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Billet de blog 18 août 2014

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Le moment d'investir dans le travail

Austérité et ignorance des compétences des salariés sont deux causes majeures d’un déclin industriel qui s’accélère et qui ruine tout espoir de redémarrage de l’activité économique. 

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Austérité et ignorance des compétences des salariés sont deux causes majeures d’un déclin industriel qui s’accélère et qui ruine tout espoir de redémarrage de l’activité économique. Des coûts salariaux qui seraient trop élevés, des marges en recul et qui ne permettraient pas d’investir pour monter en gamme, tout cela expliquerait l’inertie de l’offre qui ne répondrait ni à la demande intérieure ni à la demande étrangère…

Et si toutes ces assertions sans cesse répétées étaient erronées ? Elles inspirent les politiques publiques depuis longtemps avec des effets catastrophiques sur le potentiel industriel. Et pourtant, leur échec patent ne semble susciter aucune réflexion critique émanant de leurs auteurs.

Et si les explications du déclin industriel étaient ailleurs ? Dans les politiques de rigueur ou d’austérité ainsi que dans l’ignorance des compétences des salariés comme de tous ceux qui travaillent…

Les politiques d’austérité contractent, par définition, la demande et restreignent ainsi les perspectives de débouché des entreprises. Pire, leur généralisation enlise tout espoir de retour de la croissance et annihile toutes les décisions d’investissement… sauf celles qui concernent les pays émergents. La pression sur les coûts salariaux, quant à elle, empêche toute augmentation de la demande des ménages.

Au final, toutes les composantes de la demande sont en berne : consommation des ménages, investissement des entreprises, dépense publique, exportations. La récession ou pire la dépression devient inévitable. La concurrence généralisée des travailleurs aidant, les prix sont poussés à la baisse.

Le scénario désastreux d’un effondrement économique majeur gagne malheureusement en crédibilité.

Quant aux marges, parlons-en !

Si celles-ci sont faibles, c’est non parce que les coûts du travail seraient trop élevés mais parce que la demande est insuffisante.

Le lien qui est suggéré entre ce que serait le travail, -un coût qu’il faudrait réduire- et la difficulté à produire des biens et services à plus forte valeur ajoutée, est tout simplement erroné. Ce lien ne se réalise nullement via les marges.

Il est ainsi une question que les médecins Diaforus qui prônent l’austérité comme unique catéchèse et qui ne connaissent que la saignée comme seule médication, n’envisagent jamais : comment les entreprises pourraient-elles prétendre innover, monter en gamme en ignorant les compétences de leurs salariés ? Est-il envisageable de considérer les salariés comme une variable d’ajustement et, dans le même temps, demander à ceux-ci de s’impliquer, d’être innovants en donnant le meilleur d’eux-mêmes ?

Il est grand temps à la fois de changer de politique économique et de considérer le travail autrement que comme un coût.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.