Le président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (Didier Migaud) s'inquiéterait du peu d'empressement des gens du pouvoir à lutter contre la corruption.
Naïf ou complaisant ?
Depuis des décennies nos dirigeants savent car ils sont issus de milieux et de professions informées, voire complices, bénéficiaires ou instruments mêmes des corruptions. Je pense aux cabinets d'avocats spécialisés, aux experts comptables et cabinets d'audit, et à l'ensemble des dirigeants du milieu bancaire et immobilier principalement qui interviennent dans les pratiques en cause.
Car ils sont liés culturellement, socialement et économiquement à ceux qui ont les moyens de corrompre et les fonctions dans lesquelles on peut l'être. Il dinent avec, participent aux mêmes cercles, montent conjointement les dossiers et font de l'essentiel de leur vie sociale un tissu relationnel fort avec ceux qui sont in fine leurs pairs.
Car ils sont tenus de se taire et de poursuivre pour avoir prêté la main à ces opérations de loin ou de près. Or un "bon" corrupteur garde des dossiers pour se protéger ultérieurement mais aussi pour pousser à la réalisation de nouvelles opérations du même ordre ceux qui pourraient se repentir.
Ils partagent une double idéologie de la liberté absolue de disposer de son bien et d'entreprendre à raison de ses intérêts personnels. Leur égo est tel qu'ils confondent leur réussite avec le bien public. C'est ainsi qu'ils trouvent du charme à la croissance mesurée en termes purement financiers et baptisent d'optimisation fiscale ce qui est prévarication et refus de solidarité avec le plus grand nombre.
Car ils sont enfin eux mêmes responsables du caviardage des institutions et règles de contrôle en qualité de législateurs comme de membres de l'exécutif. J'évoque ici la misère de la justice, des services publics de contrôle, les lois et règlements truffés d'excuses absolutoires aux pratiques perverses en matière fiscale, écologique et sanitaire, la privatisation et le sabordage des services publics, le dépeçage du tissu industriel. Je dénonce enfin la perversion néo libérale du projet européen à laquelle ils participent depuis des lustres.
C'est simple mais les médias de Bolloré n'en parlent pas. Et pour cause.
Ils ne changeront rien d'essentiel dans ce domaine.