
Rodez, chef lieu de l’Aveyron, perché sur sa butte, à quelques pas du plateau de l’Aubrac. Vous ne connaissez peut-être pas encore, et pourtant, bientôt peut-être « le monde entier » viendra découvrir la petite ville de 27 000 habitants. Peut-être, car la cité vit un changement colossal. Un gigantesque musée d’art contemporain en l’honneur du peintre vivant le plus renommé au monde sera inauguré le 30 mai au cœur de la ville : le musée Soulages.
par Grégoire Souchay sur www.frituremag.info
Il était une fois, à Rodez, un maire qui aimait la culture et qui connaissait le travail d’un artiste contemporain mondialement célèbre, Pierre Soulages. Celui-ci, outre ses qualités artistiques, avait le bon goût d’être natif de la ville. « Ma première rencontre avec Pierre Soulages date de 1978 », raconte Marc Censi, maire de droite de 1983 à 2008. « Je suis tout de suite tombé en admiration devant le travail de l’artiste sur le noir et la lumière ». Alors, une fois aux affaires, Censi va « travailler au corps » Soulages pour faire naître l’idée d’un lieu en son honneur à Rodez. On ne parle pas encore d’un musée. Car les élus des huit communes environnantes « ne voyaient pas forcément l’intérêt d’une telle ambition ». Il faut donc dégainer pour les convaincre des arguments économiques et touristiques : « Nous n’allons pas continuer à voir passer 12 millions de touristes dans l’Aveyron, quand 300 000 s’arrêtent à Rodez ! » s’exclame Censi. Sauf que, pour capter ce flux, il faut repenser complètement et très rapidement l’aménagement du foirail, cet immense espace au centre-ville de Rodez. Au programme donc, un musée d’art contemporain au milieu d’un grand jardin public, un centre des Congrès, assorti à un cinéma, un parking souterrain et une salle des fêtes rénovée, le tout à quelques pas des autres musées de la ville (Fenaille et Denys-Puech) et du centre historique. « C’était un grand projet cohérent, avec des atouts économiques indéniables », continue à penser Marc Censi.
Pour quelques millions de touristes de plus
Cela n’empêche pas des voix discordantes de se faire entendre : tandis qu’à gauche, on pointe la « mégalomanie du projet », à droite, dans le propre camp du maire, certains rechignent à dépenser vingt millions pour le musée d’art contemporain. Là encore, les arguments économiques font mouche : « des centaines d’emplois créés, de l’activité pour la ville toute l’année ». Progressivement, l’idée fait son chemin. Le 13 septembre 2005, après de longs mois de discussions, Pierre et Collette Soulages procèdent officiellement à la donation de 500 pièces de l’artiste à l’Agglomération du Grand Rodez, avec l’engagement de construire un musée dédié dans les cinq ans. Le label « Musée de France » est attribué dans la foulée et le 6 juillet 2006, le Conseil de l’Agglomération vote à l’unanimité en faveur du projet. Dans la ville, la population ne se manifeste pas par un enthousiasme débordant, c’est peu de le dire. Au café de la Paix, aux abords du centre-ville, dans un bar plus rock que baroque, je rencontre René Duran. Ecrivain, poète, chroniqueur dans la feuille de chou locale, Le Nouvel hebdo, il fut à l’initiative des premiers débats contre le projet : « il fallait voir comment on nous l’a présenté : un projet gigantesque bouleversant tout le centre-ville avec un coût énorme et tout ça pour des expositions d’art contemporain, sacrément peu accessible au public. Forcément, c’était mal perçu. »
Sentiment confirmé par Jean-Claude Leroux, ancien responsable de l’association des Amis du Musée Soulages. « Ceux qui, comme moi, défendaient le projet culturel dès le début étaient très rares. Soulages lui-même gardait une certaine méfiance envers la ville qui, comme il le soulignait, ne l’avait jamais accueilli ». Pour les plus initiés, c’est sa femme Colette qui a eu un rôle prépondérant dans sa décision.
