Les affaires, révélations de Wikileaks, des policiers sont pris à racketter des délinquants, des pseudos médecins détournent les fonds d'une association caritative, révélations d'egos outragés, bévues, pataquès, ratés, dénégations suivies d’aveux mous et contradictoires engendrent un flot de protestations. : Certaines, rares, sont interrogatives : « où est la vérité ? ». Certaines y trouvent la preuve d’une duplicité indigne et s’en prennent à la personne. « Voyez ce pelé, ce galeux ! ». D’autres encore, militantes en tirent des conclusions confortant leurs opinions : « Ce gouvernement est un ramassis de nervis du capital et de l’industrie ». "Ces gens de gauche vident les caisses pour ....". Les tenant du secret professionnel des juges se sentant trahis y voient la mainmise d'avatars du bolchevisme. Les tenants de la bienséante de classe y voient une trahison.L'extrême droite ressort son classique "tous pourris". D’autres enfin, plus synthétiques, mêlent plusieurs des précédentes.
A l’opposé, d’autres tirent des conclusions radicalement inverses : « Il n’y a pas de preuves, laissons faire la justice avant d’accuser ». Et de rappeler les affaires Fontanet et Bérégovoy en dénonçant la presse irresponsable. « Comment s’en prendre de manière aussi indigne à la personne ! Cela rappelle les procès staliniens ». « Ces accusations sont suspectes car partisanes. Elles sont le fait de ceux qui cherchent à prendre le pouvoir en salissant par tous les moyens ».
Ce n’est pas si simple et ce n'est pas tout
Ces deux types de réactions ne sont pas typiques de la droite ou de la gauche. On y trouve des gens de tous les côtés, mais avec plus de discrétion par solidarité de clan pour adhérer aux unes et aux autres. L’extrême droite souffle, elle, sur toutes les braises. Avec plus de discrétion dans les parages des élections présidentielles, la perspective de l'accès au pouvoir pour d'aucunes poussant à la mansuétude.
Match nul dirons-nous pour aujourd’hui afin de ne pas paraître trop partisan.
Par-delà la morale : le vrai danger c’est l’inconséquence
C’est la critique qui devrait rassembler et qui reste dirimante, au-delà de la morale : la dangerosité de l’inconséquence de nombre de personnalités, participant au pouvoir public, à la direction d'entreprises, d'associations ou de services régaliens et ayant trempé dans des affaires condamnables.
Pour un politique, un gouvernement, tout dirigeant en somme, elle frise l’incompétence. L’image de soi comme individu fiable et conséquent est fondamentale pour la carrière certes mais surtout pour le succès des projets qui l'ont fait élire. Car enfin, comment ont-ils pu se mettre dans de tels draps ?
Comment ont-ils pu en arriver à détériorer et leur image personnelle et celle du camp qu’ils représentent en mettant en danger l’avènement des projets qu’ils défendent ? Comment ont-ils pu se laisser aller à de telles confidences sur leurs projets (expl : "Un seul mandat puis des sous ...[Sarkozy - 2006]" ). Comment on-t-ils pu prendre le risque de discréditer la justice à fin d’arrondissement de fin de carrière ?
Font-ls les mêmes "bévues" dans d'autres domaines plus sensibles ?
Juste en parlant d’efficacité, ces gens sont à licencier car ils sont plus qu’incompétents, mais disqualifiés :
On n’apprend assurément pas ou pas bien à Sciences - po, à l’ENA mais aussi dans nos écoles de commerce ou dans les séminaires de management que les compromissions, les mensonges, sont comme l’arsenic, un poison qui laisse des traces.
Oublie-t-on que les contre - pouvoirs, même fragilisés par le népotisme et la baisse des moyens secrètent des anticorps, dont les fuites, les révélations, les indiscrétions ? Mais apprend-on aussi que ces anticorps peuvent être développés par la plupart des citoyens des pays démocratiques ? Et qu'ainsi il est vain de vouloir les interdire parce que les citoyens sont trop nombreux.
On a vu que négliger les risques de fuites relève de l’incompétence grave car ils sont infinis et universels. Le meilleur remède serait la prévention par renonciation aux compromissions pour des gens compétents. On dit encore : ne pas prêter le flanc à la critique. C'est possible, certains y arrivent.
