La gravité du moment imposait à la gauche de prendre de la hauteur sur ses petites guerres d’ego et de partis. Il était temps « d’arrêter les conneries », de se réunir autour d’un projet à même de mobiliser la société et de transformer le pays. Ce qui a eu lieu en un temps record est remarquable, à la hauteur des enjeux et laisse entrevoir une victoire.
Surtout qu’alors que l’union se faisait à gauche, les LR plongeaient en plein psychodrame avec l’affaire Ciotti (toujours en cours), les petits bourgeois racistes de Reconquête se chamaillaient, et la Societe civile lançait sa mobilisation contre l’extrême-droite.
Et sont tombées deux nouvelles assourdissantes, révoltantes : la purge de Mélenchon et le retour d’Hollande.
L’inattendu retour d’Hollande, le fossoyeur de la gauche
Après l’épuisant quinquennat de Sarkozy, l’arrivée d’Hollande au pouvoir fut un relatif soulagement pour « le peuple de gauche ». Il déclarait que son ennemi était la finance, et nous sommes nombreux à y avoir cru… avant d’être sévèrement déçus par les nombreux renoncements, la loi travail, les débats stériles sur la déchéance de nationalité, Valls et consorts. A titre personnel, je me suis juré de ne plus jamais voter PS. Et vu le score du parti ces dernières années, je ne suis visiblement pas le seul.
La candidature de François Hollande peut difficilement être vue autrement que comme une farce. Qui peut sérieusement croire qu’il se reconnaisse dans le programme du NFP ? Qu’il partage les aspirations de changement profond qui anime les gens, lui qui est un pur représentant du système, n’a jamais travaillé de sa vie et n’a pas particulièrement semblé préoccupé par la question environnementale ? Qui peut sérieusement croire qu’il jouera au député modèle et ne cherchera pas à reprendre la main ? Est-ce qu’il ne se voit pas déjà comme unique premier ministrable en cas de victoire de la gauche et si le PS est majoritaire ? Ou dans tous les cas présidentiable naturel en 2027 ? A part quelques postures et un peu moins d’autoritarisme, qu’est-ce qui sépare Hollande et sa bande (de Cazeneuve a Delga, en passant par Le Fol) de macronistes soft ? Est-ce qu’Hollande se rend compte du rejet qu’ils suscite ? Et que sa candidature serait incapable de mobiliser les électeurs et signifierait l’arrivée au pouvoir du RN ? Ou est-ce qu’il est trop aveuglé par son ego et son envie de revanche sur le petit Macron ?
Forcer son retour dans un tel moment est consternant d’opportunisme et, disons-le, de médiocrité. Et on en arrive à souhaiter qu’il perde les législatives pour qu’il nous fiche enfin la paix.
Mélenchon continue de décevoir et justifie une partie des critiques à son encontre
Si on m’avait dit quelques mois avant l’élection de 2017 que j’allais voter pour Mélenchon, je n’y aurais pas cru. Mais je me suis reconnu dans son programme, qui était pour moi le seul à prendre en compte ce qui me semblait capital : la transition écologique, la lutte contre le fraude fiscale et les inégalités, et l’importance d’avoir des services publics performants au service de la collectivité.
J’avoue ne jamais avoir vraiment pris au sérieux les procès sur sa personnalité « clivante ». Sans doute étais-je une peu aveuglé par ses dons oratoires, la dynamique populaire autour de ce programme fédérateur, et la qualité des élus LFI a l’Assemblée Nationale. J’ai été touché par son discours après sa défaite aux présidentielles. Son « faisez-mieux » sonnait comme une volonté de laisser la place à une nouvelle génération, tout en faisant de lui une figure tutélaire à la fois omniprésente et lointaine, un mentor qui saurait conseiller sans prendre la lumière. Au nom de l’intérêt général. Mais c’était sans doute bien mal le connaître.
Les nouvelles sur la nomination de Quatennens et la purge orchestrée contre ceux qui ont eu l’outrecuidance de s’opposer à lui est à vomir.
Alors que tous les efforts doivent se concentrer sur l’union et le programme, il est évident que les médias n’auront de cesse à revenir à cette purge, qui alimente tous les reproches qui sont fait, à tort ou à raison, à son encontre. Il ne pouvait ignorer l’effet repoussoir de ces décisions. Alors pourquoi ce sabotage volontaire ? Pour montrer qui est le chef ? A moins qu’il ne préfère que la gauche perde plutôt qu’elle ne gagne avec quelqu’un d’autre que lui sur le trône ?
Avec ces décisions minables, Mélenchon a montré à tous s’il n’était pas à la hauteur de ce moment historique. Et qu’il n’est plus digne de confiance. Comment peut-on prôner la 6eme République et avoir un tel comportement autoritaire ? Je crois toujours au mouvement et à son programme, mais je me pense désormais incapable de mettre un jour un nouveau bulletin Mélenchon dans une urne.
Mais alors, qui ?
Hollande et Mélenchon sont incapable de faire l’union autour d’eux. Mais alors, qui ? Est-ce que la gauche peut rester unie ? L’expérience de la NUPES a montré qu’il y avait dans chaque parti trop d’individus prêt à faire passer leurs petites ambitions personnelles avant l’intérêt général. Trop de gens vont devoir se bagarrer pour les mêmes postes.
La solution est sans doute double. Une personnalité issue de la société civile en premier·ère ministre, et un nouveau parti de gauche à l'organisation complètement démocratique pour la présidentielle. Et pour l'avenir.
PS : en PM je propose Julia Cagé ou Claire Nouvian !