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Billet de blog 7 février 2022

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Pastiches Balzaciens

"La France a le plus profond respect pour tout ce qui est corrompu", affirmait Balzac dans sa Monographie de la Presse Parisienne. Le milieu germanopratin de Paris et Frédéric Beigbeder comme star littéraire, illustrent avec éclat la pensée balzacienne.

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Illustration 1
Illustration de la Monographie de la Presse Parisienne

Invité par Laurent Ruquier dans son émission “On est en direct” (France 2, le 5 janvier 2022) pour faire face à Edwy Plenel, qui présentait son dernier livre A Gauche de l’impossible”,  Frédéric Beigbeder, du haut de ses 200 millions d’euros (montant de sa fortune estimée par son  ami BHLévy, équivalente à la sienne à 10 millions d’euros près ), voulut lui expliquer les raisons de l'affaiblissement de la gauche. Selon lui, "la gauche a perdu un combat, celui du plaisir, de l’hédonisme, elle ne séduit plus. Pourquoi la gauche moralisatrice emmerde les gens, pourquoi elle ne fait plus rêver ?"   Évidemment, Beigbeder n’a jamais connu la pauvreté (il appartient à une famille de milliardaires) et, en bon dandy-fils-à-papa, il ne pense qu’à s’amuser. Or, quitte à être répétitif (“Inquisiteur” dirait Gérard Darmon, engagé par Ruquier pour jouer dans l’émission le rôle d’ “agressor”, sournois et vénéneux, de Plenel), on est bien obligé de se rappeler (n'en déplaise aux bourgeois gentilshommes de la scène parisienne qui traitent de Tartuffe ceux qui éprouvent de la compassion et de la solidarité pour les gens en difficulté) qu’en France il y a toujours des millions de chômeurs et que la pauvreté se voit partout à Paris, où des milliers de SDF dorment dans les rues couchés sur des cartons, rêvant de plaisirs sous les lumières de la Ville. Balzac exploserait de colère et de dépit en constatant que sa Comédie Humaine n’a pas servi à grand chose...

     Dans  Pamphlets Parisiens je fais la liste des personnages les plus représentatifs du milieu germanopratin, m’inspirant des journalistes caricaturés par Balzac au 19e siècle. Beigbeder, intellectuel prétendument d'avant-garde, mais étonnamment arriéré dans ses choix et dans sa pensée (Lettre ouverte à Beigbeder), apparait comme "le jeune critique blond", même s'il n'est pas très blond (ni jeune) :

Balzac : Le jeune critique blond

Le jeune critique blond a des amis qui lui chantent des hosannas continuels et qui partagent sa vie débraillée ; il dîne et soupe, il est de toutes les parties et de tous les partis, il fait un carnaval qui prend au 2 janvier et ne finit qu’à la Saint-Sylvestre ; aussi le jeune critique blond dure-t-il très peu. Vous l’avez vu jeune, élégant, passant pour avoir de l’esprit, ayant fait un premier livre -car toutes ces fleurs des pois littéraires ont, au sortir du collège, publié soit un roman, soit un volume en vers- et vous le retrouvez flétri, passé, les yeux aussi éteints que son intelligence ; il cherche une position et, chose étrange, il en trouve une : il est consul général dans le pays des Mille et une Nuits, ou, bravement établi, ni plus ni moins qu’un bonnetier, à la campagne, il a des propriétés. Mais, selon un mot de l’argot journalistique, il n’a plus rien dans le ventre, que l’impuissance, l’envie et le désespoir.

Pastiche intertextuel : Le jeune critique blond, bis

Il n'est pas nécessaire d'être blond pour être un critique blond, il y en a de fort bruns et poilus, comme Beigbeder. Il a des amis qui lui chantent des hosannas continuels et qui partagent sa vie débraillée; il dîne et soupe, il est de toutes les parties et de tous les partis (y compris le PCF, quand ses frasques l'exigent), il fait un carnaval qui prend le 2 janvier et ne finit qu'à la Saint-Sylvestre; aussi le jeune critique dure-t-il très peu. Vous l'avez vu jeune, élégant, passant pour avoir de l’esprit à la télé, ayant fait un premier livre -car toutes ces fleurs de pois littéraires ont, au sortir du collège, publié soit un roman, soit un volume de vers-, et vous le retrouvez flétri, passé, les yeux aussi éteints que son intelligence; il cherche une position et, chose étrange, il en trouve une comme directeur d'une revue porno-soft. Mais lui, selon l'argot journalistique, il n'a plus rien dans le pantalon, que l'impuissance, l'envie et le désespoir.

 Les autres sociétaires retenus dans les Pastiches Balzaciens sont aussi emblématiques des mœurs littéraires, pratiquement inchangées depuis deux siècles :

Le milieu Germanopratin

 Sociétaires

Bernard Pivot

Jean d’Ormesson

Pierre Assouline

Nathalie Crom

Luc Ferry

Pascal Quignard

Érik Orsenna

BH Lévy

Régis Debray

Florian Zeller

Angelo Rinaldi

Patrick Kéchichian

Patrick Besson

Patrick Poivre d’Arvor

Frédéric Beigbeder

       Le lecteur pourrait s’étonner de l’absence de Houellebecq, le clown triste du cirque germanopratin et grand copain de Beigbeder. Mais sans doute les autres sociétaires, même morts, s’opposeraient à son voisinage, ne serait-ce que pour des raisons d’hygiène. Donc, je l’ajoute dans un article à part :

Houellebecq ou la parole putanisée 

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