2008 : Le maire passe, le musée reste
Puis vinrent les municipales de 2008. Marc Censi, élu sortant, choisit de se retirer de la vie politique. La ville vit alors un changement d’époque. Pour la première fois depuis 55 ans, la mairie passe à gauche et Christian Teyssèdre, du PS, l’emporte. Mais du passé, pas de table rase. Le musée est là, ficelé, l’appel d’offre auprès des architectes est lancé. Et forcément, comme l’explique Ludovic Mouly, alors président PS de l’Agglomération, « dire non au projet à ce moment-là aurait été irresponsable. Nous avons cherché à réorienter l’ensemble vers une dynamique culturelle plus populaire ». Le projet de centre de Congrès est abandonné au profit du multiplexe – auquel on ajoute une discothèque – et de la salle des fêtes. Et pour le musée : banco. Une équipe catalane, RCR Arquitectes, est choisie au terme d’un concours rassemblant les plus grands architectes mondiaux, afin de travailler à l’intégration du musée dans le paysage, selon le souhait de Pierre Soulages lui-même. Enfin, en juin 2009, le Conseil d’Agglomération approuve l’investissement de 21,4 millions d’euros (hors taxes) pour le réaménagement du foirail et la construction du musée.
Depuis, les travaux, malgré deux ans de retard, suivent leur cours et le musée longtemps hypothétique est sorti de terre. Il se dresse, imposant sur un flanc de la butte, avec ses tons ocre et noir, grand parallélépipède planté au cœur de la ville. 2500 personnes ont pu visiter le chantier, dont le Président de la République lui-même, en compagnie du conservateur, Benoît Decron, qui ne ménage pas ses efforts pour faire découvrir le travail de l’artiste. Mais qu’en est-il de la population ? Que va-t-elle faire de ce musée ? Car comme l’affirme le conservateur, « un tel projet ne peut se concevoir sans la population de la ville qui l’abrite ».
Les habitants : « Une bombe pour réveiller la ville »

Or justement, il suffit de discuter quelques minutes au marché du bourg pour constater combien le musée Soulages ne fait toujours pas l’unanimité : Non, je n’aime vraiment pas ».« Qu’on en finisse », « ils feraient mieux de brûler » et « mettre les sous dans les poches des gens », « on s’en fout royalement », « on dirait un blockhaus ». Comme le résumait un élu avec humour, le principal problème du musée, c’est Rodez et les ruthénois ! ». Encore ce vieux conservatisme catholique rouergat ? René Duran nuance : « La ville change. On n’a plus cette séparation si franche entre les bas-quartiers populaires et le centre historique bourgeois ». Lui s’est opposé au musée Soulages car « copier de la surenchère architecturale et urbanistique n’est pas forcément voué au succès ». Il s’inquiète aussi : « Rodez est une petite ville où il n’y a pas de débat esthétique, artistique. Avec Soulages, que vont devenir les créateurs locaux ? ».
En sillonnant le centre, je découvre le tout nouvel office de tourisme estampillé « In Rodez », le nouveau slogan anglo-compatible de la ville. Au coin de la rue, je me faufile dans la boutique d’optique de Claire Méravilles. Dans son magasin, un étage entier a été aménagé pour des expositions temporaires. « Cela a permis à pas mal de petits créateurs de démarrer », raconte-t-elle. Forcément, on lui demande ce qu’elle pense du musée Soulages. « Au départ, je n’étais pas convaincue. Certes c’est un grand peintre mais le projet est quelque peu surdimensionné ». Avec le temps, elle voit aujourd’hui ce projet « plutôt comme une chance pour la ville, quelque chose d’un peu extraordinaire qui fait bouger les lignes ».
