A qui appartient la décision ? La question détermine le caractère démocratique ou non d'une société. En démocratie le pouvoir est exercé par le peuple, les citoyens étant égaux entre eux, et une personne = une voix. Chacun étant appelé à choisir. Non pas à élire des politiciens imposant leurs vues à la multitude. Il s'agit de mettre les projets successifs sur la table et de voter pour choisir ceux qui seront retenus, et exécutés sur mandats définis et impératifs, dans le temps suffisant et nécessaire déterminé ensemble.
En se gardant surtout de donner à quiconque le pouvoir sur d'autres. Au contraire, dès qu'une tâche donne du pouvoir, il importe que les responsables soient tirés au sort et que leur mandat soit délimité et révocable. Et la majorité, fut-elle éclairée, ne doit pas empêcher des minorités de réaliser leurs propres expériences, tant que celles-ci ne contreviennent pas aux principes fondamentaux d'intérêt général énoncés dans le nouveau contrat social, qui sera issu de la délibération de tous. Nous pouvons instituer des assemblées de base rassemblant quelques milliers de personnes, échelle qui permet la délibération politique, dont nous avons à faire l'apprentissage. Instaurer la démocratie dans les institutions et dans la production, ce qui représente des changements radicaux. Organiser des circuits courts, avec des solidarités coordonnées à plus grandes échelles. Le système de compétition forcenée que nous subissons doit être aboli pour organiser l'entraide et la coopération mutuelle. Retrouvons l'amour du travail utile et bien fait, de l'acte juste, efficace. Tel l'enfant qui joue à sauter à la corde et qui se plaît à sauter longtemps au bon moment.
Il est primordial que les décisions soient prises en connaissance de cause, qu'une information complète, claire, honnête soit accessible et garantie à tous, que les connaissances soient exposées, toutes les idées en débat diffusées et les arguments variés entièrement développés, les divergences étudiées, les bilans tirés. Il suffit de le vouloir et c'est possible. Aucune époque auparavant n'a eu tant de moyens de communication. Le statut des médias doit être refondé et dégagé de l'emprise des requins financiers qui les exploitent aujourd'hui. Au lieu d'être instrumentalisés par une propagande éhontée et des publicités débiles, phagocytés par tel ou tel intérêt privé, public ou commercial, ils doivent devenir sources de renseignements et de culture. L'obligation de transparence doit remplacer les secrets industriels ou d'affaires, qui empêchent de juger des nuisances souvent mortifères engendrées par des pratiques visant les profits financiers d'une caste parasite, à l'opposé du bien-être général. (Tandis que la vie privée serait respectée, contrairement aux dispositions liberticides actuelles). Nous devons réapprendre le temps long nécessaire à la réflexion et pour tirer les leçons des expériences, émerger enfin de l'aliénation qui nous pousse à une boulimie gaspilleuse d'objets aussi vite jetés que « possédés » et au zapping compulsif. Et sortir des amalgames et impuissances qui nous font perdre de vue des valeurs essentielles. Faisant partie intégrante de la nature dont nous vivons, il s'agit d'en tirer avec sobriété nos ressources en préservant ses capacités de reproduction. Polluer doit être interdit. Le commerce des armes aussi. C'est un crime. Les armes doivent être uniquement défensives et non au service des despotes.
La démocratie représentative existe depuis la première révolution anglaise, reprise en France puis aux USA. Elle se calque sur le fonctionnement de la royauté. Monarchie et aristocratie (aristos : meilleurs) sont héréditaires, les « représentants » tirent leur légitimité de scrutins très encadrés, de sorte que nous ne pouvons pas voter pour dire ce que nous voulons vraiment. Les campagnes électorales ne sont que joutes publicitaires, l'heureux élu régnant au mépris de sa parole aussi creuse soit-elle. Notre soi-disant « élite » dirige selon des modalités aristocratiques, et nous devons abolir ces privilèges si nous voulons établir une société plus juste où chacun trouve sa place agréablement, et puisse développer le meilleur de ses potentialités dans des échanges paisibles, pour le plus grand avantage de tous.
Aujourd'hui nous voyons le gouvernement maintenir un projet de mise en servage de la classe laborieuse, texte qu'il veut passer en force malgré une énorme opposition citoyenne et contre le parlement à coups de 49-3 réitérés, avec une mobilisation sociale déterminée depuis 4 mois, qu'il cherche à écraser par tous les moyens dont la violence qui fait de nombreux blessés graves.
Comment qualifier un régime qui, au lieu de se baser sur nos avis, ce qui devrait être normal, au lieu de nourrir des relations rationnelles et bienveillantes avec la population, maintient contre elle un bras de fer dans une tension croissante qui cherche à nous épuiser, à nous terrifier, qui humilie, nous agresse et va jusqu'à mutiler ceux qui ont la conscience et le courage de manifester pour le bien collectif ? Un seul individu et sa petite clique décident du bien et du mal pour 67 millions de personnes et prétend nous réduire à l'esclavage sans que nous disions rien ? Il leur arrive même d'oser décréter des lois rétroactives, l'arbitraire le plus complet ! Car comment respecter une loi avant son adoption ? Où est le contrat social ?
Il est grand temps de changer les règles du jeu et les institutions qui les accompagnent. L'expertise en matière de choix politiques est toujours un abus, le pouvoir doit être partagé entre tous, ainsi il pourra servir les intérêts solidaires de la collectivité et de tout un chacun.
Gdalia Roulin, lundi 4 juillet 2016.