On nous inonde depuis des années d’articles et de livres dénonçant la « dérive oligarchique » de notre Société. De fait, une telle dérive existe, soigneusement décrite par des observateurs attentifs, comme Sophie Coignard et Romain Guibert par exemple dans leur essai, « L’oligarchie des incapables », paru en 2012.
La « non-campagne présidentielle » en cours me donne l’occasion d’y revenir en (re)mettant en première ligne, sans pratiquement rien y changer, un commentaire que j’avais publié en octobre 2013 sur mon blog professionnel.
Dans un autre contexte, c'est vrai, mais qu’importe ! C’est toujours la même histoire...
Véritable menace pour nos « vieilles » démocraties, la dérive oligarchique accompagne (ou précède ?) depuis longtemps dans nos Républiques une dérive « monarchique » extrêmement inquiétante. Pas un jour sans que l’on nous dise que telle décision a été prise, va l’être ou doit l’être parce que « c’est dans le Programme du Président ».
On constate en permanence combien l’envahissante, l’omniprésente Oligarchie, synonyme de pouvoirs immenses concentrés entre les mains d’une toute petite minorité, défend en particulier les intérêts de l’Argent, de la Finance, grâce aux réseaux influents que dirigent des « personnalités » dont la principale caractéristique, au-delà de leur idéologie de façade, est d’appartenir à une caste, celle des « technocrates », souvent Enarques, cette fameuse « Enarchie » dont les médias assomment leurs lecteurs dans des dossiers récurrents sur « les lieux où s’exerce le Pouvoir »…
La M-Onarchie, c’est donc aussi, c’est même surtout la M-Enarchie…
Le problème est que la plupart de ceux qui nous gouvernent ou aspirent à le faire, issus des mêmes cercles, avec ou sans la légitimité que confère un mandat politique, sont fréquemment, quoi qu’ils prétendent, sourds aux préoccupations réelles de la population. Ils se montrent en revanche très inventifs pour imaginer des systèmes à leur image, compliqués, incompréhensibles, dont on constate qu’ils fonctionnent souvent fort mal (quand ils fonctionnent) et provoquent chez les citoyens de base, cette véritable Elite qu’ils ne connaissent généralement pas, au point de donner le sentiment qu’ils la méprisent ou l’ignorent, un mécontentement croissant, voire un rejet dont on se demande par quel miracle il n’a pas encore explosé.
Cela ne signifie pas pour autant que la déflagration redoutée soit repoussée aux Calendes grecques, car chaque jour qui passe voit le désordre se répandre et grandir, ouvrant la voie à tous les extrémismes et à l’Anarchie.
La M-Enarchie, ce pourrait donc être aussi la M-Anarchie ?
M-Onarchie, M-Enarchie, M-Anarchie : tyrannique et affligeante trilogie qui résume l’excès (et l’abus) de pouvoir d’une oligarchie arc-boutée sur ses privilèges, et ses effets désastreux dans une Société privée de repères, déboussolée, que l’on aimerait plus humaine et plus juste, à l’abri des profiteurs, des charlatans, des lâches et des voyous.
Rien à voir avec les élections présidentielles, direz-vous.
Evidemment non…