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Billet de blog 22 août 2021

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SOMMES NOUS EN REGIME DE DICTATURE ?

La paupérisation, la dispersion de l'opinion publique faute de projet unificateur, l'absence fiable d'un pouvoir honnête laissent mal augurer de l'avenir. Certains parlent inconsidérément de dictature. Même s'ils ont raison d'être circonspects, ils usent leur énergie dans des combats stériles. Trop peu s'inspirent des politiques menées après 29 et après guerre.

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Illustration 1
REPRESSION © gaetan

J'en connais qui disent se sentir en dictature ces temps-ci  :

Certains n'expriment (mal souvent) que des craintes. Merci pour leur vigilance et leur prudence cependant. Ils gagneraient en crédibilité à préciser leurs propos. Différentier l'hypothèse, la tendance, de la certitude par exemple.

D'autres souhaiteraient un autre ordre que l'ordre actuel et l'affirment péremptoirement. Je ne suis pas certain que ce qu'ils proposent soit plus réjouissant ni crédible.

Ils gagneraient à nuancer leurs propos pour les rendre moins inquiétants. Car la culture historique et politique a appris à beaucoup à être circonspect.

J'ai connu ainsi pas tout à fait guéris, et connais encore, tout aussi inquiétants, les ayatollahs maoïstes, les adeptes forcenés du soviétismes, des croyants fermes dans l'au delà et ses vertus consolatrices, les pros intransigeants du taylorisme ou de son avatar le reporting , les dévots du veau d'or de la finance et leurs mercenaires politiques, les aliénés de la consommation et les marketeux qui vont avec, les cyniques du thatchérisme, des nostalgiques des corporations mués en syndicalistes en peau de lapin, les mystiques de la création de valeur pour l'actionnaire, une poignée d'intégristes ascétiques et adeptes du retour maréchaliste à la terre bio-écolos, des anarchistes inconséquents, des émules éblouis de Bernard Tapi puis de Musk ou consorts et leurs thuriféraires jupitériens premiers de cordée cupides et enfin j'ai croisé quelques aristocrates revanchards notamment en Vendée ou au Figaro. Je passe sur l'avatar islamophobe hystérique de Maurras qu'on nous offre en 2021. 

Tous, s'ils invitaient à venir à leurs thèses, espéraient surtout amener autrui à adhérer à leurs valeurs, affects, culture et mode de comportement. Tous m'ont fait peur in fine, trop assurés qu'ils sont de leurs vérités pour rester longtemps démocrates. 
Tous ceux que je viens de décrire regroupent peu d'effectifs mais tiennent le haut du pavé.

Enfin j'ai supporté avec empathie le grand nombre,  une palanquée largement majoritaire de baby-boomers somme toute heureux et de dépressifs tous en burn-out. Ceux-là ne craignaient pas la dictature, réclamant ordre et sécurité et vendant leur suffrage à qui en propose. Ils sont désormais adeptes de la consommation, séduits par les démagogues et xénophobes. Quant aux victimes de la paupérisation, ils ne votent plus et ont perdu leurs relais politiques

Tous portaient une part de vérité, parfois de sincérité, fut elle égocentrée, de l'espoir ou du désespoir, c'était selon. Une bonne partie ont au moins flirté avec l'idée "qu'une bonne dictature" réduirait bien des tensions et mettrait un peu d'ordre, leur ordre.

J'ai cédé parfois, pas compris toujours, accompagné aussi, écouté, fait confiance parfois mal à propos, contredit de moins en moins fréquemment et sans grand succès toujours.

Je crois que les gens du Conseil National de la Résistance, pour avoir su ce qu'était la dictature, avaient passé les bons compromis, tant économiques que sociaux entre eux et pour nous, comme Roosevelt le fit ailleurs. Ils avaient su vaille que vaille fédérer les énergies. Mais leur démarche déplait aujourd'hui aux nantis et puissants Comme faute d'incarnation crédible aujourd'hui elle ne mobilise pas les énergies des foules.
Sans être encore en dictature nous sommes effectivement mûrs pour un régime autoritaire après un temps indéterminé de bien plus grands troubles que les quelques escarmouche d'aujourd'hui cyniquement instrumentalisées par les candidats à l'exercice de l'autorité. 

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