Lettre ouverte Pour une 6e République
Après avoir divisé la société pendant 7 ans, Macron bloque les institutions. Il est temps de changer de République et de mode de fonctionnement puisqu'il a échoué lamentablement à changer la politique du pays malgré ses - fausses - promesses disruptives, ne faisant qu'amplifier ses dysfonctionnements.
Non seulement il a provoqué le mouvement des Gilets jaunes par sa politique antisociale, géré de manière calamiteuse la première période du covid, généré des mouvements sociaux et professionnels légitimes contre une réforme des retraites injuste et pour pouvoir vivre dignement de l'agriculture, creusé un déficit abyssal avec ses gouvernements successifs, mais en plus il a précipité des élections législatives qui auraient pu avoir lieu en septembre et sans lien direct avec les élections européennes. Celles-ci n'avaient d'ailleurs pas modifié les équilibres politiques au niveau européen malgré les résultats en France.
Tout cela pose des questions constitutionnelles importantes. L'abus d'utilisation de l'article 49.3 a permis de valider une loi de réforme des retraites amputée au final de ses mesures sociales. Des élections législatives ont été décidées dans l'urgence sans les consultations suffisantes du premier ministre et des présidents des assemblées. Des ministres démissionnaires mais continuant de gérer les affaires courantes ont voté pour la répartition des présidences et vice-présidences à l'Assemblé nationale. La nomination du premier ministre issu du Nouveau Front Populaire, première force politique selon les urnes, est ensuite retardée indûment pour gouverner seul pendant les Jeux Olympiques, en espérant que son ex-majorité établisse une coalition lui redonnant une légitimité politique.
De toute manière, le pays est devenu ingouvernable avec trois principaux partis et coalitions politiques, n'ayant même pas chacun un tiers des voix à l'Assemblée nationale. Macron appellerait maintenant à un gouvernement d'union nationale puisque aucune coalition restreinte n'aurait la majorité absolue, alors qu'il aurait pu et dû le proposer avant de dissoudre l'Assemblée nationale et que c'est lui qui a divisé les partis et la société en président des riches contre le peuple. Même ses ex-faux amis de circonstance le lâchent maintenant et ce n'est pas à la gauche de se rallier à lui qui a mené une politique de droite depuis 7 ans.
La seule façon de sortir par le haut de cette chienlit institutionnelle est de passer à une 6e République, plus démocratique, plus juste, plus sociale et moins présidentielle. Cette perspective pourrait réunir plusieurs camps politiques pour contourner l'impasse actuelle. Des propositions existent en la matière et pourraient servir de base à des débats au Parlement, quitte à missionner un comité ad hoc, multipartite, avec aussi des spécialistes et des membres de la société civile, chargé de présenter un projet en fin d'année. Il en va de la responsabilité de tous ceux qui prétendent en assumer...
Fabrice Thuriot, docteur en droit public.