
La défense de l’assouplissement des droits d’auteur, la protection de la vie privée des citoyens, la légalisation du téléchargement, mais aussi la lutte contre les monopoles privés et la transparence des institutions. Autant de thèmes portés et relayés par la section Midi-Pyrénées du Parti Pirate qui souhaite s’investir davantage sur l’ensemble du territoire régional avant de penser aux municipales et européennes de 2014.
Par Mathieu Arnal sur www.frituremag.info
Bousculer l’échiquier politique traditionnel français, c’est le pari du Parti Pirate (PP). Loin du succès rencontré par ses homologues suédois et allemands, le mouvement n’a commencé réellement qu’à se structurer et à essaimer localement qu’en 2011. En près d’un an, de nombreuses assemblées générales ont été organisées et permis d’étendre les revendications du parti et de voter un programme commun avec cinq mesures phares : la légalisation du partage non marchand, la transparence politique, l’indépendance de la justice, l’ouverture des données publiques (open-data) et la lutte contre le fichage abusif. Ces rencontres se sont accompagnées d’une importante mobilisation sur internet avec le lancement d’un site de campagne lors des élections législatives de juin dernier. Une formidable rampe de lancement qui a permis en quelques mois de tripler le nombre d’adhérents. Aujourd’hui, ce sont près de 900 militants dont une cinquantaine en Midi-Pyrénées, l’une des quatre régions avec l’Île-de-France, Rhône-Alpes et l’Alsace où les Pirates sont les plus actifs.
Un écho favorable
Carole Fabre, conseillère formation en web social, a rejoint la section régionale en janvier. Candidate sur la troisième circonscription de Haute-Garonne lors des élections législatives, elle ne regrette pas d’avoir participé à l’aventure car le message porté par les Pirates a convaincu un électorat plutôt jeune (18-30 ans), sans pour autant parvenir à franchir la barre des 1 % dans la Région. Sensible à la défense des libertés numériques et aux conséquences sur le « peer to peer social » (espace de partage et de coopération, co-working, co-voiturage…), le mouvement a aussi intéressé des citoyens plus âgés et pas forcément « geeks ». « J’ai réussi à convaincre des personnes âgées qui en ont marre des partis politiques traditionnels et qui sont sensibles à des thèmes comme la transparence politique et la lutte contre le fichage. » Le programme n’est pas figé. Chaque Pirate peut, selon ses compétences et ses désirs, défendre d’autres mesures dites contributives. Ainsi, Carole Fabre, par ailleurs coordinatrice du Groupe d’Instauration pour un revenu d’existenceen Haute-Garonne (GIRE 31) milite activement pour le revenu de base.
Michel Amorosa, lui, défend la comptabilisation du vote blanc et le mariage pour tous. Intrigués, des membres d’Europe Ecologie Les Verts et certaines personnalités du PS comme Catherine Lemorton sont venues échanger avec ces nouveaux « poils à gratter » politiques, « pirater » certaines idées. « Certains, favorables à la lutte contre la corruption et les conflits d’intérêt, ont signé la charte Anticor et d’autres ont ratifiés celle du logiciel libre qui promeut le libre dans les administrations et les collectivités locales » confie Michel Amorosa.
En dehors de Toulouse
Présents numériquement et sur les réseaux sociaux, les adhérents de la section locale organisent chaque mois des apéros pirates. L’occasion d’aller vers les citoyens et de leur expliquer en toute convivialité leur démarche. Jusque-là majoritairement cantonnés à la sphère toulousaine, ils souhaitent progressivement essaimer sur toute la région. « On a bien l’intention de délocaliser les apéros pirates vers Albi, Tarbes, Auch… Ceux qui y viennent adhérent à nos thématiques et réagissent en faisant des suggestions ou des propositions. Par la suite, il y en a certains qui sont prêts à s’investir au sein du mouvement. » avance Raphaël Isla, autre Pirate toulousain, qui organise des soirées pédagogiques sur l’open-data, le droit d’auteur ou le financement participatif. Dans la besace du Parti Pirate, l’interdiction du brevetage du vivant et des dérives de semences stériles peut séduire les populations des zones rurales. « Il est anormal que des sociétés commercialisent des semences de plantes stériles et des clones qui obligent les agriculteurs à racheter chaque année de nouvelles semences et à utiliser des pesticides vendus par ces mêmes sociétés. Nous souhaitons interdire ces pratiques dès l’instant qu’une alternative existe. » affirme ainsi Cédric Levieux, Pirate du Tarn-et-Garonne. Une alternative parmi tant d’autres, et un logiciel politique à améliorer sans cesse.
- Le Parti a déjà la tête aux futures échéances électorales. Le mouvement mise en effet sur les élections européennes de 2014, dont le mode de scrutin proportionnel est plus favorable aux petites formations et pour lesquelles les Partis Pirates européens présenteront un programme commun. Pour suivre l’actualité de la section Midi-Pyrénées du Parti Pirate : https://midi-pyrenees.partipirate.org