À six mois des élections municipales, l’actualité politique montpelliéraine est la recherche des têtes de liste. Si tous les partis politiques seront représentés, personne ne sait encore qui mènera la bataille. Petit tour d’horizon dans le marigot politique local où l’abstention culmine à près de 50%.

par Nicolas Séné sur www.frituremag.info
PS : « la Comédie de Montpellier »
À Montpellier, le Parti socialiste est incontournable. Il est à la tête de la mairie depuis trente-six ans, gère le Conseil général de l’Hérault et est à la tête de la Région Languedoc-Roussillon. Georges Frêche administrait d’une main de fer tout ce petit monde jusqu’à ce qu’il passe brutalement l’arme à gauche le 24 octobre 2010. La course à l’héritage du controversé personnage est donc ouverte. Et on y trouve « tous les ingrédients d’un Vaudeville aux contours de farce et parfois de drame », écrit Dominique Porté, auteur de « Frêche, l’héritage en partage »*. À noter aussi le fort taux des abstentionnistes : « De 1977 à 2008, le nombre de ces derniers a explosé : plus de 132%, passant de 2 800 à 64 000 électeurs. Mais n’anticipons pas, et place à la Comédie de Montpellier. »
Effectivement, dans les rangs PS, les candidats affluent. La plupart sont des « bébés Frêche » modelés par leur mentor commun. La première d’entre eux est la maire sortante Hélène Mandroux qui vient de se mettre en congé du parti refusant de participer aux primaires militantes. Élue en 1983 sur la liste de Frêche, il la choisit en 2004 pour prendre la mairie puis la méprise quand elle se démarque de lui. Son atout reste sa notoriété notamment acquise en procédant au premier mariage d’un couple homosexuel largement relayé par les médias.
Celui qui tenait la corde jusqu’à maintenant est Jean-Pierre Moure, le président de Montpellier Agglomération, « un pur produit du frêchisme qui ne doit pas seulement son fauteuil au décès de Georges Frêche, mais aussi et surtout à sa qualité de grognard silencieux. » Il a lancé officiellement sa candidature le 27 février dernier dans un café de la place de la Comédie. Dans l’assistance, on pouvait compter nombre de personnalités qui « ont tous des liens contractuels ou commerciaux avec l’agglomération », comme l’a remarqué Montpellier Journal. Outre son manque de charisme, l’ancien cadre de La Poste a cumulé les fautes politiques. D’abord sur la Contribution financière des entreprises (CFE) qui a fortement augmenté et mobilisé en force les entrepreneurs. Puis sur le manque de démocratie avec le renouvellement du contrat de l’eau en délégation de service public. Enfin, avec son triste record en tant que maire de Cournonsec qui a le titre de commune « la plus endettée de l’agglo de Montpellier ».
Autre frêchiste pur sucre, Philippe Saurel, représentant du courant Valls. « ... celui dont Georges Frêche avait dit qu’il ferait un bon maire ne cesse depuis 2010 de répéter son souhait sans appel et sa volonté irrévocable de devenir le premier magistrat. » S’il n’est pas investi, il ira en dissidence. La droite lui a déjà fait un appel du pied en envisageant une négociation au deuxième tour avec lui.
Pour ajouter à la cacophonie, le jeune Michaël Delafosse, actuel adjoint à l’urbanisme, vient de se déclarer et commence à engranger les soutiens comme celui d’André Vezinhet, président du Conseil général. S’il a annoncé sa ferme intention d’être investi, des bruits courent qu’il roulerait pour Moure. « Michaël Delafosse a sans doute saisi l’opportunité de se présenter car il n’a pas grand chose à perdre. S’il gagne, c’est le jackpot. S’il perd, il pourrait être incontournable dans la campagne un peu comme l’ont été Manuel Valls ou Arnaud Montebourg, lors de la primaire pour la présidentielle. Et il prend date pour les prochaines échéances », analyse Jacques-Olivier Teyssier, directeur de publication de Montpellier Journal.
Pour finir, deux candidats à la candidature sont aussi sur les rangs : Laurent Beaud du courant de la gauche du PS et Azedine Douair qui faisait jusqu’ici campagne pour Saurel. Les militants socialistes trancheront courant octobre.
EELV : des courants de Verts
Du côté d’EELV, la défection du leader Jean-Louis Roumégas a surpris. En 2008, il avait pu se maintenir au second tour où il a fait un score de 18,62%. Aujourd’hui député, il laisse la place à Mustapha Majdoul qui fait partie de la même motion « En ordre de marche ». Il est sûr d’être élu par les adhérents le 30 septembre prochain car il est le seul homme à se présenter et que les statuts indiquent l’élection d’un binôme paritaire. Face à lui, deux femmes sont en lice. D’un côté, Maryse Pechevis, soutenue par Roumégas et issue des rangs de « En ordre de marche ». De l’autre, Jacqueline Markovic, de la motion « Ecolos actifs » qui ne présente pas d’homme. D’où le risque qu’un seul courant soit représenté.

Front de Gauche : la lutte des places
Pour le Front de Gauche, plusieurs candidats se proposent à la tête de liste unitaire. Le Parti de Gauche mise sur la jeunesse en proposant sa nouvelle porte-parole : Muriel Ressiguier. Cette jeune femme de 35 ans qui travaille à la direction du cabinet médical de la Sécurité sociale dit vouloir « une politique utile » pour Montpellier. La Gauche anticapitaliste propose Francis Viguié (ex-LCR et NPA), élu d’opposition au conseil municipal. Du côté du PCF, la section locale a affirmé son choix d’une liste autonome au premier tour en nommant Roger Moncharmont, animateur des municipales. Mais les élus composant la majorité dont Michel Passet, secrétaire fédéral, sont pour une liste de rassemblement le plus large possible, PS inclut.
UMP : un candidat nommé désir
Pour l’UMP, le candidat désigné nationalement est le conseiller municipal d’opposition Jacques Domergue. Pendant des mois, il a laissé traîner le suspens. Officiellement, en tant que dirigeant de l’Institut régional du cancer de Montpellier, il attend le feu vert de son conseil d’administration pour une mise en disponibilité durant les trois mois de campagne. Il faut dire que dans une ville comme Montpellier, la droite a bien du mal à émerger.
UDI-Modem : mariage heureux ?
Les deux partis centristes Modem et UDI devraient partir ensemble même si dans chaque camp des voix se font entendre pour faire différemment. Quoiqu’il en soit, Anne Brissaud (UDI) est pressentie pour conduire la liste.
FN : le chien de garde de l’extrême droite
Le Front national a misé sur France Jamet, digne héritière du parti à l’image de Marine Le Pen. Fille d’Alain Jamet, co-fondateur du FN, elle est aussi présidente du groupe FN à la Région et devrait développé une campagne autour des axes chers à l’extrême droite.
*Frêche, l’héritage en partage - Dominique Porté - Éditions Cairn, août 2013. Sauf indications contraires, les citations suivantes sont extraites de ce livre.