MOURIR LIBRE - APRES JUPITER CE SOIR DU 13 AVRIL
Depuis vingt à trente ans nous sommes gouvernés principalement à raison d'objectifs financiers.
Aussi nous sommes nous progressivement dépourvus des moyens collectifs matériels de lutte contre nombre de maux séculaires de l’humanité : pauvreté, santé, vieillesse, sécurité, aliénation de libertés fondamentales comme communiquer, aller et venir. J’en passe. Les castes dominantes s’étant libérées du besoin d’y recourir en captant les moyens de leur autonomie.
Il fallait, jurait-on « dégager de la valeur pour l'actionnaire, supprimer les stocks, travailler dans l’urgence et flux tendus, délocaliser à la quête du moindre coût à court terme, affecter le gros des résultats du travail de tous à la spéculation financière pure, consommer des produits vains massivement. Il fallait accroître la flexibilité, capacité très cultivée là où l’on a les relations, ressources et patrimoine nécessaires, dénommée précarité ailleurs. Il convenait d’affranchir les premiers de cordée de leur devoir de solidarité en leur épargnant l’impôt. Enfin, on nous convainquit de leur remettre les rênes de nos sociétés pour mieux siphonner la terre de ce qu’elle ne pouvait déjà plus offrir ».
Comme les autres, les systèmes de santé des pays les plus industrialisés furent ainsi démunis face à un virus nouveau mais somme toute pas beaucoup plus mortel que celui d'une grippe classique à condition d'être équipé à hauteur.
Ce qui n'était plus le cas.
Faute de lits, de tests, de masques, de personnels en quantité suffisante pour les raisons sus évoquées restait le confinement pour éviter la panique et les émeutes et conséquemment pour les dominants, d’avoir à rendre les clefs des palais. D'autres pays, avec ces moyens ont réduit la profondeur et la durée de la purge.
Le remède s’avère désormais aussi toxique que le mal. Pire en réalité car il a en outre bloqué la machine économique, précipitant par surcroît la survenue de la crise financière larvée. Laquelle sera, au passage, épongée au motif de la nécessaire relance de l’économie, par la collectivité entière. Ces gens savent partager les pertes, pas les profits.
Ce qui n'aurait pas été nécessaire avec un appareil sanitaire et social doté de stocks et de moyens en locaux et personnels. L'essentiel de l'économie eut pu continuer, les populations étant protégées et soignées sans panique.
Désormais il faudra boire la coupe jusqu'au bout et elle sera amère.
Déjà, les plus démunis d’entre nous n’ont plus les moyens de nourrir leurs enfants.
Déjà des personnes isolées de mon entourage sont désorientées et tirent le diable par la queue.
Déjà on entend dire qu’on confinera encore des mois les plus âgés au motif de les protéger. Les improductifs aussi.
Or ces groupes ne sont pas plus contagieux que les bambins ou les soutiers de l'économie s'ils ont masques et tests et corps médical de proximité en quantité suffisante et protégé lui même. Ne serait-ce pas pour infléchir la courbe de la fréquentation des services hospitaliers ? faute de pouvoir ni surtout vouloir les renforcer vraiment ?
Qui disposera du droit de libérer ou de contraindre encore ?
Les mêmes qui nous ont conduits où nous sommes ?
Jupiter nous éclaira-t-il ce lundi soir à ce sujet ?
Je suis aussi assez désespéré. Car si je resterai soumis aux règles édictées là où j'habite, je n'ai pas confiance dans ceux qui aujourd'hui les édictent.
Septuagénaire, je suis aussi en colère car quitte à le faire, j’aimerai mourir libre.
Or, de tout cela et des leçons à en tirer, hier soir, il n'en fut pas question