Si on écrivait des poèmes à l'Élysée, à Matignon ou à l'Assemblée, cela ressemblerait sans doute à ceci :
Sur mes discours politiques, j’écris ton nom
Quand j’évoque la République, j’écris ton nom
« Liberté d’expression »
Mais…
Dans les tirs de flashballs, les arrosages de manifestant.e.s au gaz lacrymogène et aux grenades à effet de souffle, les matraquages de migrant.e.s, j’efface ton nom.
Dans les textes de loi, dans l’article 24 qui ne menace « bien entendu, en rien » la liberté de la presse, j’efface ton nom.
Dans la dénonciation des intellectuel.le.s, chercheur.e.s et universitaires, la volonté politique de museler la recherche en sciences sociales, j’efface ton nom.
Dans les fermetures des librairies (commerces « non essentiels ») et des bibliothèques –le livre est un agent pathogène bien connu– j’efface ton nom.
Dans la précarisation des artistes, j’efface ton nom.
Dans la persistance à maintenir fermés cafés, cafétarias, et autres lieux d’échanges verbaux et de débats, j’efface ton nom.
Quand j’évoque la République, Liberté d’expression, j’efface ton nom…
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Pour développer plus loin la réflexion sur quelques manques de la discussion actuelle sur le concept de ‘Liberté d’expression’ – en tant que chercheure et enseignante, je propose un autre billet : « Et si on parlait un peu d’égalité d’expression ? », à lire prochainement sur mon blog.