Nous sommes nombreux voici quelques décennies à avoir pris des engagements contre le totalitarisme bolchevik, sur le modèle (rare) de nos pères qui avaient fait de même contre le fascisme ou qui en avaient souffert.
Nous avons essayé de ne pas utiliser de moyens détestables et y sommes en bonne partie parvenus. Certes, le succès économique des trente glorieuses en occident, les progrès technologiques, nous y ont aidés de manière décisive en nous dispensant de trop nous salir les mains. Nous avions du grain à moudre sans trop passer par la violence. Même si, benoîtement, nous pillions alors planète et tiers monde.
Nous avons été instrumentalisés par les cyniques et néo libéraux. Nous croyions défendre la paix et les acquis en matière sociale et de liberté avec l’Europe et l’ouverture au monde. Nous avons ouvert les portes aux tenants des marchés débridés qui ont hissé leurs mercenaires sur le pavois. Certains très pessimistes s'inquiètent même qu’ils abritent dans leurs banques et derrière leur déréglementation les agissements des mafias et tyrans planétaires. J'en suis. Les politiques, serviteurs de l’état, semblent avoir abandonné la cause collective pour le service exclusif de leur devenir personnel. L’opinion publique avec l’aide de médias indépendants, serait – elle un dernier rempart contre les atteintes des cyniques ? Mais pour quelles options alors ?
C’est un nouveau chapitre à ouvrir dans les manuels de science politique. C'est aussi un bon espoir teinté d'inquiétude.
Car voici une autre menace à prendre au sérieux à l'approche des temps de choix collectifs. Le nationalisme de rejet, la tentation autoritaire et liberticide tendent la main aux désemparés de la paupérisation. De bons diagnostics sur le dévoiement de la chose politique, la captation économique par une caste et les dérives hyper libérales conduisent de plus en plus d'entre nous à rejeter l'espoir européen. Des mouvances dangereusement populistes de tous bords jouent avec le feu.
Il faut d'urgence proposer la solidarité et l'équité comme voie d'espoir et dans ce cadre rendre à la collectivité son rôle régulateur et incitatif car hors d'elle personne ne semble plus s'en préoccuper réellement.