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Billet de blog 6 juin 2022

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STOP CASSE DE L'HÔPITAL PUBLIC !

Mardi 7 juin 2022 - Mobilisation pour l’hôpital : salariés et usagers ensemble | Journée nationale de mobilisation dans l’ensemble de notre champ du sanitaire, médico-social et social, privé et public, avec des actions dans les établissements et des initiatives dans les territoires et à Paris.

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Christophe Prudhomme

Billet d'humeur de la semaine - Épuisement et abandon

Voici l’histoire et les propos de Marie, 27 ans cette année qui a obtenu son diplôme d’infirmière il y a 6 ans et depuis travaille aux urgences de son hôpital. Son métier, elle l’a choisi. Elle a aussi été enthousiasmée par les urgences lors d’un de ses stages et elle a immédiatement pris le poste disponible dans le service à la sortie de son école. Elle a beaucoup appris sur le tas, car elle s’est vite rendu compte qu’elle ne connaissait pas grand-chose après ses trois ans d’études et que l’expérience s’apprend auprès des collègues qui ont un peu de bouteille. Elle a appris que cela s’appelle le compagnonnage. Elle a trouvé ce terme sympa, qui lui a rappelé ses cours d’histoire au collège sur les compagnons du Moyen-Age qui construisait les cathédrales. Bien sûr le travail n’est pas de tout repos, mais quelle satisfaction de voir l’amélioration de l’état d’un patient entré en situation de détresse et dont l’état s’améliore grâce à une prise en charge efficace de l’équipe. L’équipe, c’est ainsi qu’on s’appelle entre nous, l’équipe des urgences. Mais au fil du temps, cette équipe a perdu de sa cohésion. Tout d’abord, la direction de l’hôpital a supprimé les trois équipes – matin, après-midi, nuit – pour instaurer le travail en 12 heures. Malgré la pénibilité de ces plages horaires, les collègues ont majoritairement accepté car cela permettait de venir moins de jours dans la semaine et d’avoir plus de repos, même si la fatigue accumulée ne permet pas toujours de réellement en profiter. Mais bon, on est quand même à la maison. Beaucoup ont vite déchanté car du fait du manque de personnel, nous sommes très souvent rappelés pour assurer une quatrième plage de 12 h, ce qui fait 48 h au total. Quand on est de nuit, après nos 4 fois 12 h, on est vraiment décalqué. Et puis, il y a ce qu’on appelle les hospitalisations brancards. Ce sont les patients pour lesquels nous cherchons des lits en vain et qui restent alignés dans le couloir dans des conditions indignes et dangereuses car nous n’avons pas le temps de nous en occuper. Alors, elle est en colère quand elle entend des politiques et des médecins dire à la télé que c’est la faute des patients si les urgences sont engorgées car ils ne viendraient que pour de la bobologie. Ceux-là, ce n’est pas le problème, ils repartent avec une ordonnance et bon vent. Le problème, ce sont les personnes âgées qui arrivent de leur EHPAD ou de leur domicile car il n’y a plus de médecin qui vient à domicile alors, quand cela ne va pas, on appelle les pompiers qui les amènent aux urgences. Elle n’en peut plus de les voir attendre le médecin, puis un lit ou alors être renvoyé à domicile à 3 heures du matin sans que personne ne soit préoccupé s’il y avait quelqu’un chez eux pour les accueillir. Et puis, bon travailler la nuit avec une prime de 1,07 brut de l’heure, elle trouve qu’on se fiche vraiment d’elle. Elle n’en peut plus, alors elle a décidé de jeter l’éponge et c’est décidé, elle va démissionner le 1er septembre. Cela ne sera pas simple car il y a la maison à payer mais bon elle fera un peu d’intérim avant de savoir si elle retrouve un poste plus tranquille ailleurs qu’à l’hôpital ou si elle ne change pas carrément de métier. En attendant, elle pourra au moins voir un peu plus souvent son fils et son compagnon.

Dr Christophe Prud'homme, médecin urgentiste

"Soigner encore" (cover Danser encore-HK) Feat Alee, Corinne Masiero, soignants CHU Rennes et Nice © HK saltimbank

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EN IDF - Mobilisation pour l’hôpital : salariés et usagers ensemble

Appel_unitraire_du_7_juin_22_v4_002_-2.pdf

Rassemblement

Quand ?
Le 7 juin de 14h à 18h

Où ?
Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé
14 Avenue Duquesne, 75007, Paris, France

Journée nationale de mobilisation dans l’ensemble de notre champ du sanitaire, médico-social et social, privé et public avec des actions dans les établissements et des initiatives dans les territoires et à Paris.

Hôpital désespérément maltraité : il va y avoir des morts ! Faudra compter les morts !

Trois ans que nous, organisations syndicales de personnels hospitaliers ou collectifs, alertons sur la situation de l’hôpital public et aussi celle du médico-social et du social, en particulier lors de la manifestation du 14 novembre 2019. La Covid est
passée par là, les promesses aussi. Et l’horizon apparaît plus sombre que jamais. Trois ans (au moins) de retard pour former des personnels et donner envie de travailler dans le soin ou le social.

Les usagers sont en colère et très inquiets : l’accès aux soins de premiers recours est de plus en plus compliqué et l’hôpital n’assure plus son rôle de service public d’accueil en dernier recours. Les services d’urgence ferment les uns après les autres, ou restreignent l’entrée. Les retards de prise en charge se multiplient. Les Blocs déprogramment des interventions et ferment des salles d’opération tous les jours par manque de personnel.

Les personnels sont en colère et fatigués : ils ne peuvent plus remplir leur rôle de prise en charge correcte de la population malgré des contraintes professionnelles retentissant sur leur santé et leur vie privée. Même les médias alertent aujourd’hui sur la période estivale, mais la crise est déjà là, mettant en danger la santé de la population.

Sans aucune autre vision d’ensemble que celle de limiter l’augmentation des dépenses de santé, les gouvernements Philippe puis Castex ont géré à la petite semaine, répondant aux urgences par des mesures discriminatoires, comme des primes à l’embauche, sans considération pour les personnels déjà en poste, méprisés ! En filigrane, apparaît la volonté de casser les statuts pour singer la gestion privée, alors même que le scandale d’Orpéa montre combien cette gestion est contraire à l’intérêt général.

Au moment où notre pays va élire ses nouveaux députés, les personnels de santé et les usagers seront mobilisés le 7 juin : les revendications sont inchangées depuis 3 ans : 
 Recrutement de professionnel·le·s supplémentaires immédiatement et plan de formation pluridisciplinaire, ratio de personnel adapté à la charge de travail, respect des équipes et des plannings 
 Revalorisation générale des salaires pour rattraper les 10 ans de blocage, reconnaissance des contraintes et des pénibilités horaires (nuit, week-end) et reconnaissance des qualifications des professionnel·le·s 
 Renforcement des moyens financiers significatifs pour les établissements, recrutement de personnels (brancardiers, coursiers, ouviers, logisticiens, secrétaires) permettant de recentrer les soignants sur leur métier 
 Arrêt de toutes les fermetures d’établissements, de services et de lits et réouverture de lits, là où c’est nécessaire. 
 De réelles mesures qui garantissent l’accès, la proximité et une prise en charge optimale en terme de qualité et de sécurité des soins pour tout.e.s et tous partout.

Voir aussi : http://www.sante.cgt.fr/7-juin-2022-La-Federation-impulse-une-journee-de-mobilisation-nationale

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