Petit inventaire des causes et origines des fuites salutaires
Les bavards ne sont pas toujours animés d’altruisme républicain. Ils règlent aussi des comptes personnels.
1. Espoir déçu de carrière :
« Les candidats soutenus par les autres passent avant pour les promotions, alors je dénonce …»
2. Sentiment d’iniquité :
« Leurs contraventions sautent et ils s’en vantent alors … je divulgue"
" Il a un logement car il colle les affiches du maire … je le fais savoir»
3. Constat de favoritisme insupportable :
« Le dossier de permis de construire de X sur la frange littorale passe tous les obstacles, tout le monde se tait, j’en peux plus … »
« Il a une brigade de CRS pour le protéger, lui, ça me fait hurler… »
4. Valeur profonde atteinte :
« On ne traite pas des gens comme ça, je vais dénoncer ses turpitudes à ce salaud… »
5. Constat choquant de détournement de biens publics :
« Le jet privé pour aller aux Antilles, les cigares, emplois fictifs de tous bords, ont bien dû heurter quelqu’un qui l'aurait fait savoir, si les services compétents étaient restés muets… »
6.Constat de contournement des règles :
Cf l’affaire de la vente du terrain de l’hippodrome de Compiègne qui a bien dû heurter un agent du cadastre ou un membre d’office notarial !
Un ingénieur provençal ne supporte plus de voir passer des dossiers caviardés et entreprend d'informer ses concitoyens. Faute de presse locale indépendante et de justice locale libre, il crée un site.
7. Amalgames troublants trop rapides parfois mais légitimes comme un quasi réflexe
« Comment ! Le bouclier fiscal ! Ils gagnent tellement que je trouve scandaleux les sommes remboursées». "
8. Constat de gabegie :
Cf l’affaire des stocks de vaccins HN1, la vente du patrimoine industriel national, privilèges corporatistes onéreux,
9. Jalousie, envie, torpillages politiques :
Cherchez !
10. Batailles pour les directions d'entreprises para-publiques, pour obtenir l'attribution de circonscriptions électorales lors des investitures, pour un poste ministériel même croupion, une invitation à dîner, les truandages admis par la hiérarchie pour les gens du service d'à côté ...
11. Pressions trop fortes :
« comment ! ma hiérarchie me demande oralement d'enterrer un dossier d'instruction ! j'ai pourtant prêté serment du contraire ! à qui dois je être fidèle ?
On a vu le pire sous l’occupation en matière de dénonciation lorsqu'un voisin lorgnait un appartement, un amoureux éconduit réglait sa rancœur, un bigot œuvrait à la gloire de son dieu ...
Tous ces motifs plus ou moins ragoutants d'indiscrétions conduisent à rejeter les fuites et à les condamner comme certains refusent l’antibiotique parce qu’il peut donner des coliques. Je ne partage pas ce choix. Car nombre de ces critiques rentrent dans la catégorie alibi. Ellespermettent le rejet systématique de toute fuite sous prétexte de protéger la liberté via la présomption d'innocence. Or le silence prive les autres citoyens du droit de demander des comptes. Or ces derniers sont l'imense majorité.
Qui balance ? Important car nous sommes potentiellement nombreux …
Dans le désordre qui stocke des dossiers ? :
• Le rival politique et ses partisans
• La maîtresse, l’amant, les époux trompés
• Les hypocondriaques du favoritisme
• L’infirmière partant en retraite qui transmet les copies des rapports confidentiels d’erreurs médicales aux patients mal traités.
• Le secrétariat qui collectionne les lettres d’intervention
• Le DRH qui fit de même avec celles de l’évêque, du député, du maire, du préfet, du parti, du directeur de production avec qui il est par ailleurs en guerre…
• Le maître d’hôtel pourtant surpayé de l’héritière qui enregistre les conversations, sur ordre ou de son propre chef (Ah Chabrol ! pourquoi nous as-tu quitté ?)
• Le sous-marin en service commandé.
• Celui qui pense que cela pourra toujours servir lors de son prochain prud’homme
• Le transfuge qui prépare son retour au bercail.
• Le traitre qui veut prouver sa future fidélité et ainsi n’arrive pas les mains vides.