Quelques foulées de plus et me voilà sur un autre versant de la colline sur laquelle est perché le bourg. Devant moi, la Menuiserie, splendide bâtisse de bois verni, décorée et colorée. Jeanne Ferrieu, son animatrice, m’accueille à bras ouverts. « C’est une ancienne menuiserie reconvertie en lieu associatif et culturel. C’est un endroit ouvert qui respire la vie et qui accueille les artistes sans préjugés ». En atteste ce costume bizarre fait de plumes de pintades, « c’était une performance », explique-t-elle. À l’étage inférieur, Zefrino, un créateur venu du Mozambique, travaille au milieu de masques tous plus étranges les uns que les autres. Dans un anglais approximatif, il me désigne l’une de ses créations avec fierté : « j’ai fait don d’un de ces masques au musée ». Pour Jeanne, « le musée est une chance incroyable, une bombe qui tombe sur la ville pour la réveiller ».
La ville : à deux heures de tout, au milieu de nulle part
Je retourne dans le centre-ville en quelques minutes. Devant moi, la cathédrale se dresse, imposante, tandis que sur la place d’Armes, les travaux prennent encore du retard, l’entreprise De Lima qui fournit les nouveaux pavés se trouvant en rupture de stock. Plus loin, près du Foirail, on coupe les arbres aux abords du futur musée, « un sacrilège, des arbres centenaires », maugrée-t-on derrière moi. On sent bien que malgré les efforts, tout n’est pas au point. Il y a toujours un esprit de village, un peu rude, dans cette petite ville de campagne, qui reste quand même très isolée. « Nous sommes à deux heures de Toulouse, Clermont et Montpellier et au milieu de nulle part », résume Ludovic Mouly, ex-président de la Communauté d’Agglomération du grand Rodez [note]. Justement, comme l’explique Guilhem Serieys, jeune élu Front de Gauche au Conseil Régional, « c’est en partie de cet isolement que Rodez tire son développement. La ville est trop loin pour être absorbée par la métropole toulousaine. » D’où l’implantation ancienne de la Bosch, première entreprise du département avec 1200 salariés. Selon les données de l’Agglomération, le taux de chômage reste très faible (5,2%) et le PIB par habitant est le deuxième de la région après Toulouse.
Revers de cet isolement, le tourisme, lui, ne décolle pas. Malgré la classification comme Grand Site Midi-Pyrénées, Rodez reste encore dans l’ombre du viaduc de Millau et des autres pôles touristiques du département (Conques, lacs, plateau de l’Aubrac ou gorges du Tarn). Ainsi, pour une capacité d’accueil de 200 000 lits sur le département, le pays ruthénois n’en compte que 35 000. « Tout cela sera réglé d’ici peu », promet Ludovic Mouly. Mais d’autres problèmes purement logistiques se posent : l’aéroport éloigné (voir encadré), l’autoroute A75 entre Clermont-Ferrand et Montpellier qui évite soigneusement la ville... Même pour le train la situation est compliquée. Exemple : pour venir de Toulouse à Rodez, pas d’autre choix qu’un TER avec changement obligatoire à Carmaux et 3 heures de trajet pour 150 km. Et ne parlons pas de relier Montpellier, avec un seul trajet quotidien en bus via Millau. « Il n’y a pas un restaurateur qui accepte d’ouvrir après 21 heures, où mangeront les riches touristes londoniens ? » s’amuse René Duran. Rodez by night, ce n’est pas encore ça.

À l’Agglomération, on me certifie que des discussions sont en cours et que le projet va créer jusqu’à 300 emplois directs dans le secteur touristique « sans parler de tous les emplois induits dans le reste de l’économie », insiste Fabrice Geniez, le vice président de l’Agglomération chargé de la Culture. Mais si l’ambition de rassembler le monde entier est sincère, les infrastructures n’y sont pas et pour l’instant la ville n’est pas encore prête à accueillir les « estrangers ».
Reste que dans tous les services de l’Agglomération on attend ardemment l’ouverture. « On n’a plus le choix, il faut y croire maintenant », confie un de mes interlocuteur à la Mairie. La création dépasse désormais ses propres créateurs. Tout a été mis dans ce grand projet de réaménagement de la ville mais personne ne sait ce qu’il en sera ensuite. « C’est un pari sur l’avenir », nous avertissait Jeanne Ferrieu. Un pari fou, pour une ville qui peut l’être beaucoup moins. Les festivités de « L’Année d’avant » (comprendre, l’ouverture du musée) viennent de démarrer avec des conférences et des animations pour tenter d’approcher l’œuvre, du moins pour ceux qui auraient la curiosité de s’y pencher. Et ils ne sont pas si nombreux.
