L'organisation internationale du travail (OIT), une agence de l'ONU, a publié un rapport concernant le travail forcé dans le monde.
Communiqué de presse : https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_920160/lang--fr/index.htm
Rapport (48 pages) : https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_norm/---ipec/documents/publication/wcms_918036.pdf
Parmi les informations rapportées, la principale est que les organisations criminelles qui utilisent le travail forcé engrangent 236 milliards de dollars de profits illégaux chaque année. C’est exactement le montant de la fortune personnelle de M. Bernard Arnault, chef d’entreprise français (https://urlz.fr/pYuB).
Il n’y a, a priori, aucun rapport entre les deux.
Hormis, peut-être, que les deux phénomènes, l’ampleur du travail forcé dans le monde et la richesse extravagante d’un humain, sont deux des symptômes du temps présent. La destruction progressive du travail légal, notamment en France, accouplée à celle des différents filets de protection sociale devant permettre aux individus qui en sont victimes d’y faire face, n’est qu’un des moyens employés par des milliardaires, symbolisés par le premier d’entre eux, pour accumuler davantage encore de richesses. La précarité croissante est rendue possible par l’incitation des plus fortunés, par l’Etat, à s’exonérer de l’effort financier collectif. Travail forcé croissant et ultra-riches sont deux des valeurs fondamentales de la société bâtie par nos dirigeants politiques et médiatiques.
Pour déminer toute vision idyllique de la civilisation occidentale quant à la réalité du travail forcé, il suffit de lire le rapport : le taux de personnes ayant subi au moins une journée de travail forcé en Europe et Asie centrale est de 4,4 pour mille, soit la deuxième position après les Etats arabes. Mais les profits illégaux sont massivement captés par l’Europe : 84 Mds $, soit 36% du total. Chaque victime de travail forcé en Europe rapporte beaucoup plus à son exploiteur que partout ailleurs dans le monde…
Sans surprise, ce qui génère les plus gros profits est l’exploitation sexuelle commerciale forcée, avec 73% des revenus, alors que ses victimes ne constituent ‘’que’’ 27% du total des personnes subissant le travail forcé. Avec 34% du total, l’Europe domine à nouveau le classement de ces profits par rapport aux autres régions du monde.
Les autres domaines où sévit le travail forcé dans le secteur privé sont respectivement l’industrie, les services, l’agriculture puis le travail domestique.
Vous avez un doute sur la notion de travail forcé ? ‘’Est-ce qu’un produit que j’achète, un service que j’utilise est issu du travail forcé ?’’ Par exemple, si un employeur n’est pas un être humain, mais un algorithme, est-on en présence d’un travail librement consenti par les deux parties ? Cela méritera peut-être réflexion la prochaine fois que vous commanderez votre repas pour livraison à domicile.