• Le policier républicain qui reçoit l’ordre de raser un camp de Roms mais vient de lire un ouvrage sur la rafle du vel-div. et la docilité d'une partie de la police d’alors.
• Le comptable qui voit passer les factures de champagne entre celles du consultant qui prépare le prochain plan de restructuration.
• L'écrivain dans l'âme qui prend des notes quotidiennes, "pour plus tard".
• La lettre de mon ami, qui conte à sa sœur comment il a été invité à l’Elysée pour une cérémonie de remise de médailles de la francophonie, lui qui ne lit que des revues professionnelles horticoles, Ils comprendra sur place avec d’autres, qu'ils ont été invités en raison de leur adhésion commune au MEDEF, pour meubler la salle .
• L’imprimeur du sous sol de l’établissement public qui fait tourner sur sa machine offset l’invitation au cocktail du club local de boxe présidé par le Président élu de l’établissement public, lequel vient de licencier son adjoint pour raisons budgétaires.
• L’adjoint du maire qui a constaté que celui-ci recevait des cadeaux importants des commerciaux des groupes de collecte et traitement des déchets, d’adduction et de traitement d’eaux …
• L'ex favorite qui se voit refuser une circonscription, l'ex dirigeant viré qui jalouse son successeur et hait son mentor, l'ex transfuge placardisé qui ne supporte pas sa solitude ...
• Ceux du service d'à côté qui ne disposent pas des mêmes possibilités de profiter "d'occasions" d'arrondir les fins de mois ...
On arrête là, c’est assez triste. Mais l’ampleur des pratiques détestables, leur généralisation et leur ancienneté n’enlèvent rien au caractère dangereux des pratiques dénoncées à tort ou à raison par les fuites.
Si les dénonciations sont calomnieuses, nous avons la chance d’être dans des pays de droit où la justice peut corriger, dans lequel on peut répondre et où l’on n’enferme plus sur des présomptions légère depuis 1945, à l'exception de quelques jeunes à casquette. Pour l’heure, ces fuites offrent des avantages supérieurs aux inconvénients réels qu’elles portent comme outil de limitation des excès, légèretés et illégalités. C’est un autre débat. Mais l'on retiendra que la violence faite à l'obligation de réserve vaut peu face aux dégâts de la loi du silence après avoir lu les inventaires qui précèdent.
Nous traitons ici de ceux qui n’en tiennent pas assez compte dans la gestion des fonctions publiques qui leur ont été confiées . Ce faisant, ils se rendent coupables d’inconséquence en s’affaiblissant eux-mêmes.
Les gens de la finance, plus fiables ? Voire
Ils balancent moins, bien qu'ils sachent l'essentiel, les fonds en cause transitant par leurs guichets ... Savoir est pour eux un puissant moyen de pression. Sachant, ils sauront le moment venu demander le prix de leur silence avec la bienséance qui leur sied.
Aussi, le politique qui fraude se met-il à leur merci et partant à leur service, pieds et poings liés. Il se disqualifie pour une fonction publique pour cause de conflit d'intérêt contraint désormais.
C'est une des raisons fortes de la montée du libéralisme ambiant, par delà l'économie.
Mais alors pourquoi trouve-t-on encore des responsables qui n’ont pas assez peur des fuites pour cesser leurs errances ?
Parce qu’un ensemble de facteurs psychologiques, politiques, économiques et institutionnels le permettent et sont modelés et améliorés pour le permettre.
A - Une carrière politique est désormais assimilée comme identique à une carrière privée et cette pratique tend à s'appliquer aux postes supérieurs de l'administration. on en attens des revenus comparables ce qui suppose de passer les limtes ...
Elle n'est plus essentiellement l’acceptation de contraintes au service d’idéaux contre le seul prestige et une mince rémunération. Ceux qui n’ont pas accès aux statuts de dirigeants de grands groupes privés, colonisent l’état puis s'efforcent de le tailler selon leurs ambitions personnelles. En conséquence on entend voir appliquer aux subalternes publics la même obligation de discrétion qu'en entreprise. Or l'enjeu n'est pas le même et la loi a prévu l'obligation de dénoncer les pratiques condamnables à tout fonctionnaire qui en aurait connaissance.
B - L’obsession du court terme est une autre cause.
