Comment contrer l’ignorance qui provoque la haine de l’autre et toute forme de racisme, de xénophobie, de sexisme ? Comment promouvoir la liberté de pensée et d’expression ? Un congrès mondial à Oxford a rassemblé des humanistes, libres-penseurs, athées du monde entier (1).
Une vidéo résume bien l’ampleur mondiale du drame de l’endoctrinement qui mène à la violence extrême : l’interview d’un djihadiste se faisant appeler Abdullah le Belge et qui utilise son jeune fils, encore un enfant, pour la propagande de l’Etat islamiste en Irak et au Levant (EIIL). Ce garçon affirme comme son père qu’il faut tuer les infidèles parce qu’ils tuent les musulmans. Un autre djihadiste affirme que les enfants comme lui sont la nouvelle armée qui va tuer les infidèles – tous les infidèles – d’Europe (http://www.rtbf.be/info/monde/detail_une-video-interpellante-d-un-enfant-belge-endoctrine-par-l-etat-islamique?id=8331647).
Voilà qui nous rappelle combien les enfants sont des proies faciles pour les extrémistes de toutes origines, de toutes religions. Souvenons-nous des enfants cambodgiens séparés de leurs parents par les fanatiques Khmers rouges – des communistes ultra radicaux - qui obligeaient la population à travailler jusqu’à la mort dans les campagnes « pures » des vices des villes, des enfants à qui l’on apprenait à espionner et dénoncer leurs proches qui osaient critiquer la dictature mise en place. Puis, on leur enseignait comment se battre, comment mettre à mort et torturer les opposants aux Pol Pot et autres dirigeants khmers rouge. Voyons encore les enfants de Corée du Nord singeant les marches militaires. Pire encore, les enfants soldats qui, dans diverses zones d’Afrique en guerre violent, tuent, torturent. Et nos actuels « djihadistes », dont des jeunes d’à peine 16, 17 ans, souriant en exhibant des têtes décapitées….
L’enfant est une proie rêvée pour les extrémistes, les fondamentalistes, les dictateurs qui voient en lui un être malléable, endoctrinable facilement, de la chair à canon peu coûteuse. Un être privé de droits, comme les femmes d’ailleurs, et que l’on peut sacrifier aux délires les plus horribles de notre histoire commune.
Il n’est donc pas surprenant que le célèbre scientifique proclamant haut et fort son athéisme, Richard Dawkins (https://richarddawkins.net), insiste fermement sur la nécessité de protéger les enfants des endoctrinements qu’ils subissent dans les écoles par le biais des cours de religion. « Un enfant n’est pas en soi catholique ou musulman ou appartenant à autre religion ; il est né de parents qui sont croyants ou non mais il doit pouvoir attendre l’âge de raison pour décider lui-même ce qu’il croit ou ne croit pas ». « Par contre, dit-il, connaître les religions fait partie de la culture des enfants, de leur insertion dans la partie du monde dans laquelle ils vivent. Ils doivent pouvoir lire la Bible comme Shakespeare. Il faut donc abolir l’école de la foi qui endoctrine les enfants, qui les labellisent de telle ou telle religion. Avec comme conséquence que l’on voit des enfants catholiques jeter des pierres contre des enfants protestants et vice versa. »
Richard Dawkins, en plus de ses livres mondialement diffusés dans lesquels il démontre la non-existence de dieu, soutient diverses initiatives comme une association d’ex-musulmans en Grande-Bretagne qui lancent un appel contre la barbarie du fascisme musulman, ou « clergy », une association très discrètes de prêtres et pasteurs qui ne croient plus en dieu mais souhaitent retrouver une profession, ce qui est difficile car en quittant le « piège de la foi » ils perdent tout au point de vue social et économique.
Le discours de Richard Dawkins est de mieux en mieux accueillis dans la population non seulement britannique mais mondiale car, selon des analystes des comportements religieux, de plus en plus de gens s’affirment non croyants, même au Moyen-Orient déchiré par des guerres où les religions ne sont qu’alibis pour des pouvoirs totalitaires. « Dans la « Bible belt » des gens se rassemblent et découvrent qu’ils ne sont pas seuls à ne pas croire. A ce propos, internet représente une force d’information et de mise en contact qui pousse des gouvernements islamistes à contrôler l’internet. Richard Dawkins n’hésite pas à déclarer que « la mort de la chrétienté est en vue » car en Grande-Bretagne, selon une enquête sérieuse menée dans les écoles publiques, le nombre de personnes se déclarant chrétiennes a considérablement baissé ces dernières années pour atteindre 54 %. Précision importante : selon cette enquête, beaucoup de personnes croient que le mot « chrétien » veut dire « bonne personne » et donc s’affirment comme telle !
Richard Dawkins précise aussi que l’athéisme est une position intellectuelle mais que l’humanisme est une position morale et politique, un rationalisme éthique qui a du mal à passer aux Etats-Unis notamment où l’athéisme est associé au communisme. Depuis McCarthy, c’est devenu un « mot sale » aux USA. D’où l’enjeu d’expliquer au nord-américains ce que cela signifie, sans provoquer l’agressivité. Ainsi, selon une enquête, 20 % des Américains seraient d’accord avec les notions de sécularisme, de non croyance mais seulement 2% avec le concept d’athéisme. De plus, le théisme est un big business aux USA, surtout depuis qu’un certain G.W. Bush avait déclaré parler avec dieu avant d’intervenir en Irak! (http://lci.tf1.fr/monde/2005-10/dieu-parla-bush-4901754.html)
Dans un contexte international dramatique, avec les massacres à Gaza et en Irak notamment, cette rencontre des humanistes venant du monde entier permet de mettre en avant le concept de laïcité en tant que de séparation des Eglises et des Etats, ce qui libère un espace de citoyenneté basé sur la liberté de pensée et d’expression et où peuvent s’établir de réelles démocraties mettant en œuvre les valeurs contenues dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Et ceci n’est pas un vœu pieux ! Mais bien une charte politique au sens noble du terme.
Le Congrès Humaniste Mondial s’est tenu à Oxford les 8, 9 et 10 août 2014. Il s’est clôturé par une « Déclaration d’Oxford sur la liberté de pensée et d’expression » que l’on peut lire sur le site de l’IHEU (http://iheu.org/oxford-declaration-on-freedom-of-thought-and-expression/)Sur le même site, on peut lire le remarquable discours de Wole Soyinka, prix Nobel de Littérature et qui a reçu le prix international d’humanisme 2014.