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Billet de blog 3 février 2016

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Audit général

Nous devrions organiser l'audit général de la société, réaliser tous ensemble les études factuelles et les bilans qui ne sont jamais tirés de tout ce que produit notre société matériellement et humainement, et agir en conséquence pour inaugurer une ère nouvelle où vivre bien...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Selon l'OMC (organisation mondiale du commerce) et nos gouvernants énarchisés la prospérité se mesure en termes comptables de commerce extérieur et de balance des paiements concurrentiels entre pays, et ils privilégient l'exportation et son profit financier avant de satisfaire les besoins des habitants sur place. Ainsi les multinationales ne cessent de s'enrichir de façon obscène en dégradant notre environnement. Les humains se multiplient, mais partout sont détruites ou polluées à une vitesse et dans des proportions effrayantes des zones de cultures vivrières et de biodiversité, pour bétonner comme à Notre-Dame-des-Landes ou installer des monocultures intensives invasives épuisant les sols mais rentables aux « investisseurs ». La confusion entre richesse et finance et les rapports de force installés nous poussent à ravager toujours plus le terreau même qui nourrit nos vies, des vies qui pourraient pourtant être belles et bonnes. Ceci au mépris du plus élémentaire bon sens et à l'encontre de la volonté et des moyens de vivre de la majorité dite silencieuse et pour cause : par tous les bouts y compris en prétendant représenter un électorat de qui l'on n'attend que des chèques en blanc, on la dissuade de donner son avis et bien sûr d'avoir accès aux décisions !

Quel sens donnerà nos activités ? L'emploi subordonné est-il une valeur transcendantale par quoi nous aurions à justifier nos existences, autrement supposées négligeables, quel que soit l'impact mortifère de cet « emploi » ? Doit-il nous advenir par la condescendance de « capitaines d'industrie » séduits par la flexibilité de nos échines, sales gosses égocentriques et prédateurs qui nous concèdent à grand peine le luxe de jouer pour eux les coolies de bas étage, regrettant le « coût du travail », trop lourde « charge » à leurs yeux alors que des dividendes pourraient encore être grappillés ? Ou bien le travail doit-il être le fait d'hommes libres recherchant leur propre bien-être et celui de leur entourage ? Le pouvoir colossal donné aux ultra-riches par les politiques à leur service de nous imposer les choix décisifs de société pour nous et pour les enfants de nos enfants est un abus de pouvoir, vecteur d'inégalités croissantes dans l'injustice la plus sordide.

 Où cela mène-t-il ? D'après Oxfam la hausse des richesses depuis l'an 2000 s'est répartie en 1 % pour la moitié la plus pauvre de l'humanité et 50 % pour les 1 % les plus riches. En 2015 les 62 plus riches milliardaires possèdent autant (1.760 milliards) que cette moitié la plus pauvre, qui a perdu plus de 1000 milliards $ depuis 5 ans. Et on continue à nous parler de croissance nécessaire à d'hypothétiques retombées ! De qui se moque-t-on ? En France les 10 % plus riches ont capté 54 % de l'augmentation des richesses depuis 15 ans, 12 % des travailleurs sont précarisés et 800.000 pauvres s'ajoutent à ceux de 2008. Près de 9 % des personnes dites « actives » en Europe sont pauvres, et leur pourcentage a augmenté constamment depuis 10 ans. Les gains des travailleurs ont chuté de 12 % dans la presque totalité des pays, alors que la productivité augmente. Aux USA, le salaire horaire n'est majoré que de 8,7 % tandis que la productivité nette gagne 72,2 % entre 1973 et 2014. Mais 54 % vont aux PDG et consorts des grandes firmes, et les revenus du capital (dividendes, intérêts et bénéfices non distribués des sociétés) gonflent allègrement. En 2015 un milliardaire raflait en moyenne, en intérêts seuls, plus de 5 millions $/jour. Allègements d'impôts et évasion fiscale « optimisent » encore les retours sur capitaux. L'investissement privé dans les paradis fiscaux a quadruplé entre 2001 et 2014, et 7.600 milliards $ au moins seraient actuellement détenus sur des comptes offshore., pour autant que l'on puisse détecter les fonds cachés dans ces milieux opaques.

Les infos n'arrêtent pas de déverser leurs catastrophes successives : au hasard, le projet de remise en fonction de 2 centrales nucléaires belges aux cuves fissurées qui nous menace d'un nouveau Tchernobyl - où rien n'est réglé pas plus qu'à Fukushima...

Ce mode de vie atteint un tel niveau d'absurdité que les résistances et initiatives émergent partout en particulier au plan local. Pour écraser cette formidable aspiration au pouvoir de vivre et vivre bien, les dirigeants nous asservissent par la dette (multipliée artificiellement par des décisions politiques), lot des ex-colonies et ce par quoi la Grèce sert de laboratoire avancé, et nous soumettent par la force armée ou déclarations et actes de guerre. En France le gouvernement veut prolonger l'état d'exception dit d'urgence au prétexte de lutte antiterroriste, assignant à résidence des écologistes et autres opposants tandis qu'une justice de classe condamne des syndicalistes de base à la prison et exonère les patrons de leurs obligations. D'ailleurs le gouvernement ne travaille-t-il pas à « simplifier » le code du travail ?

Quand ôterons-nous à cette caste dominante sa monstrueuse capacité de nuisance et de perversion ? La vraie richesse n'est-elle pas de vivre libre, dans un milieu propice à la santé : terre fertile, air pur, eau vierge de pollutions, bonne nourriture, chacun pouvant cultiver et exprimer ses talents en paix, dans l'entraide et la coopération plutôt qu'en compétition exacerbée, dans une abondance suffisante sans démesure ni gaspillages vecteurs de dégâts insensés ?

Nos « décideurs » ont l'art de poursuivre et aggraver leur politique sans jamais réaliser de bilans publics sérieux et honnêtes quant aux résultats de leurs choix. Nous sommes au contraire abreuvés de propagande. Cela se comprend car de fait, au nom de notre bien, ils servent non pas l'intérêt public mais les intérêts privés dominants présentés comme ceux du pays. Nous devrions organiser l'audit général de la société, réaliser ensemble les études factuelles et les bilans qui ne sont jamais  tirés de tout ce que produit notre société matériellement et humainement, et agir en conséquence pour inaugurer une ère nouvelle où vivre bien, dans le respect mutuel de nos libertés et de nos différences, et dans le respect de la vie en nous inscrivant dans la nature et non pas contre elle, car nous en sommes partie intégrante, dans une bienveillance solidaire les uns envers les autres, dans la compréhension que nos intérêts vitaux et ceux des générations à venir sont liés, interdépendants et non pas opposés, et selon une organisation à inventer et à mettre en place pour permettre cela, qui interdise toute confiscation de pouvoir et tout abus des uns sur les autres.

Gdalia Roulin, 1er février 2016.

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