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Billet de blog 20 juin 2020

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TEMPS DE TRAVAIL - ON VA ENCORE S'ECHARPER

Réduire le temps de travail c'est possible. D'ailleurs nous n'y couperons pas, au besoin hélas via le chômage .

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J’étais dans les entreprises comme consultant RH lors de la mise en place des 35 heures.
Voici mon avis de terrain corroboré du bout des lèvres et off dans les grands groupes après tant de cris d’effroi.
Pour eux, ce fut au pire neutre et dans la plupart des cas un jeu gagnant-gagnant avec les salariés. Les surcoûts ont été épongés par les aides et les gains de productivité induits par la souplesse d’organisation liée à l’annualisation du travail.
C’était d’ailleurs une vieille revendication des ingénieurs pour optimiser l’utilisation de l’outil de production et la corrélation avec les flux de la demande. Certes, ce fut compliqué, objet de négociations longues et chronophages et cela bouscula bien des habitudes. Céder un peu de terrain à un gouvernement de gauche, blessait l’amour propre de certains dirigeants patronaux de l’UIMM, même contre compensation. Ils voyaient des chars russes partout. Alors que les moins émotifs d’entre eux surent composer sans pertes, au contraire, j’en témoigne.
Les grandes centrales syndicales ont ralenti le jeu en jouant comme d’habitude à tirer la couverture plus haut et plus vite que raisonnable pendant les mises en place, concurrence électorale oblige. C’était le rituel classique d’une négociation, mesquin, dérisoire et souvent contre-productif.
Avec nombre de mes confrères consultants nous avons joué le rôle de facilitateurs pendant le temps de la mise en place. En fait notre fonction a consisté surtout à éclaircir et apaiser les esprits. Les grandes structures auraient pu gérer seules, mais aveuglées par le dépit elles ont souvent fait appel à nous. Nous avons contribué à accélérer l’accouchement et à mutualiser les expériences.
Pour les PME le virage fut plus délicat en matière d’organisation. On a moins de souplesse d’organisation à 2, 5 ou 10 qu’à 500 ou 20 000, quoi qu’il y paraisse. Pour elles, les contreparties qui rendirent l’affaire juteuse aux grandes entreprises fut moins évidentes à obtenir. D’autant plus lente à se faire jour que les résistances psychologiques des dirigeants et salariés fut plus vive, poujadisme pour les premiers, sensation d’isolement pour les seconds assorties de craintes pour l’emploi. Ici encore l’exemple des premiers à franchir le pas a rassuré le gros de la troupe puis on n’en entendit plus parler.
Seuls quelques politiques y affutent encore leurs couteaux sous le regard bienveillant des entreprises. Mais elles ont fait en sorte qu’on ne touche plus aux assouplissements issus de l’annualisation ni aux avantages annexes. Contre financement des campagnes électorales et autres contrats de prestation de service à quelques cabinets d’avocats. On parle alors de donateurs du premier cercle, n’est-il pas ?
En 2020 la réduction du temps de travail refait surface à travers les travaux de la convention sur le climat.
Déjà on effraie Margaux en évoquant la baisse des revenus qu'il y aurait à consentir en cas de partage du travail. De toute façon les revenus vont baisser, qu'ils soient salariaux ou d'épargne et j'espère aussi d'héritage hors du raisonnable. Comme je crains qu'il en soit purement et simplement traité par mise au rancart du chômage d'une masse de nos concitoyens. Malthus et la mondialisation obligent. Soit on attend le coup de massue de la baisse inégalitaire violente du revenus collectif disponible avec les troubles sociaux qui vont avec, soit on agit pour limiter son impact. Mais il faudra partager la pénurie. C'est dur pour ceux qui ont beaucoup de partager, il est vrai.
Reste la question de la dignité que tout un chacun trouve dans le travail.
On criera à l'impossibilité de le faire, sauf à s'isoler par des barrières douanières inacceptables par la communauté internationale. Or existe  d'autres moyens que les barrières douanières si on y répugne.
Aussi, les comités Roosevelt préconisent notamment d'utiliser une part des fonds du chômage pour assurer la transition vers plus de partage du travail en compensant, contre embauche, les surcoûts pour les entreprises et/ou les baisses de salaires.
Et puis, nombre de secteurs sont à l'abri des foudres des marchés internationaux : santé, bâtiment, services, maintenance, recherche, agriculture de proximité, loisirs, formation … De plus, même l'Allemagne, sommet de l'intelligence économique, modèle inatteignable du sens civique travaille moins que nous. C'est dire
Les plus conservateurs chez qui il convient de gagner son pain à la sueur de son front et si possible, plutôt celui des autres vont pleurnicher. Mais c'est une autre histoire, quoique.

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