L’énigme de la médiation culturelle
La critique artistique, souvent facile dans ce genre de projets, est néanmoins incontournable, que ce soit pour le bâtiment mais aussi pour l’œuvre de Soulages, obscure à bien des titres. Fabrice Geniez en convient : « moi le premier, la première fois que j’ai vu du Soulages, je n’ai pas compris ». Mais il insiste : « les ruthénois doivent être les premiers ambassadeurs du musée et tous les efforts sont faits dans ce sens ». Ainsi, Benoît Decron, conservateur du musée, me présente en détail toutes ses actions dans les écoles et lycées. Il assure que « le musée pourra être ouvert gratuitement un dimanche par mois et accessible aux moins de 18 ans. » Aux côtés du musée, on trouvera un restaurant Bras, du nom du grand chef étoilé aveyronnais, avec un menu gastronomique accessible - promet-on - aux petits budgets.
Là encore, la bonne volonté est là, mais elle ne suffit pas, comme le rappelle Jean-Louis Roussel, chargé de la culture à la mairie d’Onet-le-Château, commune voisine qui s’est dotée d’un théâtre flambant neuf. « Nous avons enfin les outils pour mettre en place une vraie dynamique. La question centrale, c’est qu’il n’y a toujours pas de politique culturelle globale et de vision cohérente d’avenir ». Une anecdote à cet égard : si l’Agglomération dispose bien d’un vice-président à la Culture, elle n’a toujours pas reçu la délégation de pouvoir en la matière. Comme si les élus de l’Agglomération se considéraient encore comme « incompétents » pour organiser une politique culturelle d’envergure.
C’est finalement Marc Censi, l’ancien maire, qui résume le mieux la situation.« L’enjeu central c’est de convaincre. Soulages peut être un échec si nous n’arrivons pas à correctement faire cette médiation culturelle, c’est à dire ce pont entre le monde de l’art, de la culture et les publics ». Et Benoît Decron de conclure, sous forme de boutade : « Contrairement à l’évidence qui veut que le noir soit sombre, Soulages a réussi à faire jaillir la lumière de cette couleur noire. Pourquoi n’en serait-il pas de même avec ce musée ? ». Réponse le 30 mai 2014 pour l’ouverture officielle.
Note : L. Mouly a démissionné au début de l’été pour un travail au sein de l’entreprise GDF Suez. Il a été remplacé à la tête de l’Agglomération du Grand Rodez par Christian Teyssèdre.
Trois questions à Benoît Decron, conservateur du musée Soulages
Quelle est la démarche artistique de Soulages ?
Picasso disait « c’est quand je ne cherche plus que je trouve ». La démarche de Soulages a été de dire « c’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ». C’est la base de l’art abstrait. Et il ne faut pas croire que cela soit inaccessible. J’ai vu des personnes peu familiarisées avec l’art contemporain fondre en larmes devant une œuvre de Soulages.
Pourquoi un tel musée à Rodez ?
D’abord parce que Soulages a ses racines à Rodez. Ensuite, toute son œuvre résonne de cette terre. Rien que l’architecture du musée en témoigne : les tons ocre et sombres ne sont pas sans parenté avec la roche du Rouergue. Le musée a été pensé pour se fondre dans le paysage, en lien avec la nature environnante et le jardin du Foirail. Enfin, on ne mesure peut être pas l’ampleur des donations successives réalisées par l’artiste. Non seulement il y a les œuvres, mais également toutes les autres pièces, outils, matériaux qu’il a utilisé. On retrouvera par exemple dans le musée tous les procédés de fabrication des vitraux de Conques.
Que répondez-vous à ceux qui disent ne pas aimer la peinture de Soulages ?