D’abord avec l’accession au pouvoir, les occasions se multiplient mais il faut faire vite, un mandat est bref et aléatoire. Certains, persuadés de leur sacrifice et dévouement à la chose publique, pensent en toute bonne foi « compenser » ou de manière plus limite « profiter d’occasions qui ne dureront pas toujours". On compare avec les patrons du privé qui font bien de même et mieux (cf notre Président de 2005 à 2012 qui le disait publiquement en matière de rémunération) ». Les plus avancés, encore rares en France heureusement et pour la plupart connus, liés à des milieux interlope, y trouvant une voie originale à la recherche d’impunité et d’opportunité de business (Cf : l'Italie Berlusconienne). D'autres enfin, plus bas dans la ligne hiérarchique voient dans ces pratiques, de manière légitime à leur point de vue, le moyen de compenser des rémunérations jugées insuffisantes dans des carrières trop lentes.
C - Le mépris :
C’est dit en privé par l’élite avec un geste qui dit « hélas » comme pour obtenir absolution : « Ils ont bêtes, ils ne comprennent rien » « Ils n’ont pas besoin de savoir et puis c’est trop complexe ». C’est un langage aristocratique qu’on entend dans tous les pays depuis des siècles. Les jésuites qui s’occupaient de la formation d’enfants de l’élite expliquaient bien les privilèges comme récompense terrestre d'une mission quasi divine confiée à une élite, précisément. C’est aussi la théorie du pieux mensonge. Ces idées ont toujours cours. L'abus de la langue de bois "Pour parler clairement" traduit le peu de cas qui est fait du citoyen par ceux qui sortent des mêmes séminaires de communication. Cela fait le lit de la perte de confiance et du discours du « tous pourris ».
D - L'universalité :
Un ami d’Afrique du nord m’expliquait que les hauts murs des maisons patriciennes servaient certes à isoler les femmes de la convoitise mais aussi à cacher au peuple les processus de décisions, les liens de caste. Il avait, il est vrai, une réputation sulfureuse auprès de la dynastie au pouvoir.
E - La croyance dans la veulerie des subalternes :
Certes on se méfie des « petits » car il est arrivé qu’ils fassent des crocs en jambe. Mais globalement on a vérifié que la tendance à la tension sur le marché du travail les rendait prudents, momentanément. Cela rassure et donne de l’assurance. D'autres illustrations : l’affaire du jeune motard ivre sur les Champs Elysées en mars 2009 dont le père a pensé obtenir le silence des gardiens de la paix en se réclamant de son statut de proche du Pouvoir. Cela a fini par sortir… en septembre 2010. Les confidences présidentielles à Mme Lauvergeon à l'heure de la séduction sont ressorties à l'heure de la quête du pouvoir ... cherchez et observez bien.
F - L’orgueil donne confiance :
Il conforte celui qui se trouve du charisme : « ils me suivront parce qu’ils m’admirent, on peut leur faire confiance » CF Berlusconi, Tapie ...
G - Le cynisme que certains appellent la connaissance des hommes :
Tend à faire chercher autre part que dans le comportement irréprochable, les moyens d’éviter les fuites : « Je les tiens, ils sont là grâce à nous (ou moi), j'en sais beaucoup, j’ai des dossiers ». Hélas pour l’orgueilleux, eux aussi.
H - L’envie ou le prêt d'ambitions :
« Il veut un marocain, une retraite chapeau, un statut, les ors de la république, une médaille, une sinécure, un échelon, donnons les lui contre quelques gages (courrier, compromission, photo, subvention, donation, contribution, adhésion, information…) »
I - Le pouvoir :
« Il a peur que je le vire, il se taira, envoyons lui un contrôle fiscal, il viendra demander de l’aide". " Fais lui savoir qu'il va se retrouver en Guyane s'il continue à répéter qu'il n'est pas d'accord ..."
J - Le verrouillage par carnet d'adresse :
Avec notre ami au ministère, (au syndicat, à la Loge, au Lyons, à la Chambre, ...) on ne risque rien, il sait convaincre ou au pire jouer la montre. En outre avec le textes en préparation sur le raccourcissement de la prescription nous nous couvrons ». « Il sait très bien faire trainer les procédures, je l’appelle … »
K - Le bricolage des règles, la déréglementation internationale libérale :
« On va museler les juges d’instruction ». Cf les tentatives de 2010. " Tout de même ce brigand de Berlusconi, il est fort !"
