Voici le témoignage poignant et digne d'Hanane, fille de Fatima Charrihi, première victime identifiée du massacre de Nice, recueilli l'autre jour par l'Obs...
« Mon père aimait beaucoup ma mère, c'était un amour inconditionnel. Et ça me fait de la peine quand je le vois tous les jours. Il ne comprend pas... Il ne comprend pas ! Il n'a même pas dit : "On m'a pris ma moitié", il m'a dit "On m'a pris"... Les gens, généralement, disent "ma moitié", lui il dit "On m'a pris, on m'a pris"...
C'était une maman aimante... Rien que le mot "maman", ça devrait tout décrire... Parce qu'elle avait vraiment son rôle de maman. Elle s'occupait de nous, elle nous a bien éduqués. J'estime avoir une bonne éducation. Elle était aimante, généreuse, très généreuse, très gentille... C'était une femme très gentille.
Le jour où on est allé déposer des fleurs sur le lieu où est décédée ma mère, on s'est fait agresser à deux reprises en l'espace de dix minutes... deux fois en dix minutes, je pense. Le temps de déposer les fleurs, un homme est arrivé et a dit : "on ne veux plus de ça ici, on ne vous veux plus ici". Donc, j'ai pas répondu du tout..
On était tellement choqués... En fait, c'est tout simplement de la méchanceté. Ces gens-là... Jepense qu'il y a de la colère en eux et ils cherchent un coupable. Et malheureusement, ils prennent le premier venu. Ma mère ne peut pas être une victime et une coupable à la fois, donc c'est pas possible.
On n'a absolument rien à voir avec ces gens-là [les terroristes], donc c'est pas à nous qu'il faut en vouloir. Il ne faut pas avoir de foi pour tuer des enfants... Prendre un camion de 19 tonnes le 14 juillet... C'est forcément qu'il y a des enfants. Ils sont émerveillés par les feux d'artifice. C'est joli, on aime bien voir ça, il fait chaud, on mange une glace... Voilà... Et pour prendre un 19 tonnes, c'est qu'il faut vraiment ne pas avoir de foi ! On ne peut pas dire que ces gens-là sont des musulmans. Mon message c'est "réfléchissez, voyez que ces gens-là n'ont rien à voir".
Là, en ce moment, c'est vraiment des sentiments de colère qui commnencent à prendre le dessus, des sentiments d'incompréhension. Parce qu'on ne comprend pas comment une telle chose a pu se passer. On était en plein état d'urgence... Donc, c'était pas normal, c'était bidon comme sécurité. »
Question : « Vous attendez des réponses aujourd'hui sur ce qui s'est passé ? »
« Oui, j'attends des réponses... Attendez, je veux surtout que quelqu'un porte le chapeau, que quelqu'un assume son organisation. Parce que ça ne sert à rien de se renvoyer la balle. C'est pas nous... C'est pas nous, c'est vous... Surtout que le maire, lui, se vantait de toutes les caméras. Il avait dit après Charlie Hebdo, je cite : "Les frères Kouachi n'auraient pas passé trois carrefours"... Mais avec une organisation comme ça, je crois que les frères Kouachi auraient fait trois fois le tour de Nice. »