’en rajoute à la louche. J’me souviens, il y a 30 ans déjà, on l’appelait l’empereur romain, le Titus ou le Néron de la ville. Il a construit tout un quartier façon grecque ou romaine de l’Antiquité, mais tout neuf. Antigone, que ça s’appelle, il se voyait bien en toge, le Fréchus.
Il a fait une place des Grands hommes, aussi, où il a foutu les statues de Lénine, Churchill pour le cigare, De Gaulle, Roosevelt et Jean Jaurès. Et bientôt même il va y avoir Gandhi, Nasser, Mao et Nelson Mandela, et même Golda Meir, que je me demande plus si c’est un homme ou une femme.
Et ben le Fréchus, il va l’avoir aussi, sa statue, si si. Elle va faire plus de 3 mètres de haut, mais attention, post-mortem, il est devenu modeste, le bonhomme. C’est pas sur la place des Grands hommes qu’il va la mettre, sa statue. C’est à l’entrée du lycée hôtelier qui porte modestement son nom. Il faut avouer quand même que Georges Frêche, il était plus doué à table qu’à l’Assemblée.

DOUBLE PEINE. «  Alors, ça y est ? Il s’est présenté contre lui-même, le Sarkozy ?
- Ben oui. Mais pourquoi tu dis qu’il se présente contre lui-même ?
- Parce qu’il y en a deux, de Sarkozy. Il y a le modèle qu’on connaît, qui en gros dit qu’il va faire tout ce qu’il n’a pas fait et qu’il va nous sortir de la gadoue où il nous a mis. Et puis t’as l’autre, en version blonde.
- Ah oui : la Marine et ses gars.
- Et puis tu peux y aller, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Tous les deux éructent qu’ils sont le peuple et tout ça. Si mon aïeul sans culottes était là, il la ressortirait, sa fourche, pour leur trouer les fesses un peu plus qu’elles ne sont.
- Je comprends pas pour quoi dans son discours, Sarkozy a dit qu’il aimait les platanes…
- Parce que y a pas plus con qu’un platane. Y a qu’un truc plus con qu’un platane, c’est un jeune quand il a une idole comme Johnny.
- Et oh les gars, arrêtez de dire des conneries, finissez vos verres et allez tchatcher ailleurs, je ferme.
- Oh ça va, ça va…
- Non mais c’est vrai : Johnny, on respecte.
 »

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