Le volume des investissements français en Chine est toujours en retard par rapport à la concurrence allemande et anglo-saxonne, mais il est en forte progression depuis dix ans, avec la bénédiction des gouvernements français de droite comme "de gauche" : incitations à se saisir des "opportunités", mise à disposition des "délégations commerciales" et de leurs fonctionnaires, etc.
https://www.tresor.economie.gouv.fr/File/426269
« Les investissements français à destination de la Chine restent limités (1,9% du stock total des IDE français à l’étranger en 2014) mais ont beaucoup progressé durant la dernière décennie. La Chine est ainsi passée au 12ème rang des pays détenteurs de stocks d’IDE français, mais le stock d’investissements français dans le pays resterait deux fois moins important que le stock allemand.
Les 1 600 entreprises françaises présentes en Chine (près de 2 900 implantations) sont à l’origine de plus de 570 000 emplois en Chine, les 15 sociétés françaises avec les plus importants effectifs en Chine représentant environ 64% de ces emplois. La France serait ainsi le premier employeur européen en Chine selon Eurostat. Nos implantations réalisent un chiffre d’affaires de près de 80 Mds EUR.
Auparavant limités à quelques grands centres d’affaires situés dans des provinces côtières du sud et de l’est, ainsi qu’à Pékin, la destination des investissements français tend aujourd’hui à se diversifier. De nouveaux pôles d’attractivité se développent depuis quelques années, en particulier dans des villes du centre et de l’ouest du pays en phase de rattrapage économique (Chengdu, Wuhan etc.).
Le secteur manufacturier (industrie chimique, automobile et transports, équipements informatiques et électroniques et métallurgie essentiellement) concentre 42% du stock d’IDE français en Chine fin 2014. Il est suivi du secteur des services financiers (21% du stock total) malgré l’imposition de restrictions importantes à l’investissement étranger dans ce secteur, et des activités liées au développement durable (production et distribution d'eau, d’électricité, de gaz, gestion des déchets etc.). Stimulées par des politiques nationales en leur faveur, ces dernières ont cru à un rythme important au cours des dernières années et représentaient environ 11% des stocks d’IDE français en Chine fin 2013.
Un grand nombre d’entreprises françaises est impliqué dans des activités de recherche & développement afin de soutenir leurs bases de production et garantir l’originalité de leurs produits. »
Bien sûr, la première explication de la "compétitivité chinoise" est dans la sous-évaluation de sa monnaie, au sens commun du terme : un ouvrier chinois à deux dollars de l'heure ne pourrait ni se nourrir dans un hypermarché français (même chez Lidl), ni se payer un loyer à la parisienne. Grand mystère des "taux de changes" entre zinzins de l'industrie financière mondialisée...
Mais il y a une autre explication de l'engouement pour la Chine de nos "investisseurs" et de leurs CEO délocaliseurs : l'état d'urgence permanent de ce régime politique qui n'a de communiste que le nom.
Répression féroce des grèves et manifestations ouvrières, interdiction des organisations ouvrières indépendantes, emprisonnement de leurs dirigeants, encadrement étatique de la presse, liberté d'expression réduite à zéro sauf pour les officines de l'oligarchie internationale, etc... Bref, la police est partout et la justice nulle part !
En Chine comme ailleurs, la lutte des classes a des hauts et des bas : ses victoires, ses défaites, ses héros et victimes tombées au champ d'honneur. Sur ces choses, la presse bourgeoise est d'une discrétion de violette, allez savoir pourquoi, silence radio sur les mouvements de solidarité internationale, et pour en trouver trace sur Internet, il vaut mieux utiliser un autre moteur de recherche que Google.
https://www.wsws.org/fr/articles/2011/jui2011/pers-j29.shtml
http://docslide.fr/documents/comite-des-droits-ouvriers-en-chine.html
http://www.cgas.ch/SPIP/IMG/pdf/communique_no37.pdf, ...-no39.pdf, etc.
https://latribunedestravailleurs.fr/2015/12/17/chine-liberez-les-militants-ouvriers-arretes/
http://www.force-ouvriere.fr/chine-trois-defenseurs-des-droits-des-travailleurs-condamnes
Il y a aussi la répression quotidienne contre tout ce qui ose défier le personnel d'encadrement politique : harcèlement juridico-policier des militants, Internet sous haute surveillance, censure, etc... Exemple (parmi d'autres) de la démocratie made in China, cet entretien (écourté) entre un journaliste de la BBC et une Chinoise, candidate indépendante aux élections :
La procédure policière peut paraître exotique : les flics ne sont pas habillés en robocops, ils ne sont pas armés jusqu'aux dents, et leur langage est moins fleuri que celui du charretier de Cazeneuve, genre « Dégage, sale nègre blanc, sinon je te transforme en pâté pour chien ! ». Ils se sont même ni abstenus de mettre la tête du journaliste au carré...
Mais bon, le siège de la BBC n'est pas loin de la City, et ceci explique sans doute cela. Consigne du préfet : ne pas choquer la sensibilité anglicane de l'investisseur britannique. On applique la loi (du plus fort), mais sans déploiement de force inutile comme chez les Gaulois. Et c'est tant mieux pour les journalistes de la BBC, qui font un métier à risques.
Ceux de Radio Paris sont bien moins exposés : avec leurs micro-trottoirs sur "les primaires de la droite" dans le triangle Auteuil-Neuilly-Passy, tout ce qu'ils risquent, c'est de prendre un mini-pain sarkozyste dans la gueule. Et si hématome il y a, les soins seront entièrement remboursés par la Sécu...
Le Parti communiste chinois : un Parti très peu « communiste »...
En effet ! Le personnel d'encadrement de la Worshop of the World est aussi peu ouvrier que celui d'une entreprise multinationale ou d'un parti "socialiste" de la IIème Internationale. Il a le même soucis des droits politiques et sociaux que le général Pinochet, la même conception du "dialogue social" que le fan-club de Margaret Thatcher... et c'est pour ça que le capital industrialo-financier l'aime.