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Billet de blog 24 avril 2014

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«Comme les familles d’otages, nous sommes aussi des victimes»

Ce mercredi 23 avril, le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, recevait à huis clos Place Beauvau une dizaine de familles de djihadistes français, juste après avoir exposé son plan anti djihad en Conseil des ministres. Parmi ces parents venus de Nice, Roubaix, Strasbourg et Toulouse, Dominique Bons, la mère de Nicolas, djihadiste toulousain mort dans la région de Homs le 22 décembre 2013 (Lire ici).

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Ce mercredi 23 avril, le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, recevait à huis clos Place Beauvau une dizaine de familles de djihadistes français, juste après avoir exposé son plan anti djihad en Conseil des ministres. Parmi ces parents venus de Nice, Roubaix, Strasbourg et Toulouse, Dominique Bons, la mère de Nicolas, djihadiste toulousain mort dans la région de Homs le 22 décembre 2013 (Lire ici). Au cours d’une réunion de près de deux heures Bernard Cazeneuve a détaillé les mesures prises pour enrayer les départs des ressortissants français pour la Syrie.

 Propos recueillis par Jean-Manuel Escarnot sur www.frituremag.info

Comment cette réunion s’est-elle déroulée ?
Dominique Bons : J’ai ressenti une réelle prise en compte de la situation des familles. Comme les familles des otages, le Ministre nous a dit que nous étions considérées comme des victimes. Il connaissait bien le cas de chacun d’entre nous. Après nous avoir exposé les mesures du plan anti djihad présenté le jour même en Conseil des Ministres il a fait un tour de table où chacun d’entre nous a exposé son témoignage.

Les mesures prises sont-elles adaptées ?
Dominique Bons  : Le Ministre a été franc. Il a reconnu qu’il était très difficile d’empêcher les départs pour la Syrie. Notamment la mise à jour des filières. Pour ce qui est des mineurs, la remise en place de l’autorisation parentale pour la sortie du territoire est une bonne décision. Le décret sera appliqué dès ce jeudi 24 avril. La confiscation des passeports pour ceux qui sont soupçonnés de vouloir partir est aussi une bonne mesure. Il nous a aussi précisé que l’interception des flux internet était possible uniquement pour la France. Il est donc nécessaire d’adapter ce dispositif à l’ensemble de l’Europe.

Quelle a été la teneur de votre intervention ?
Dominique Bons : J’ai parlé de la difficulté pour les familles d’obtenir un certificat de décès pour ceux dont les enfants sont morts en Syrie. C’est déjà suffisamment difficile de faire le deuil sans voir le corps. Il m’a assuré que ses services se chargeraient de trouver une réponse.

Quel est votre message pour les familles ?
Dominique Bons : Se regrouper. Ne pas rester isolées. Et pour celles qui ont gardé le contact, même mince, il faut préserver ce lien, sans les blâmer mais en leur disant que leur retour est possible.

Des mesures face à un phénomène grandissant

Selon les services de renseignements une trentaine de dijhadistes seraient partis depuis trois ans de la région toulousaine pour la Syrie. Les profils de ces gens sont multiples : convertis, jeunes de quartier issus de famille musulmane, hommes, femmes et plus récemment des couples.
Toulouse et sa région est avec le Sud-est une des régions les plus touchées par le phénomène.
« Cela est du à la présence d’un noyau dur actif depuis 2004 » explique un analyste des services de renseignements.
En Août 2007 une filière d’acheminement de combattants vers l’Irak avait été démantelée à Toulouse. L’un de ces membres serait mort dans un attentat suicide dans la région de Fallouja à cette période.

Le plan du gouvernement Source Le Monde

Au cœur de ce plan, largement élaboré par l’actuel premier ministre Manuel Valls : repérer de façon précoce ces jeunes qui souhaitent partir pour combattre les forces de Bachar Al-Assad.
Les principales lignes de cette stratégie avaient été définies en début d’année par François Hollande, en comité restreint. L’inventaire de propositions couvre trois domaines : le renseignement, la surveillance et la prévention de l’islam radical.

Parmi les mesures concrètes prévues, une cellule de crise pour les parents désemparés qui soupçonnent leurs enfants de vouloir s’engager dans cette voie devrait voir le jour.. Ces jeunes seraient alors pris en charge par des professionnels. Autres mesures-clés de ce projet, la mise en place d’une coopération entre les pays à l’échelle européenne, ou en tout cas de l’espace Schengen, et la réintroduction de l’autorisation de sortie du territoire pour les mineurs.

Le gouvernement a avancé le nombre de 700 Français qui se trouveraient actuellement dans les rangs djihadistes en Syrie.

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