L - L’affaiblissement des contre-pouvoirs :
« Autorisons la presse gratuite, envoyons nos amis assainir les rédactions, menaçons d’alourdir la fiscalité, discréditons les médias, multiplions les procès coûteux, réduisons les subsides aux organismes de statistiques gênants d’étude et de contrôle, supprimons l’histoire des programmes scolaires, diminuons le nombre de postes d’inspecteurs de tous poils, … »
Lisez la presse rare mais encore indépendante, sortez des grands médias populistes, lisez les entrefilets, les exemples sont quotidiens.
Conséquence négatives sur l’indépendance et donc la capacité à gouverner
Répétons-le, même si la morale peut trouver son compte dans cette réflexion, c’est uniquement en termes d’efficacité qu’elle ne souffre pas de critiques sérieuses. C’est parce qu’elle affaiblit celui qui se livre à ces pratiques d’autruche qu’elle les disqualifie pour se voir confier des responsabilités publiques, régaliennes et de direction d'entreprise.
Voici notamment pourquoi :
Perte de crédit :
Celui qui est entré dans le jeu se trouvera découvert immanquablement et perdra son crédit auprès d’une frange importante de l’opinion.
Rejaillissement du discrédit :
Celui-ci fait à cette occasion pâtir son mouvement, son gouvernement, la nation, l'entreprise et les idées qu’il défend du même discrédit (voir les avis US sur Nicolas Sarkozy et d'autres). Ce n’est pas pour rien que l’on voit des gens fuir les photographes lorsqu’ils sont en compagnie de gens « brûlés ». Disons que faire défendre le libéralisme par un Madoff serait fâcheux. Poser aux côté du Pape avec Bigard peut gêner. Quid du dossier des retraites en septembre 2010 ?
Je te tiens par la barbichette :
Celui qui s’est compromis est à la merci de qui l’a compromis et d’une partie de son entourage qui sait et peut le faire savoir. Il devra un jour recommencer, contraint. Combien faudra-t-il payer pour qu’il s’affranchisse de cette dette ? L'engrenage coûte cher et persiste sans fin.
Qui a bu boira :
Celui qui a failli sera enclin à son tour à proposer des services du même ordre ou à en solliciter puisqu’il vient d’un monde dans lequel cela fonctionne, où c’est une norme admise. Il y a même des cours sur l’entretien et le développement des « réseaux » dans les meilleures écoles. Certains font même profession de leur entregent sous couvert d’expertise et/ou de mise en relation commerciale (Fillon/Poutine)
Du communautarisme à tous les étages
On appelle cela aussi de la solidarité de classe, mais là on frise l'irrévérence et la grossièreté crypto marxiste si ce n'est que toutes les classes sont concernées. Mais lorsqu'elles sont au bas de l'échelle on les appelle communautés et c'est presque un gros mot. Dans certains salons, dans les comités d'engagement des banques, lors des congrès et séminaires celui qui n’y trempe pas est considéré ouvertement comme un benêt risible.
Le piège du silence :
Celui qui n’a rien dit s’est piégé lui-même : Car le silence vaut parfois complicité passive. C'est le cas pour des agents publics ayant connaissance de faits délictueux. Celui qui l’a constaté vous tient désormais. Pour qui roule-t-il dès lors ?
Celui qui participe renforce le système et tend à le protéger : Bien que parfois un repenti craque. Mais c’est trop rare et aléatoire pour contraindre à court terme à ne pas faillir. Ceci explique le succès planétaire des comportements dont nous traitons.
La contagion :
Celui qui en tire profit devient modèle pour d’autres. Hélas, le succès des revues « people » dans lequel la valeur se compte à l’aune du tissu relationnel en apporte la démonstration. Le métier de trader est fortement valorisé aux yeux d'une partie grandissante de nos jeunes gens dans les meilleures écoles. On se vante en France d'avoir des relations suffisantes pour faire sauter les contraventions routières. Dès la cour de récréation l'antériorité de la faute de l'un autorise la faute de l'autres. C'est vrai aussi chez les adultes.
