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Billet de blog 6 janvier 2018

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Boursicoter ou vivre ?

L’écart est catastrophique entre les dérisoires engagements des États pour réduire le réchauffement climatique, et la gravité de la situation qui exigerait un changement radical et général de pratiques en particulier au plan économique qu’il faut délivrer des emprises financières. Nous inspirer sérieusement des civilisations respectueuses de la nature serait un vrai progrès.

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L’ONU relève « l’écart catastrophique » entre les engagements de la COP21 et leur traduction concrète.

Mi-novembre 15.000 scientifiques alertent sur les dommages irréversibles causés à la planète, modeste écho au discours du chef Seattle en 1854, qui déjà structurait sa parole sage pleine de profondeur et de poésie autour du respect dû aux rivières, à l’air, à la terre, aux animaux et végétaux, disant : « Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous. […] L’homme blanc traite sa mère la terre et son frère le ciel comme des choses à acheter, piller, vendre […]. Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui que désert. […] La vie de vos villes fait mal aux yeux de l’homme rouge. Mais peut-être est-ce parce que l’homme rouge est un sauvage et ne comprend pas. […] Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait d’une grande solitude d’esprit. Car ce qui arrive aux bêtes arrive bientôt à l’homme. Toutes choses se tiennent. Nous savons au moins ceci : la terre n’appartient pas à l’homme, l’homme appartient à la terre. Cela nous le savons. […] Tout ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre. […] Contaminez votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus ».

Or non seulement notre civilisation bétonne, tue et déforeste à tour de bras, mais elle envahit l’écosystème de toxiques qui vont de produits chimiques agressifs aux nanoparticules sans oublier le nucléaire (qui sera un jour classé parmi les crimes les plus graves contre l’humanité si quelqu’un est encore là pour en parler) les « normes » admises ne tenant aucun compte des cocktails explosifs des divers poisons répandus.

76 % de la biomasse des insectes volants a disparu depuis 1989 d’après une étude réalisée en zones protégées ! Imaginez le résultat avec une référence plus éloignée dans le temps !

Depuis 25 ans 29 % des mammifères, reptiles, amphibiens, oiseaux et poissons se sont éteints. Cela menace l’existence de l’écosystème. La quantité d’eau potable disponible par tête a diminué de 26 %. Le nombre des zones mortes dans les océans s’est accru de 75 %. Nous perdons des millions d’hectares de forêts convertis à l’agriculture intensive. Les incendies se multiplient (Portugal, Espagne, Canada). Les ouragans sont de plus en plus cataclysmiques. Le réchauffement provoque désertifications, exils (25 millions de réfugiés climatiques déjà) et guerres, sources elles-mêmes d’énormes pollutions...

Les émissions de CO2 dans l’atmosphère sont repartis à la hausse en 2016 et 2017. Les températures moyennes du globe montent. Assis sur notre foi aveugle dans le progrès, le machinisme et la croissance sans limite, l’industrialisation du monde y compris de l’agriculture dans un ordre dit « libéral » nous mène à notre perte. Prôner la croissance économique est une absurdité. C’est l’ubris tragique dont la Grèce ancienne dénonçait déjà la folie.

Contrairement au lyrisme de la com, les décisions de M. Macron & Cie à la solde des lobbies industriels et financiers nucléaires et autres restent dans un cadre insoutenable.

Et repousser l’arrêt des 23 réacteurs français sur 58 qui dépasseront 40 ans d’âge d’ici 2022 est prendre un risque criminel. Un seul ex. : le 9 novembre un nouvel « incident significatif de sûreté » touche la centrale de Paluel en Normandie : équipements de refroidissement en panne pour cause de rouille ! Ce défaut de maintenance connu depuis des mois touche la plupart des centrales françaises. Mais le nucléaire continue d’absorber les milliards (10 déjà en 2017) aux dépens des énergies renouvelables. Tout en supprimant des emplois : -10.000 en 10 ans.

Plus les humains se multiplient, plus les pollutions croissent mécaniquement, mais la cause décisive du cauchemar en route se trouve dans l’emprise des puissances d’argent sur nos sociétés, le système de production délirant qui fonde nos modes de vie où la gabegie est à l’honneur avec l’obsolescence programmée et l’ère du tout jetable, où la question de l’utilité du travail n’est pas posée, mais soumise à l’impératif de rentabilité financière dans un contexte de compétition forcenée.

Loin du secret des affaires promu par le pouvoir, il vaudrait mieux que chaque fabricant démontre a priori sans dérogations possibles l’innocuité de son produit pour l’environnement au lieu que les consommateurs abusés doivent prouver les nuisances subies, y compris concernant des médicaments.

Les traités de libre commerce signés alors qu’il serait judicieux de relocaliser, aggraveront considérablement la situation par les coups portés aux indépendances alimentaires et avec leurs tribunaux d’arbitrage privés.

L’urgence est à la mise en œuvre du respect de la vie. Il importe de changer nos pratiques mortifères individuelles, et plus encore de reprendre à la base le contrôle politique de la production économique, d’en redéfinir les objectifs en ôtant ce privilège à ceux qui ne sont mus que par la recherche de leur profit privé, et de créer des instances de régulation écologique internationales.

Gdalia Roulin, lundi 20 novembre 2017.

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