Il y a de cela une quinzaine de jours, je m'amusais à prédire dans un fil de commentaire que lorsque Mélenchon serait en passe d'accéder au second tour, on le rendrait responsable de la guerre en Ukraine.
Eh bien voilà, nous y sommes : c'est sous la plume de Dominique Vidal, dans son billet de blog du 11 mars intitulé : " Pourquoi je vote et appelle à voter pour Fabien Roussel", titre mal choisi puisqu'il eût été plus honnête d'écrire : "Pourquoi je ne vote pas et appelle à ne pas voter pour Jean-Luc Mélenchon".
Car M. Vidal, que l'attitude pro-nucléaire, pro-chasse, pro-patronale de Fabien Roussel, ainsi que sa récente affaire de soupçon d'emploi fictif ne semblent pas effaroucher plus que cela, se focalise essentiellement sur ses raisons de ne pas donner sa voix au candidat de la France Insoumise. Et la cause la plus grave est à ses yeux la suivante : Mélenchon aurait eu une "responsabilité historique" dans la décision prise par Poutine d'envahir l'Ukraine.
Il faut se frotter les yeux et relire la fin de son argumentation pour y croire : la "complaisance" de Mélenchon à l'égard de Poutine a été une "erreur tragique" pour les Ukrainiens1. Autrement dit : jamais au grand jamais, à l'en croire, Poutine n'aurait envahi l'Ukraine si Mélenchon ne l'y avait encouragé depuis des années ! CQFD.
M. Vidal peut bien se faire plaisir en votant pour Fabien Roussel. Ce dernier n'ayant, sauf miracle, aucune chance d'accéder au second tour, les catégories sociales les plus défavorisées de notre pays attendront encore un peu avant de voir leur sort s'améliorer. Mais elles sont patientes : elles sauront bien trinquer pendant cinq ans de plus, après la victoire de Macron ou de l'extrême-droite. Vraiment, cet enjeu-là de l'élection n'est somme toute que très accessoire, et bien éloigné de ce que M. Vidal considérerait comme une "responsabilité historique".
1Avec ce type de raisonnement, nous pourrions aussi soutenir que M. Roussel a eu une "responsabilité historique" dans le déclenchement de la guerre en Ukraine, lorsqu'il affirmait sur BFM en 2019 qu' «à un moment donné, quand il devient évident que la situation en Crimée s’améliore, ainsi que celle du Donbass, où un cessez-le-feu a récemment été observé, nous devrions nous engager dans la voie de la levée des sanctions. À mon avis, nous devrions revenir à l’état antérieur des relations commerciales et lever les sanctions contre la Russie ».