Ceci conduit à
La pente savonneuse ou : des conséquences des dérives individuelles sur le devenir collectif
Comme tout finit par se savoir et que c’est bien dangereux, il va falloir faire le nécessaire pour que ça dure, éviter l’écroulement du château de carte, et l’on va, à droite comme à gauche et à peu près dans l’ordre suivant :
1. S’accrocher au pouvoir par des voies démocratiques tant que les sondages sont favorables
2. Sinon on va commencer à renforcer les verrous (refonte du système électoral pas exemple)
3. On va travailler l’opinion avec les conseillers marketing et les médias proches
4. On verrouillera ensuite les médias dissidents
5. On procédera à des détournements d’attentions de l’opinion : groupes minoritaires désarmés, étrangers, Europe, technocrates (hélas il n’y a plus de bolcheviks présentables et le Yankee n'est plus très dangereux). Parfois même on ressuscitera l'ennemi héréditaire d'outre Manche ou d'outre Rhin, voire le péril jaune après l'islamisme.
6. On pourra sacrifier quelques mercenaires désignés comme coupables : petit juge, policier maladroit, trader, second couteau.
7. On séduira quelques transfuges avec leurs fidèles.
8. Localement on pourra bricoler les urnes ou acheter des électeurs
9. On se ménagera des sorties dans les groupes privés « amis » peu regardants et tout autant à court terme..
Le lecteur attentif a saisi que l’on sortait alors du cadre démocratique. Globalement nous en sommes là, en France, avec des porosités dans les phases suivantes.
Après, ce sont des méthodes tyraniques universelles (Menaces, huile de ricin, procédures arbitraires, saisies, interdictions, disparitions ...)
Croisons les doigts.
Pourquoi écrire tout ceci ?
Nous sommes nombreux voici quelques décennies à avoir pris des engagements contre le totalitarisme bolchevik, sur le modèle de nos pères qui avaient fait de même (rares) contre le fascisme ou qui en avaient souffert. Nous avons essayé de ne pas utiliser les mêmes moyens détestables et y sommes en partie parvenus. Le succès économique des trente glorieuses en occident, les progrès technologiques, nous y ont aidés de manière décisive en nous dispensant de trop nous salir les mains. Nous avions du grain à moudre sans trop passer par la violence. Même si benoîtement nous pillions alors planète et tiers monde.
Nous avons été instrumentalisés par les cyniques et néo libéraux. Nous croyions défendre les acquis en matière sociale et de liberté avec l’Europe et l’ouverture au monde. Nous avons ouvert les portes à l'hyper libéralisme et aux tenants des marchés débridés qui ont hissé leurs mercenaires sur le pavois. Certains très pessimistes pensent même qu’ils abritent dans leurs banques et derrière leur déréglementation les agissements des mafias et tyrans planétaires. Les révélations de Wikileaks et d'autres le confirment.
Les politiques, serviteurs de l’état, semblent avoir abandonné la cause collective pour leur devenir personnel, L’opinion publique se nourrissant de fuites, avec l’aide de médias indépendants, reste un dernier rempart contre les atteintes des cyniques.
C’est un nouveau chapitre à ouvrir dans les manuels de science politique.
De l’obligation de respecter les normes supérieures :
Article 28 de la loi 83-634 :
« Tout fonctionnaire, quel que soit son rang dans la hiérarchie, est responsable de l'exécution des tâches qui lui sont confiées. Il doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l'ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. Il n'est dégagé d'aucune des responsabilités qui lui incombent par la responsabilité propre de ses subordonnés. »
Il existe des limites au devoir de réserves et la loi a prévu l’outil permettant aux agents publics de demander un arbitrage s’ils ont des doutes :
"Article 40 du Code Procédure Pénale
« Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs. »
Où l’on voit l’intérêt pour l’exécutif de verrouiller la nomination des procureurs. S’opposer à cette manœuvre consiste ainsi à assurer les libertés publiques en donnant aux agents publics les moyens de faire appel d’ordres violant la légalité et l’intérêt public. Si ce rouage est grippé et que les corps intermédiaires tels les syndicats, corps d’inspection, hiérarchie sont défaillants ou complices : restent les fuites … pour alerter l’opinion publique