Je leur dis : « soyez curieux ». Il faut accepter les règles pour entrer dans le jeu de l’art qui exige un certain effort. Je comprends tout à fait que l’on puisse rester insensible devant certaines œuvres. L’art appartient à ceux qui le regardent. Mais nous mettons justement tout en œuvre pour ouvrir l’accès à son œuvre. Car le travail de Soulages est un véhicule pour aller ailleurs et tendre vers l’universel. Et cela, nous pouvons tous le ressentir.
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Très cher musée
21,5 millions d’euros (hors taxes), c’est le coût total estimé pour le musée. On le sait, le budget d’un équipement culturel n’est pas comparable avec un budget classique. « On ne construit pas des musées pour être rentable », confiait le conservateur du musée Soulages. Ce qui n’empêche pas de savoir qui le finance, comme le détaille le compte rendu du Conseil d’Agglomération du 13 décembre 2011 :
- l’Etat : 4 millions, dont 3 au titre du contrat de projet Etat-Région, sur cinq ans.
- la Région Midi Pyrénées : 4 millions, dont 3 au titre du contrat de projet Etat-Région, sur cinq ans.
- le Département de l’Aveyron : 4 millions.
- l’Agglomération du Grand Rodez : 9,5 millions.
Quant au budget de fonctionnement annuel, il est évalué à 1,2 millions d’euros, des négociations étant toujours en cours pour une éventuelle participation de l’Etat.
Ça, c’est ce qui est publiquement annoncé. Car dans le même compte-rendu, on trouve une ligne d’autorisation de dépenses de 26 millions d’euros pour le musée, plus en phase avec les estimations externes à celles de la municipalité. Comble de malchance, en décembre dernier, le département de l’Aveyron revoyait son financement de 4 à 2 millions d’euros. Enfin, ce budget ne couvre que les travaux du musée Soulages auxquels il faut ajouter la rénovation de la salle des fêtes (7 millions), le multiplexe de cinéma et le parking souterrain (21 millions) et le réaménagement du foirail.
L’aéroport sur une route semée d’embûches
À priori ça pourrait sembler tout bête. Une liaison Ryanair régulière de Rodez à Londres, Bruxelles et Dublin et 150 000 passagers en 2012. Et pourtant, l’aéroport de Rodez-Aveyron a le fâcheux inconvénient d’être situé sur la commune de Salles-La-Source, qui fait partie de la Communauté de Communes de Conques-Marcillac. Résultat, aucune ligne de bus régulière ne fait la jonction entre l’aéroport et le centre-ville. Et le problème n’est pas réglé car le syndicat des taxis locaux fait pression pour éviter que ne s’installent des transports en commun concurrents. Les moins fortunés seront-ils condamnés à venir de l’aéroport à pied ?
Le musée Guggenheim de Bilbao : l’exemple à suivre
Tous ces projets de grands musées dans des villes moyennes ne sortent pas de nulle part. C’est Bilbao, en pays basque espagnol, qui a lancé le concept avec la construction du musée Guggenheim, en 1997, sur une ancienne friche industrielle. Et ce musée d’art contemporain, aussi célèbre pour ses collections que pour son architecture, est une vraie réussite. Le budget de 150 millions a été remboursé en six ans seulement, le nombre de visiteurs annuel dépasse les 1,3 millions, là où 500 000 étaient attendus. Le musée a également permis de créer 45 000 emplois dans cette ancienne région industrielle sinistrée. Et avec une contribution de 1,5 milliards au PIB régional, les élus locaux peuvent bien dire que « la culture n’est pas une dépense, mais un moteur du développement économique ». Alors le musée fait des émules, toutes les grandes villes du monde veulent leur propre Guggenheim. Sauf que la spéculation est plus au rendez-vous que la création artistique. A Las Vegas comme à Berlin, les musées ont depuis fermé leurs portes. Tandis que le plus grand de tous les musées est en construction à Abou Dhabi (Emirats Arabes Unis), la liste des projets annulés, elle, ne cesse de s’étendre : Salzbourg (Allemagne), Tokyo, New-York, Rio (Brésil), Guadalajara (Mexique), Taiwan, Helsinki (Finlande). Et à Rodez ?
