Que dirais-tu, Ronsard, de voir jetés à bas
autour du monde entier nos forêts et nos bois ?
Et toi, grand Georges, chantre des tableaux bucoliques,
qui pleurait ton vieux chêne abattu par la clique
des égoïstes sans conscience, mesquins ingrats
insouciants des sévices soufferts par leur proie ?
Et ce sont ces gens-là qui d'un ton sans réplique
racontent qu'il leur faut être pédagogiques
avec les va-nu-pieds, troubadours sans ressources
qui estiment vital de revenir aux sources
et de remettre à plat nos us et nos pratiques,
et pour leur donner sens, d'avoir du sens critique.
Les nymphes qui vivaient dessous la dure écorce
on n'en voit plus le sang lequel dégoutte à force...
Les voix de la nature sont aujourd'hui étranges
à ceux pour qui l'humus n'est guère que de la fange,
ceux qui rentabilisent, rêvent d'actions en bourse,
écrasant le vivant sous leurs engins féroces.
L'industrie monstrueuse dévore prés et bocages.
Cette ogresse boulimique mord tout son entourage,
elle s'accapare tout, pensant tout régenter,
mythomane perverse, infantile et gâtée.
Dans sa croissance aveugle elle étend ses ravages,
répand mort et désolation en héritage.
Nous sommes saturés d'horizons bétonnés,
des gadgets commerciaux gavés à satiété.
Nous voulons simplement vivre avec la nature,
en paix avec nous-mêmes retrouver nos cultures,
vivre libres, et prendre le temps de respirer,
retrouver le goût du sauvage, et la beauté.
Gdalia, fin octobre 2014.